L'ETOILE ET SON HISTOIRE par Ghislain LANCEL |
Les textes anciens de transmission du château, incluent toujours les "dépendances", malheureusement en ne donnant généralement guère plus de détails que cet unique mot ! Dans cette page, nous étudierons une partie des bâtiments qui se trouvaient dans l'ancienne "basse cour" (celle de la ferme contiguë au château), ceux qui se situaient à l'ouest, dans le prolongement du château (en forme de L inversé et facilement reconnaissable en haut du plan napoléonien de 1833 dont un extrait se trouve ci-contre).
L'on n'est pas très bien renseigné ni sur les occupants, si toutefois il y en avait, ni sur la disposition des deux ou trois bâtiments, agricoles ou d'habitation, qui constituaient les dépendances du côté ouest de la basse cour, ce côté situé dans l'alignement du château. Pour les XIXe et XXe siècles on aurait pu penser que les recensements seraient d'une aide précieuse mais celui crucial de 1954 manque et pour les autres le château n'y est que très rarement désigné. Difficile ainsi de dire qui sont les locataires des meublés du château ou des dépendances, ni même quelles dépendances étaient des habitations...
Ces bâtiments ont certainement été reconstruits plusieurs fois, avec là aussi beaucoup d'incertitudes. Sur le plan de 1822, publié par D'Allonville dans sa Dissertation, en se référant très certainement au sieur Jourdain de L'Eloge, défunt père du maire du village, il est dessiné et rapporté (p. 38), que le lit de la Somme fut rectifié en 1767 et qu'il passait au préalable en plein milieu de ces dépendances ! Mais peut-on se fier au plan ? Il est curieux que les dépendances ouest soient représentées attenantes au château. Inversement celles du nord semblent bien réduites ! Quant à la date, s'il semble certain que l'ancien lit de la Somme passa effectivement jadis à cet endroit, ne faut-il pas néanmoins l'interpréter comme "à une date indéterminée, mais pas après 1767" ?
Les photographies et cartes postales nous sont, pour les derniers siècles, les meilleures sources, à commencer par les trois cartes postales 289, 225 et 226, toutes postérieures à 1951 (année de démolition du château) et même à 1953 (quand le collège est visible), cartes dont on a extrait ci-dessous l'ensemble des habitations concernées, derrière le pigeonnier.
Pour ces bâtiments des Dépendances du côté Ouest de l'ancienne Basse-cour, nous noterons respectivement DO1, DO2 et DO3 ces trois constructions, du nord au sud (de droite à gauche sur la photo de la carte postale).
Voir aussi la carte postale CP 214 (de préférence à la loupe sur une vraie carte), avec vue du mur des anciens jardins seigneuriaux.
Cette charmante maison (ci-dessous), aujourd'hui disparue, était la plus au nord des trois. Avec son clocheton pointu et ses volets arrondis, on la croirait sortie tout droit d'un décor de film d'animation !
La carte photo de gauche date de 1916 environ et provient de la collection Céline Magnier (femme de droite, près de la porte). Sur la photo de droite l'on distingue beaucoup mieux les initiales entrelacées CM qui figurent sur la petite balustrade du balconnet au-dessus de la porte d'entrée (communion d'Elisabeth Magnier, vers 1960). Ces initiales sont très vraisemblablement celles de Céline Magnier (1856-1933), décédée célibataire. On verra ci-dessous qu'il semblait ne plus y avoir de bâtiment à cet emplacement en 1886 et que cette maison d'habitation fut donc certainement construite, ou reconstruite, par Céline, après 1898, lorsqu'elle devint propriétaire du château et de ces terrains. L'emplacement où se trouvait cette maison démolie est actuellement inoccupé.
C'est peut-être aussi à l'emplacement de cette magnifique demeure, pourquoi pas reconstruite dans l'esprit d'une plus ancienne maison de maître, que vécu le fermier des biens agricoles du seigneur, puisqu'il habitait sur place et que bien souvent il était aussi receveur de la seigneurie (comme Antoine Cagé, en 1668). Rappelons toutefois que dans les temps très anciens, du moins d'après le plan de D'Allonville, c'est à peu près à cet endroit que passait l'ancien lit de la Somme !
Le bâtiment central est peu représenté. Ci-dessus il apparaît, mur uni au premier plan d'une photo où Mme Adrienne Magnier (1891-1954) balaie en surveillant sa petite-fille Elisabeth Pecquet (photo d'une série datée au dos, 03/09/51). Peu visible, il se devine en position centrale d'une autre photo de famille (Claude et Angèle Pecquet), vers 1960. On le verra mieux, ci-dessous, vu de face. Ce bâtiment ne semble pas avoir été aménagé en habitation, la très grande baie à petits carreaux donne plutôt la sensation d'une serre, ce qui ne serait pas surprenant puisque l'on sait que Céline Magnier achetait des essences rares et qu'elle participait à des concours d'arboriculture. Par ailleurs on dispose surtout du contrat d'assurance de 1886 désignant cet endroit comme étant " à usage de remise et bûcher, contenant le pressoir", pour une valeur de 1000 francs (et 200 francs pour le pressoir, le château valant 15 000 francs).
Ce bâtiment n'existe plus, il a brûlé et a été reconstruit en habitation tout en conservant à l'intérieur l'escalier en colimaçon en fer qui n'avait pas trop souffert de l'incendie.
Cette photographie (extraite de la CP 146, collection Céline Magnier) nous montre à droite le bâtiment DO2 (voir ci-dessus) et à gauche la maison la plus au sud de ces dépendances (DO3). Cette maison, bien que modifiée, est toujours existante et habitée. Par contre elle n'est certainement pas celle figurant sur les plans de 1833 puisqu'elle semblait ne plus exister lors du contrat d'assurance incendie de 1886 (voir ci-dessous).
Les sources documentaires concernant les dépendances du côté ouest de la basse-cour sont les mêmes que pour les dépendances du côté nord, le plan de 1833 et le contrat d'assurance. Ces dépendances figuraient sur les plans napoléoniens de 1833, pour une longueur totale d'environ 42 mètres (pour environ 7 à 8 mètres de largeur), mais étaient visiblement un assemblage de 3 bâtiments de formes différentes, et pas même exactement alignés. Là aussi on peut supposer que les divers bâtiments agricoles, ou logements (du fermier), furent reconstruits sur place avec à chaque fois quelques modifications.
Le contrat d'assurance de 1886 réserve une surprise, avec un croquis mentionnant un espace vide de 30 mètres en le château et cette dépendance (marquée de la lettre C). Il est donc vraisemblable que le bâtiment le plus au nord (DO1) n'existait plus à cette époque, de même certainement que le dernier DO3. Le descriptif semble le confirmer en ne mettant en valeur que le pressoir ! : " 3° Mille francs, sur le bâtiment porté sous la lettre C, à usage de remise et bûcher, contenant le pressoir. Moyennant le dixième des primes ci-dessus, il est convenu que les caves et fondations des bâtiments sus désignés sont exclues de l’assurance jusqu’au niveau du sol. - 4° Deux cents francs sur un pressoir et ses accessoires et objets divers renfermés dans le bâtiment assuré par l’article 3 ci-dessus." La maison aux initiales CM de Céline ne fut donc vraisemblablement construite qu'après 1886, et même après 1898, année où elle devint propriétaire du château [Archives privées, MP038].
Crédits photographiques et remerciements : Elisabeth Pecquet-Debierre (Maison DPO1), Marius Pecquet et Anne Pecquet-Léger (maison DPO2), Paul Pecquet (Contrat).
Dernière mise à jour de cette page, le 8 avril 2008.