L'ETOILE ET SON HISTOIRE par Ghislain LANCEL

Les Exterminateurs... (1943)

Photo ci-dessous, ça se passait à L'Etoile... Ils n'en ont pas l'air, mais ce sont les Exterminateurs... De gauche à droite, debout : Pierre NORMAND ; Gaston LEFEBVRE (père) ; Non identifié.
Accroupi : Ulysse PAJON (père) ; Raoul HENACHE ; Ernest BRASSARD ; Paul HURIER ; Non identifié.

 

Pendant et après la période de l’occupation allemande l’économie française est au plus bas. Les usines tournent au ralenti, les produits de première nécessité font défauts.

Chez Saint-Frères les stocks de jute sont au plus bas dans l’usine des Moulins-Bleus. On en arrive à tisser le papier. Au printemps 1943 il n’est plus possible de trouver de plants de pomme de terre à L'Etoile. Les ouvriers, qui pourtant ont pratiquement tous un coin de terre, sont dépités, d’autant plus que l’on a déjà abandonné l’élevage des volailles par manque de céréales. Depuis l’instauration des tickets de rationnement, notamment pour le pain et la viande, on ne mange plus toujours à sa faim. S’il n’est plus possible de cultiver ses pommes de terre la situation risque de devenir critique...

Mis au courant, la société Saint-Frères prends le taureau par les cornes. Après avoir lancé un SOS auprès de toutes ses succursales disséminées sur le territoire français et attendu vainement une réponse, le message tant attendu arrive enfin un jour « on a trouvé du plant de pommes de terre près d’Angers dans le Maine et Loire ». Dans toutes les usines du secteur ce fut un grand ouf de soulagement. On ne parlait plus que « patates » !

Tous les jardins de L'Etoile furent vite bêchés, et lorsque les tonnes de plants arrivèrent (pour l’ensemble des usines du secteur), c’est avec joie et bonheur que la plantation eut lieu.

Malheureusement..., quelques semaines plus tard, les doryphores firent leur apparition. Et cette fois il fallut se rendre à l’évidence, avec les restrictions de l’époque, il fut impossible de trouver de quoi traiter ces pommes de terre. Allait-on baisser les bras et laisser perdre une récolte qui s’annonçait prometteuse ? Encore une fois Saint-Frères prit les grands moyens en déléguant une dizaine de personnes afin de supprimer manuellement ces insectes ravageurs. C’est ainsi que, face aux envahisseurs, apparurent les exterminateurs ! Durant plusieurs jours, dans tous les jardins des Moulins-Bleus et des environs, on vit à l’œuvre l’équipe des exterminateurs, c’est le nom que les habitants leurs avaient donné, écrasant un à un les doryphores avec les doigts, sans oublier les larves !

Quelques semaines plus tard, c’était la victoire (celle avec un grand V n'allait pas tarder...), l’ouvrier savourait avec délice les pommes de terre qui avaient failli faire défaut dans son assiette.

 

D'après une idée, un texte et une photographie de Jacky Hérouart.

Dernière mise à jour de cette page, le 5 décembre 2006.

 

<< Retour : Accueil Guerres