| L'ETOILE ET SON HISTOIRE par Ghislain LANCEL |
Les 4 et 9 février 1860 avait été constituée la Société des Moulins-Bleus, entre Paul-François Blanchet, fabricant de toiles, en tant que seul gérant responsable, et consorts. Cette usine sera rachetée en 1872 par son fils Octave, maire de L'Etoile, avant de passer à St-Frères.
C’est (à ce jour) la plus ancienne lettre connue adressée à Blanchet (aîné), manufacturier aux Moulins-Bleus (par Flixecourt, Somme), en date du 29 juin 1858 (il y a plus de 150 ans). Visiblement le manufacturier avait déjà un correspondant associé, Lacroix-Lassez, à Ivry-sur-Seine, spécialisé dans les vente et location de bâches écrues goudronnées et imperméables, tentes portatives pour le campement (!), et fournitures spéciales pour les chemins de fer. Apparemment la lettre du dévoué correspondant demande son accord à Monsieur Blanchet ainé, manufacturier, pour la vente de pièces de toiles, dont "trois pièces à voile pour sceaux à incendie".
Pas de gâchis, pas de risque non plus de dire que l’enveloppe était vide, la correspondance est écrite sur l’enveloppe, dépliable.
Lettre en date du 28 avril 1859, provenant de PERRIER à Fougères, Manufacture de toiles, Teillage mécanique de lin. Elle incluait une facture soldant un compte, avec mention du domicile de Mr Magnier à Abbeville.
En 1859 il était inutile de préciser où se trouvaient les Moulins Bleus : près d'Amiens, la lettre arrive !
Par la lettre datée de 1864 on sait donc que cette fabrique produisait alors aussi du fil seul.
Cette lettre (pliée, de format de 12,5 cm x 7,5 cm), portant le cachet Niquet-Frères, F(abri)cants de toile à Mérélessart (Somme, entre Airaines et Oisemont), fut adressée à Messieurs Blanchet et Cie, n(égocian)ts aux Moulins-Bleus, par Flixecourt. Elle fut postée à Airaines 8 juillet 1864 et arriva le lendemain 9 juillet au bureau de poste de Flixecourt (L'Etoile n'en ayant pas encore).
"Méréssart le 8 juillet 1864. Messieurs Blanchet et Cie, aux Moulins-Bleus.
Nous venons vous prier de nous adresser chez Cohin et Cie, au crémage à Abbeville, par votre voiture, 1054 [ou 10/4] fil N° 10 lin écru, même qualité et mêmes conditions dernières. Si vous en avez du blanchi en magasin, vous pourriez le remplacer, et nous compter le crémage en plus, cela nous obligerez, vu que nous sommes pressé, pour continuer une partie [de] toile commencée.
Dans l'attente de vos factures. Recevez Messieurs nos salutations amicales [Signé : Niquet Frères].
P.S. Si vous en avez du blanchi en magasin, veuillez le déposer chez Grenu, en face la station du chemin de fer de Pont-Remy."
On remarquera au bas de cette lettre, dans ce qui semble concerner le prix de l'une des 10 B(obines ?), la multiplication de 137 par 2,50 effectuée comme étant l'addition de deux fois 137 et de la moitié, soit 342,50 puis un ajout de 27,40 et une diminution de 7,40, soit 362,50.
Lettre adressée à Messieurs Dewailly frères, nég(ocian)ts à Amiens, rédigée le 26 août 1865, postée le même jour de Longpré-les-Corps-Saints et arrivée le lendemain à Amiens. La famille Dewailly est bien connue à Amiens, représentée par Louis Dewailly, ancien maire de la ville, et par la place Dewailly, la salle et le cloître Dewailly, ainsi que l'horloge Dewailly, construite avec un legs de 25 000 francs à la commune afin qu'elle édifie une horloge permettant aux Amiénois de ne pas rater leur train !
"Moulins-Bleus, le 26 août 1865. Messieurs Dewailly frères, Amiens. Nous possédons votre estime 24 d. avec facture à 40 bottes 6 chaînes. Nous regrettons que vous ayez doublé la dose, car nous vous avions demandé qu'une vingtaine de bottes, mais il est entendu qu'elles sont acceptées.
Vous pourrez disposer sur nous comme suit : f(rancs) 5000 au 25 9bre, votre mandat payable chez MM. Dufetel Grimaux ; 5000 au 10 Xbre, chez MM. Lefevre Levesque à Paris ; 5000 au 25 Xbre, chez MM. Dufetel Grimaux.
Bon accueil est réservé. Recevez nos bien sincères salutations. [Signé :] Blanchet."
Autre lettre adressée à Messieurs Dewailly frères, nég(ocian)ts à Amiens, expédiée le 22 mars 1867.
"Société des Moulins Bleus, près Flixecourt (Somme). Blanchet et Cie. Filature et tissage mécaniques. Moulins-Bleus, le 22 Mars 1867.
Messieurs Dewailly frères, Amiens, Nous v(ou)s envoyons, par Hénache, 85 pièces de 100 ... (?) facturé pour f(rancs) 4005,35 audit... (?) valeur 30 jours. Recevez... [Signé : Blanchet]."
Cette lettre de Lefèvre, Levesque et Cie, Filature et Tissage Mécanique, Usine des Moulins Bleus, du 5 juin 1878, est adressée à Messieurs Nelliet Frères et Lescure, Constructeurs en chaudronnerie à Amiens. La lettre mentionne une balance comptable de 1163,55 fr et signale qu’un bon accueil leur sera réservé en leur maison à Paris, 10 rue du Sentier.
L’épouse d’Octave Blanchet étant née Lefèvre (née à Paris, elle décèdera à L’Etoile en 1880), il est présumé que c’est sa famille qui avait alors repris l’usine, quelques années avant la mainmise par saint-Frères.
Documents : G. Lancel (lettres de 1858 et 1865), J. Hérouart (lettre de 1859, et de 1864, offerte en 1979 par Mr Olivier, dernier directeur Saint-Frères, et lettres de 1867 et 1878).
Première publication 2009. Dernière mise à jour de cette page, le 4 avril 2011.