L'ETOILE ET SON HISTOIRE par Ghislain LANCEL | |||
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La cote I I 3/6 des archives communales de Flixecourt, comprend plusieurs documents concernant directement le village de L'Etoile, comme ce compte-rendu fait en 1744, Visite de fours et cheminées de Létoile.
Ce petit document, qui ne se compose que d'un unique petit papier écrit recto-verso d'une fine écriture, nous apprend d'abord que du temps des seigneurs, en 1744, les stelliens étaient levés dès 7 heures du matin et que, même au mois de juillet, leurs fours étaient allumés ! Mais sept d'entre-eux risquaient de provoquer un incendie, étant défectueux, parfois même fumants de toutes parts ! Le procès-verbal relate que pour ceux-ci le maçon les fit crever immédiatement et que les délinquants reçurent une assez forte amende (50 sols, soit 2 livres et demie), sans aucune contestation recevable et avec obligation de remise en état des fours avant leurs réutilisations. La visite des maisons de L'Etoile s'effectua en la présence et à la requête du procureur fiscal et d'office de la seigneurie, lequel fut reçu par le lieutenant de la seigneurie, le greffier, le syndic, le sergent et le maçon du village.
On peut penser que ces visites de précaution n'étaient pas inutiles. De nombreuses maisons ou dépendances étaient alors couvertes de chaumes, les incendies faisaient de terribles ravages. En 1777, puis en 1778, deux incendies à Bourdon eurent pour effet, l'un de détruire une centaine de maison (sinistre provoqué par un mari qui voulait brûler sa femme...), l'autre de laisser 55 ménages sans habitation [Inv. du C 925]. Prarond rappelle qu'au proche village de Long, l'incendie du 15 août 1837 marqua le siècle ! [Histoire de 5 villes et de 300 villages]. On voit encore un document de 1753 rédigé en des termes très semblables pour le village de Francières [BSEA 1912-14, p. 92].
[Recto] L'an mil sept cent quarante quatre, le vingt juillet sur les sept heures du matin, pardevant nous Antoine Patry, lieutenant de la terre et seigneurie de Letoille, Conde-Folye-Bas, en presence de Jean Brunel, le jeune, greffier ord(inai)re, s'est presenté Me François Robart, procureur d'office de d(it)e seigrie, lequel nous auvoit remontré que la pluspart des fours et cheminé dud(it) Letoille etoient très deffectueux, ce qui pouvoit causer une incendie dans lad(it)e paroisse. Surquoy, nous nous serions transporté dans ledit village de Letoille et dans toutes les maisons dudit lieu, avec Claude Lansel, sindicq, Antoine Beaussard, sergeant de d(it)e seigie, et Nicolas Durand – pour servir de masson – demt à d(it) Letoille. Et etant parvenus et avant proceder à lad(it)e visite avons d'jceluy Durand pris et reçu le serment en tel cas requis.
Et, etant à la maison de Jean Cormont, assisté et presence dud(it) Robart, procureur fiscal, avons trouvé le four d'jceluy deffectueux et hors d'etat de servir, lequel nous avons à l'instant fait crever par led(it) Durand ;
ensuite etant parvenus à la maison de Jean Tellier, avons aussy trouvé le four d'jceluy deffectueux et hors d'etat de servir, lequel nous avons aussy fait crever à l'instant par ledit Durand ;
ensuite etant parvenus à la maison d'Antoine Quignon, cabartier, nous aurions trouvé le four d'jceluy defectueux et hors d'etat de servir, lequel à l'instant l'aurions fait crever par led(it) Durand ;
ensuite etant parvenu à la maison de Marie Vasseur, v(euv)e de Jean Lottelier, le jeune, nous aurions trouvé le four d'jcelle fumant et hors d'etat de servir, lequel aurions fait crever à l'instant par le(dit) Durand ;
ensuite etant parvenu à la maison des heretaires [héritiers] d'Antoine Baussard, le jeune, occupé par Mathieu Vasseur, nous aurions trouvé le four d'jcelle maison hors d'etat de servir et à l'instant l'avons fait crever par l(edit) Durand ;
ensuite etant parvenu à la maison de Pierre Dulin, le père, aurions trouvé le four d'jceluy fumant et hors d'estat de servir et à l'instant l'avons fait crever par l(edit) Durand ;
ensuite etant parvenu à la maison de François Lejeune, dit Sedin, aurions trouvé le four d'jceluy fumant de tout part et hors d'etat de servir, lequel aurions fait aussy à l'instant crever par led(it) Durand.
Ausquels susnommés avons fait deffence de se servir à l'avenir de leurs dit four sans que prealablement ils ne soient entierement reparé ; et pour avoir bien? compris? les avertissement qu'ils leurs ont eté fait et signiffié et deument cont(rol)lé à Domart par Coffinier, [verso] de la part de messire Pierre Lenglois, chevaillier seigneur dedit Letoille, et avoir trouvé leurs dits fours defectifs, les avons condamné chacuns en leur particuliers à cinquante sols d'amende, en quoy les avons moderé. Et plus avant n'a par nous eté procedé à lad(ite) visite. En consequence, ordonnons que jceluy soit executé contre le(s)d(its) denommés, chacun à leur egard nonobstant toute opposition (ou) appellation, attendu qu'il s'agit de police. Meme, ordonnons que les delinquans seront tenus dans huitaine, pour tout delaye, de faire racommoder leurs dits fours pour eviter à incendie, le tout à peine de plus grande amende. Et avons signé avec led(it) procureur d'office, sindicq, greffier, sergeant et Durand le dit jour et an que dessus.
[Signé] Durand ; Patry ; Robart ; Lansel, saindicque de lestoille ; Brunel ; Beaussart
Controllé à Dommard le 28 juillet 1744. Reçu douze sols. [Signé] Coffinier.
Dernière mise à jour de cette page, le 8 mai 2006.