Le mot de la fin...

Tout a une fin, comme cette série de lettres web qui signala presque chaque semaine pendant une douzaine d’années l’évolution et les nouveautés de ce site, L’Etoile est son histoire. Tout avait commencé en 1991, lorsque je recherchais la généalogie de ma famille Lancel, dont le plus lointain ancêtre connu, un Claude Lancel né vers 1660, habitait L’Etoile. Pour remonter plus haut dans ce XVII^e siècle j’avais jugé utile de consulter les archives de cette commune. Mais bien vite, en regard de la masse de documents consultés (sans trouver aucun autre membre de ma famille...), il m’a semblé beaucoup plus utile de relever l’histoire de tout ce village de L’Etoile, plutôt que d’une famille, fut-elle celle dont est issue la Société des Bagages Lancel ayant pignon sur rue à Paris !

Bien vite l’idée de publier un livre motiva mes recherches. Mais la rencontre de Jacques Fouré à Bouchon, lequel avait commencé un petit site sur le web naissant me fit aussitôt abandonner le projet papier pour une nouvelle option, numérique. Alors professeur de mathématiques, mes compétences me permirent de réaliser rapidement un site attractif, en même temps qu’il me permettait de ne pas attendre de tout savoir sur L’Etoile avant de publier !

Le succès fut quasi immédiat et fulgurant ! Aussitôt des internautes que je n’aurais jamais connus autrement se sont mis à alimenter le site. Pascal Moinet propose un original inédit sur un procès du Fief des Marais après la Révolution. Danièle Lejeune apporte tous les documents de son grand-père, ancien instituteur de L’Etoile. Jacky Hérouart, ancien maire de L’Etoile, accepte timidement de communiquer sa collection de cartes postales avant que de fournir à lui seul la part la plus importante de tous les documents du siècle dernier !

Dès juillet 2004, le site est repéré et classé « Mémoire d’Or » dans l’annuaire de France des sentiers de la mémoire. Entre 2004 et 2005, le nombre de visiteurs passe de 621 à 6622. Le site témoigne du passé, il innove aussi. En 2010 une étudiante italienne (Valentina Castellano) dont la thèse traite des Musées d’hier, d’aujourd’hui et de demain, choisi le Musée virtuel de L’Etoile comme modèle précurseur.

En 2007, en vue de la production d’un DVD gravant une inestimable collection locale de films Super 8, L'Etoile autrefois (1927-1945), une association est créée.

Le site, et son initiateur, n’ont pas eu que des bons moments. Les diverses municipalités (la première, rivale de l’ancien maire) n’ont jamais participé, pas plus que les instituteurs en activité, au plus a-t-on vu une mention dans le bulletin municipal. Après avoir eu le beau rôle par son apport financier, une ancienne membre du bureau passa dans l’opposition la plus sombre, jouant le corbeau dans le livre d’or, allant même jusqu’à tenter d’intriguer auprès de la municipalité de Champfromier (Ain), où je réside désormais. Tous récemment les photos de Jacky Hérouart furent lamentablement pillées pour être diffusée sur Facebook, sans aucune reconnaissance ni mention des sources.

Les satisfactions furent très nombreuses. Citons à nouveau, à l’actif et bien souvent à l’initiative de Jacky Hérouart, les cartes postales et le DVD (plus de 90 exemplaires expédiés aux quatre coins de la France). N’oublions pas ajoutons l’exceptionnelle série de souvenirs inédits sur des faits locaux durant Seconde guerre mondiale, petite histoire au service de la Grande Histoire. Sur ce dernier thème, tout n’a toutefois pas été dit, en particulier nous avons préféré ne pas publier une affaire de mœurs illicites liée à un drame des tous derniers jours de la guerre... A titre personnel, j’ai eu plaisir à retrouver à Paris la bulle papale de fondation du prieuré de Moreaucourt en 1179, inédite du fait d’un archivage incorrect ; grande satisfaction aussi à retrouver bien loin de la Somme, dans les archives privées d’un château, l’acte de vente en 1516 de la seigneurerie de L’Etoile.

Le Livre d’or, fut souvent pour moi une autre source de satisfaction, pour preuve tous les stelliens qui habitent maintenant très loin de leur village d’enfance et qui se sont retrouvés grâce à ce lien, pas si virtuel ! Et à chacun de continuer à souhaiter la bonne année à tous leurs copains d’enfance. Pour le plus sérieux, on pourra à nouveau consulter le best-off, avec quelques très agréables compliments de personnalités de la culture ou de l’archéologie, et d’autres venant de l’autre bout du monde !

Tout est dit ? Que non ! Je dispose encore de nombreux classeurs sur des thèmes plus difficiles à aborder, comme par exemple la multiplicité des bénéficiaires de la dîme, ou la division des parcelles au fil des héritages successifs, l’exploitation des grands plans rouleaux levés peu avant la Révolution, etc. D’autres thèmes auraient pu aussi êtres abordés, comme l’étude de la toponymie des lieux-dits, les traces du patois picard, et bien d’autres sujets. Nous laissons le soin à quelque étudiant passionné par l’histoire des stelliens et de son territoire de s’atteler à la tâche. Je lui offre sans réserve mes deux mètres linéaires de classeurs de relevés tous classés aves la rigueur d’un vieux prof de maths ! Personnellement j’aurais aimé fouiller, au sens propre et figuré, en plusieurs endroits : de quelle époque datent tous ces ossements retrouvés en face de la vallée sèche orientée vers les Moulins Bleus ? Pourrait-on retrouver ce grand lavoir recouvert par une immense coulée de boue à l’entrée du village, côté Bouchon, le 24 juin 1748 ? Et surtout, à notre époque où le Lidar nous fait découvrir les richesses du proche sous-sol dans le monde entier, pourrait-on prouver l’existence de souterrains sous le Camp César ? Et si L’Etoile devenait le premier site en Europe où l’on pourrait mettre à jour les écuries de Jules César, ainsi que la tradition orale l’a colporté durant des siècles... D’autres thèmes pourraient aussi être abordés comme le positionnement et la taille des tenures (en particulier entre les Moulins-Bleus et Moreaucourt, ou une régularité évidente est observable sur les vieux plans), poursuivre l’étude des canalisations de la Somme, la position du pont et ses chemins d’accès, le creusement des tourbières qui firent la fortune des Leblond. Ce ne sont que quelques idées, quelques exemples...

Ainsi tout n’est pas fini, mais je ne puis tout faire à la fois. Désormais, habitant dans l’Ain, je suis trop occupé pas des recherches semblables en ce pays.

La régularité des apports à ce site s’arrête. Mais toute bonne photo commentée ou toute information alimentant l’un des patrimoines de L’Etoile, notre village, sera néanmoins publiée. Merci à tous ceux qui ont contribué à la réussite de ce site et bonne continuation à tous ceux qui poursuivront le partage de la connaissance du patrimoine de L’Etoile !

Ghislain Lancel, Champfromier, le 14 mars 2016.

Première publication le 14 mars 2016. Dernière mise à jour de cette page, idem.