Le salon de coiffure de la Rue des Juifs (et son fauteuil à hauteur réglable)
| L'ETOILE ET SON HISTOIRE par Ghislain LANCEL | |||
| Période ancienne | Période récente | Divers (Auteur, liens, etc.) | Accueil |
Robert Billard a effectué un court séjour aux usines St-Frères de L’Etoile, comme chauffeur de poids lourds (avant de changer totalement de carrière, dans la police en 1963 et comme moniteur d'éducation physique). Il nous livre aujourd’hui les photos du salon coiffure de son père, aussi prénommé Robert, ancien coiffeur de L’Etoile.
Robert BILLARD père exerça son métier de coiffeur Rue des Juifs à L’Etoile, de 1942 à 1971. Il termina sa carrière en ouvrant un nouveau salon à Flixecourt (1971-1978). Né en 1915 à Flixecourt, il est décédé en 2003 à l’hôpital d'Amiens après une longue maladie. Avant Robert, les recensements mentionnent qu’il y avait deux patrons coiffeurs à L’Etoile, tous deux Rue d’Amiens, Zénobe Roucoux (de 1921 à 1926) et Arthur Durand (de 1921 à 1936). Après le départ de Robert, son salon ferma, mais le village compta encore plusieurs coiffeuses durant plusieurs décennies.
Lydie, épouse en secondes noces de Robert, fut aussi coiffeuse. Courageuse et douce, elle parcourait la campagne en vélo, pour couper les cheveux à domicile, particulièrement chez des personnes âgées.
Quelles que soient les circonstances, le coiffeur est en blouse blanche ! Ci-dessous à gauche avec Lydie et son fils Jacky, et à droite en compagnie d'amis.
Quel garçon du village n'était-il pas confié sa tignasse aux ciseaux de Robert ! Jacky Hérouart se souvient : Robert était un homme gentil, accueillant - normal c'était son gagne pain -, mais vis à vis des enfants il était autoritaire et ne faisait aucune concession. En attendant son tour, il fallait rester assis bien sagement, comme à l'école, et surtout ne toucher à rien ! Et si l'on avait la bougeotte, Robert nous faisait asseoir dehors, sur les marches !
Bien entendu, outre de couper les cheveux, il était aussi barbier. Il avait une espèce de bol dans lequel il mixait un produit avec de l'eau pour obtenir une mousse épaisse qui, comme au cinéma, débordait du bol... Se saisissant de son blaireau il badigeonnait de mousse le visage de son client. Auparavant il avait ouvert son rasoir en acier de Solingen et enduit d'une pate noirâtre un cuir de repassage de marque Grelot (ch'cuir en picard), cet outil comportant une bande de cuir qui servait à l'affutage. Et d'un geste énergique et régulier de la main, côté attaque à l'aller et côté dépouille au retour, il reconstituait les arêtes tranchantes de son rasoir. Après de nombreux aller et retour il testait de son pouce le profil de coupe... Et lorsqu’il était satisfait alors pouvait commencer le rasage… Parfois il arrivait un petit incident. Alors, se saisissant d'un petit flacon d’Hemo Stick qu'il appelait son "produit miracle", il passait l'embout de ce flacon sur la plaie et 20 secondes plus tard le sang avait cessé de couler !
Un jour, je crois que c’était en 1953, Robert se modernisa. Il venait de faire l'acquisition d'une tondeuse électrique de marque allemande... Elle fait un bruit impressionnant ! Toute notre tête tremblait sous l'effet des vibrations, mais, disait-il "C'est le progrès et l'on ne peut s'y soustraire" ! Point n'empêche que les premières coupes furent catastrophiques et que Robert fut obligé de rattraper les échelles avec ses traditionnels ciseaux... Et comme cette tondeuse fut bien vite en panne, elle fut remplacée, mais la nouvelle n'entra jamais en service !
Avec ou sans tondeuse, Robert avait vu passer tout le village, témoin cet autre témoignage, de Jean-Pierre Chevalier, qui ne fut pas le seul à avoir attendu son tour le jeudi en culottes courtes, mais avec satisfaction : le salon était le lieu de lecture de ses premières BD !
Remerciements : Robert Billard (informations et photographies en noir et blanc), Jacky Hérouart (Souvenirs et matériel de coiffeur de son beau-père), Jean-Pierre Chevalier.
Dernière mise à jour de cette page, le 30 juillet 2008.