L'ETOILE ET SON HISTOIRE par Ghislain LANCEL
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Maréchal-ferrant à L'Etoile

A l’Etoile chez les DEMAREST on était maréchal-ferrant de père en fils. En 1926, Ernest, né à L'Etoile en 1879 et demeurant avec sa famille au bout de la rue d'Abbeville, était l'un des forgerons de St-Frères. Eugène, son fils aîné, faisait d'ailleurs aussi partie de l'équipe ! En 1931 et 1936, c'est avec son fils Paul qu'ils exercent encore leur métier à l'usine. Mais le recensement de 1946 nous apprend qu'Ernest a quitté l'usine et s'est mis à son compte, en tant que maréchal-ferrant dans la maison familiale. Michel, son dernier fils, 24 ans, s'est marié et fait comme son père, dans la maison voisine.

Jacky Hérouart connaissait bien Michel : "Il était un grand ami de mon père. Ils faisaient des concours de cartes ensemble et ils se retrouvaient aussi pour jouer au ballon au poing. J'étais aussi ami de Michel, son premier fils ; aussi j’allais très souvent chez lui, notamment le jeudi après midi, et voyais son père au travail". Michel, après avoir décroché son certificat d’études, avait été initié par son père, en complément de cours professionnels. Né en 1922, c'est donc très jeune qu'il se lançait lui aussi le métier de forgeron/maréchal-ferrant.

1. La forge et les outils de Michel. 2. Michel confectionnant un collier d’encolure sur l'enclume. 3. Lors de la pose d’un fer, un aide tenait la patte du cheval relevée à l’aide d’une lanière en cuir. Les clous sont neufs. La ferrure à froid est presque terminée. Michel enlève l'excédent de corne afin d’ajuster au mieux le fer au sabot. Photos couleur 1 et 2 par J. Hérouart, 1980 (la forge avait été rallumée pour ces photos). Photo 3 : Joël Démarest (2e fils de Michel)

A cette époque le métier était prospère et le travail ne manquait pas, surtout avec les agriculteurs. Il y avait toujours un bras d’attelage cassé à reforger , un cerclage de roue de chariot à créer ou un cheval à ferrer.

Mais ce métier n’était pas toujours de tout repos, notamment lors de la réfection de fuites sur le réseau d’eau potable communal. A cette époque, vers 1952/ 1955, les bouteilles de gaz n'étaient pas encore utilisées. Michel venait donc sur place avec son énorme générateur d’acétylène. Cet encombrant producteur de gaz, d’une hauteur d’environ 1m 50 sur 0m 70 de diamètre, et tout un attirail de réservoirs, de chalumeaux, de tuyaux et d’outillages divers était monté sur un chariot équipé de 2 roues en ferraille. Il devait être tiré ou poussé comme une brouette. Une fois sur place le générateur devait être alimenté en carbure de calcium, une pierre blanchâtre. On y injectait avec une énorme seringue de l’eau sous pression qui, au contact de la pierre, provoquait une réaction chimique avec production du gaz d’acétylène. On pouvait alors alimenter le chalumeau ! Dès cet instant tous les curieux étaient priés de reculer et la réfection pouvait commencer !

Tout aussi passionnante était la ferrure des chevaux ! Comme pour le choix délicat des chaussures à nos pieds, chaque fer devait être adapté au sabot du cheval ! Les diverses étapes de ce travail, bien plus minutieux qu'il n'y paraît, étaient la prise d’empreinte avec le compas, la confection du fer à la forge, les essais, le rognage de la corne détériorée. Venaient enfin la pose et la fixation du fer avec des clous forgés. La tricoise servait à couper les clous qui ressortaient de la muraille du sabot.

Bien plus spectaculaire encore était la ferrure à chaud ! Elle consistait à appliquer à l’aide de pinces adaptées le fer forgé encore chauffé à vif sur la sole du sabot... Au contact du fer, la corne brûlait, dégageant une odeur âcre et une fumée très importante. Agé de 10/12 ans, j'étais effrayé ! Mais il faut bien le reconnaître, cette technique avait l'avantage d'assurer un meilleur contact du fer avec le pied du cheval.

Michel savait nous rassurer et comme il n’était pas avare dans ses explications, nous les gamins de l’époque curieux de savoir ceci ou cela, nous conservions un très bon souvenir de ses commentaires enrichissants. Grâce à lui, son savoir peut se transmettre aujourd'hui.

A la retraite, il était fier de nous faire visiter son atelier, avec ses outils impeccablement rangés et entretenus ; et sa forge était toute prête à fonctionner, à nouveau. Mais aujourd’hui Michel n’est plus parmi nous, et d’ailleurs il n’y a plus ni chevaux ni vaches ! Seul subsiste un unique agriculteur qui n’a de chevaux... que sous le capot du moteur de son tracteur !

 

Compléments techniques : Schémas de générateurs de production d'acétylène (Le schéma 2 est le plus ressemblant à celui de Michel).

 

Page réalisée d'après une idée et un texte Jacky HEROUART (30 juin 2006).

 

Dernière mise à jour de cette page, le 18 septembre 2006.

 

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