L'ETOILE ET SON HISTOIRE par Ghislain LANCEL
Période ancienne Période récente Divers (Auteur, liens, etc.) Accueil

Fête des Fleurs de L'Etoile, 1926

Cette Fête des Fleurs, manifestation unique qui se déroula en 1926 (début juin), fut décidée à l’initiative de la Fanfare municipale. Le défilé se composait de neuf ou dix chars qui sillonnèrent les rues du village. Les chars avaient été réalisés par des associations (Fanfare, Ballon au poing, etc.) ou par des groupements ou particuliers (Puits d’Amour, Moulins-Bleus). Durant le défilé, chaque char était escorté par un pompier, souvent à pied devant le char, et par le commissaire, le responsable du char, reconnaissable à son brassard.

Le succès fut retentissant. De mémoire de Stellien, il n’y eut plus jamais ensuite de manifestation locale d’une si belle animation et d’une telle ampleur !

En visualisant les jardins de la vue générale devant les Moulins-Bleus, on peut indiquer que le défilé eut lieu début juin de l'année 1926. Les fanes des pommes de terre sont déjà importantes. On ne distingue pas encore les haricots à rames et les petites graines commencent à sortir de terre.

Toutes les photos (clic pour agrandir, et pour revenir) de cette page proviennent de cartes photos qui pouvaient donc voyager par la poste, avec une correspondance. Mais aucune de ces cartes photos retrouvées n'a été expédiée, la tentation était certainement grande de les conserver ; nous en profitons ! Lorsqu'il n'a pas été possible de disposer d'une carte ne montrant qu'un seul char en gros plan, c'est la vue générale qui a servi pour un agrandissement partiel. Un seul char n'est visible sur aucune photo, celui du Football. Si vous l'avez... Pour une visualisation des cartes complètes, on se reportera au fichier des Cartes postales, avec lien pour chaque char.

VUE GENERALE DU DEFILE

Cette photo (voir aussi CP 239) a été prise depuis l’étage de l’une des trois dernières habitations de l’ancienne rue d’Amiens (aujourd’hui rue Jules Verne).

On reconnaît nettement 7 chars, de droite à gauche.
(1) Le char du Rondeau des Papillons
(2) Le char des pêcheurs
(3) Le char du Puits d’amour
(4) Le char des Ballonnistes
(5) Le char de la Fanfare
(6) Le char de la Reine
(7) Le char des Moulins Bleus
(8) indéterminé : serait-ce le char du football suivi du char du seigneur communal, fermant le cortège ?

LE CHAR DES PAPILLONS (n° 1)

Cette photographie est un grandissement partiel de la vue générale (voir aussi CP 239). Le char se trouve devant les numéros 155 et 157 de la Rue des Moulins-Bleus.

Le char fut dénommé « Chariot du rondeau des papillons ». Les jeunes filles y sont naturellement déguisées en papillons. On sait que ce Rondeau était au programme de la Matinée Récréative donnée le 17 décembre 1933 par l’AEMB, Association Amicale des Anciens et Anciennes Elèves des Moulins-Bleus. Mais bien sûr, c’étaient des enfants de l’Ecole des Moulins-Bleus qui interprétaient cette danse. On voit que ce thème du Rondeau des papillons était déjà d'actualité pour ce char, alors que ce défilé se déroulait en 1926 ! Il est donc présumé que ce rondeau fut dansé régulièrement durant plusieurs années dans les spectacles donnés par l’AEMB et même aussi plébiscité lors des fêtes de l’Arbre de Noël des 24 décembre, du moins depuis cette année 1926... L’initiative de la réalisation de ce char n’a pu revenir qu’à M. et Mme Décamps directeur et directrice d’école et de l’association.

C’est M. Albert LEROY, ouvrier à l’usine Saint-Frères, qui tient les rênes du cheval.

LE CHAR DES PECHEURS (n° 2)

Cette photographie est aussi un grandissement partiel de la vue générale (voir aussi CP 239). Cette fois, le char se trouve devant le numéro 151 de la Rue des Moulins-Bleus.

Sur la photo, la femme de gauche tient une canne à pêche à la main, et celle de droite, une épuisette.

Il ne semble pas qu’il y ait déjà eu en 1926 à L'Etoile une association de pêcheurs. Par contre cette activité était déjà très prisée. En 1930, Charles PECQUET et Jeanne, son épouse (née Péronne), marchands de journaux à L'Etoile, vendaient également des articles de pêche. Le char serait donc une réalisation émanant de quelques pêcheurs du dimanche !

LE CHAR DU PUITS D’AMOUR (n° 3)

La photo (voir aussi CP 327) a encore une fois été prise au carrefour de L'Etoile (D 112 et 216).

Ce char reprend le thème du Puits d’Amour. Depuis les temps bibliques étaient associés l’eau jaillissant du puits, la soif d’amour et l’amour naissant. Mais le thème n'est devenu très populaire qu'avec le Quadrille du Puits d’Amour repris par Johann Strauss fils (après l’échec de William Balfe lors de la présentation à Vienne le 4 novembre 1845), et plus encore avec la célèbre pâtisserie du même nom créée à la même époque (feuilletage, en forme de puits pour les portions individuelles, avec crème pâtissière vanillée et caramélisée sur le dessus au fer rouge).

Le char se composait naturellement d’un puits avec sa margelle, son arcade et sa poulie. Un enfant tenait la corde qui manœuvrait le seau au-dessus de sa tête. Quand le seau descendait dans le puits l’enfant faisait de même ; quand le seau faisait son apparition l’enfant réapparaissait également. Le char était tiré par un attelage mixte, à gauche un mulet et à droite un cheval.

On trouve trois personnes sur le char : l’enfant, la mère et le père. L’enfant avait alors 4 ans : c’était René GUILBERT (né en 1922, époux Josette Valois). Le rôle de la mère était tenu par Mme Cécile ROBINE (née Accart, en 1873, épouse de Louis Robine, garde particulier de M. Pierre Saint), mère de Lucienne, la Reine des Fleurs. Il n’a malheureusement pas été retrouvé qui jouait le rôle du père. Par contre le cocher est connu : c’était Camille JOUY (né en 1904, ouvrier agricole, marié à Mathilde Robert). Il reste aussi à identifier le commissaire (avec le brassard) et le pompier.

LE CHAR DU BALLON AU POING (n° 4)

La photo (voir aussi CP 237) du char des ballonnistes a aussi été faite au carrefour (D 112 et 216).

A côté du cheval, avec un brassard blanc au bras gauche, on pense reconnaître le responsable du char en l’occurrence Eugène DESSAINT, charretier au service de M. Maurice SEGUIN, chef de culture à Moreaucourt, qui finira sa carrière comme charcutier rue du Pont.

Assis dans le char avec casquette et cigarette à la bouche (visible à la loupe), on reconnaît également Georges NORTIER, l’un des meilleurs fonciers (arrière) que le ballon au poing ait connu. Il remporta le drapeau (la récompense donnée à l’équipe victorieuse) de nombreuses fois notamment l’année précédente (1925). A son décès accidentel en 1936 sa famille mettra en jeu un challenge « dit Nortier » très convoité.

Sur le drapeau de la société en face du gros ballon on peut lire :

B[ALLON AU POING]
CHAMPION[NAT DE FRANCE]
2ème CATE[GORIE]

La Fédération des Ballonnistes de la Somme a été créée à L’Etoile en 1913 par Alfred Leriche. Elle deviendra la F.F.B.P., Fédération Française de Ballon au Poing, quelques années plus tard.

LE CHAR DE LA FANFARE MUNICIPALE (n° 5)

C’est le seul char pour lequel on dispose de deux photos différentes, l’une montrant l’avant du véhicule et l’autre l’arrière avec la fanfare. La photo du camion vu de face (voir aussi CP 305) est prise devant le magasin des époux Olivier Flandre-Durand, tenant commerce d’épicerie rue d’Amiens (aujourd’hui N° 30 rue du 8 Mai). Ce n’est pas une surprise puisque ce camion appartenait à M. Olivier FLANDRE (sur le marchepied), lequel disposait alors du seul et unique camion dans la commune ! Olivier Flandre était aussi président de la fanfare municipale, et donc commissaire de ce char transportant les musiciens. Madame Julia DURAND se tient debout près de son époux. En retrait, on reconnaît Arthémis DULIN, garde champêtre, 63 ans, toujours en activité. A l’arrière de ce char, se présente le premier cheval du char de la Reine.

La seconde photo (voir aussi CP 251) a été faite rue Jules Verne, a proximité de la rue des Moulins-Bleus, en face du terrain où se trouve actuellement le stade de football. Elle montre le même char, mais pris de l’arrière du camion, avec bon nombre des musiciens de la Fanfare.

Quelques personnes sont identifiées : presque au premier plan, à droite sur la photo du musicien qui tient une basse volumineuse, François Georges VASSEUR, assis, membre de la fanfare depuis sa création en 1890. Il fut « chef de musique » durant de nombreuses décennies. En poursuivant à droite, on rencontre à nouveau, debout avec une chaîne de montre de gousset sur la poitrine, M. Olivier FLANDRE, Président de la fanfare et commissaire du chariot. En uniforme, on reconnaît également Jean Baptiste MACHU, brigadier de gendarmerie en retraite, debout à côté du camion. Quant à Arthémis DULIN, il serait à gauche de la photo.

A gauche de la photo, à l’emplacement du terrain vague, apparaîtra le stade de football en 1937. En arrière plan, on distingue les maisons de la Cité des Prés.

LE CHAR DE LA REINE (n° 6)

Le char se trouve photographié rue d’Amiens (actuelle rue J. Verne), près du carrefour avec la rue des Moulins Bleus, entre le café des sports et le stade de football (voir aussi CP 235).

En haut du char, assise au centre et coiffée du diadème, est la Reine, Melle Lucienne ROBINE, employée des Postes, élue rosière de l'année. Née en 1907 à Forest-Montiers, elle est décédée à L'Etoile le 12 avril 1929, suite à une longue maladie : elle aurait attrapé, dit-on, « un coup de froid » le jour du défilé !

Assise, à gauche sur la photo, c'est Melle Nelly CORNET, dauphine. Elle épousa M. MICHEMBLE, habitant Mouflers, forgeron chez Saint Frères. A droite, l'autre dauphine est Melle Marcelle PRUVOT. Née en 1912, elle se maria avec Germain DARRAS, gérant de la coopérative « la Prévoyance ».

En uniforme, près d’un cheval, on reconnaît à nouveau Jean Baptiste MACHU, ancien brigadier de gendarmerie en retraite.

LE CHAR DES MOULINS BLEUS (n° 7)

Cette photo (voir aussi CP 276) est la troisième qui fut prise au carrefour (D 112 et 216), exactement sous le même angle.

C’est Florent TELLIER cultivateur né en 1877 qui conduit le chariot (assis à gauche avec chapeau et moustache). A sa droite sur la photo, l’enfant en blanc avec chapeau pointu était Francis VALOIS. Au-dessus, vêtue de blanc, il s’agit de Melle G. TELLIER. On a oublié le nom du responsable. Les ailes du moulin tournaient en permanence à l’aide d’une adaptation effectuée sur un vélo se trouvant à l’intérieur du moulin.

On le sait, les moulins de L'Etoile ont une très longue histoire, mais la désignation « Moulins-Bleus » n’est authentifié que depuis 1698. Il n'est donc pas certain qu'il y ait un rapport avec la waide, comme on le dit souvent...

LE CHAR DU SEIGNEUR COMMUNAL (n° 8)

En arrière plan de la photo (voir aussi CP 299) on distingue une tourelle et les cheminées d'un château, mais il s'agit de celui de Long et non de L'Etoile ! Il est donc vraisemblable que les chars et leurs personnages se produisaient aussi dans les fêtes de villages voisins (et en particulier à Long, d'où était originaire l'époux d'une participante).

Le seigneur se trouve en haut à droite. Il tient une oriflamme. Son surcot est brodé d’une croix tréflée sur la poitrine (sans aucun rapport avec les blasons des vrais anciens seigneurs de L'Etoile). A gauche du seigneur, son épouse porte également une oriflamme. Au-dessous, on peut supposer que sont représentés, les enfants et membres de la famille du seigneur, ainsi que les serviteurs ou les gens du village.

Le premier personnage de gauche, responsable du char, est Raymond Narcisse DEVAUCHELLE, agriculteur né le 9 février 1898 à L’Etoile. Mademoiselle Bardoux (19 ans) est aussi présente. Vers le milieu du groupe, à la gauche du jeune homme qui tient une perche, on reconnaît Melle Jeannie FLANDRE, née en 1905. Elle habitait rue du Pont, travaillait comme employée en comptabilité à la coopérative Saint Frères « La Prévoyance » aux Moulins Bleus et était mariée avec Marcel Carpentier de Long-le-Catelet.

Figuration de la mort ou symbolisation de la moisson, on remarque une faux tenue par l’un des personnages (entre les chiens-assis du toit). L’arrière-train du cheval est recouvert d’une couverture à glands suspendus.

 

LE CHAR DU FOOTBALL

Pour l'instant, on ne dispose d'aucune photographie, et de guère plus de renseignements que le souvenir qu'il a existé !

 

D'après une idée et un texte de J. Hérouart. Toutes les photos proviennent de la collection J. Hérouart, et les renseignements de Thérèse Debruicker (décédée, elle avait 22 ans en 1926), sauf : Photo de la Fanfare, vue de devant : Mme Michèle Carpentier-Leroy ; Photo du Seigneur et noms : Guy Bardoux ; Infos Moulins-Bleus : Francis Valois ; photo et noms du Puits d’amour : Mme Michèle Carpentier-Leroy et René Guilbert (noms) ; Infos Papillons : Mme Michèle Carpentier-Leroy ; lieu de la prise de vue du Char du seigneur  : Charline Chamu-Pecquet. Compléments divers : G. Lancel.

Dernière mise à jour de cette page, le 9 février 2008.

 
Période ancienne Période récente Divers (Auteur, liens, etc.) Accueil