L'ETOILE ET SON HISTOIRE par Ghislain LANCEL
Période ancienne Période récente Divers (Auteur, liens, etc.) Accueil

Poissonnière ambulante à L'Etoile

Victoria, et sa sœur Maria, étaient de rudes femmes de pêcheurs. Pour gagner leur vie elles n’hésitaient pas à venir par le train pour vendre poissons frais et crustacés pêchés en mer par leur maris.

Elles commencèrent ce commerce ambulant dans les années 30. Le vendredi matin elles arrivaient par le premier train qui les amenait du Crotoy (embouchure de la Somme) à Longpré-les-Corps-Saints. Parfois, elles arrivaient de plus loin encore, d'Etaples (embouchure de la Canches), où habitaient leurs parents. Maria vendait à Longpré et Condé-Folie tandis que Victoria venait à l’Etoile.

La poissonnière, rue des Moulins-Bleus, vers 1936. A droite, Madame Décamps et sa fille (en tenue blanche). Photo extraite du film L'Etoile autrefois, réalisé à partir des prises de vue de Monsieur Décamps (Réalisation J. Hérouart)

 

A la descente du train, la marchandise était disposée dans des charrettes à bras. Naturellement les deux sœurs venaient à pied de Longpré-les-Corps-Saints, poussant leur lourde charrette. Leur étal ambulant offraient un large assortiment de crevettes, coques, carrelets, harengs et maquereaux. Comme il n’y avait aucun poissonnier dans les environs et que la coutume biblique du poisson le vendredi était encore très pratiquée. Les poissonnières étaient bienvenues, souvent même prisent d’assaut, tout particulièrement le Vendredi Saint.

Victoria grande femme au visage buriné, était toujours enveloppée d’un grand tablier, recouvert l’hiver d’une large houppelande. Elle arrivait à L'Etoile par le pont et là, à peine entrée dans le village, elle était déjà attendue avec impatience par les ménagères les plus friandes de poissons...

Traversant ensuite les rues du village, elle criait d’une forte voix « Achetez mes macrios ! » (maquereaux) ; et si elle estimait que les ménagères ne se pressaient pas assez, elle cognait aux portes en poussant sa harangue habituelle « Achetez mes macrios » !

Elle était rigoureuse sur les prix, ne prétendant jamais faire de ristourne, pas même aux plus tenaces. Geneviève se souvient de discussions animées. Madame Ferré voulait sans cesse faire baisser les prix. Mais Victoria ne cédait pas, elle n’était pas marchande de poissons pour rien ! Elle savait que de toutes les façons elle vendrait sa marchandise. Madame Ferré, en râlant, achetait. Mais elle se promettait bien d’obtenir une remise, la prochaine fois…

La tournée terminée vers 15 heures, Victoria regagnait la gare de Longpré-les-Corps-Saints, toujours à pied, et si par hasard il lui restait quelque marchandise elle la jetait dans un petit ruisseau après le pont !

Dans les années 60 les années et la fatigue venant, elle se fit accompagner par un homme qui poussait sa lourde charrette. Elle continua encore quelques années puis cessa de venir, pour peut-être jouir d’une retraite bien méritée…

 

D'après une idée et un texte de Charline Chamu-Pecquet, élaboré à partir de ses souvenirs, de ceux de Régine, sa sœur, et Geneviève Wallet.

 

Dernière mise à jour de cette page, le 10 octobre 2006.

 

<< Accueil : Métiers d'autrefois