L'ETOILE ET SON HISTOIRE par Ghislain LANCEL

Le creusement d'une mare en 1861

Pourquoi voulait-on creuser une mare à L'Etoile en 1861 ? Pour abreuver les bestiaux, pensez-vous ? Presque perdu, cette mare fut d'abord pensée dans le cadre de la lutte contre les incendies. Mais il fut précisé qu'elle pourrait aussi servir d'abreuvoir...

La mare de l'Ecce-homo

L'an 1861, le quatorze août, le Conseil municipal de L'Etoile, après que Florent Lejeune, le maire présidant la séance ait "fait observer à l'assemblée, qu'à l'incendie qui éclata le 4 juillet dernier, la mare qui se trouve à l'extrémité ouest de la commune avait été d'un grand secours pour arrêter les progrès du sinistre. En perspective de nouveaux dangers de ce genre, la conseil, à l'unanimité, est d'avis, pour former une seconde mare à l'extrémité est, de faire l'acquisition d'une parcelle... Elle aura en outre celui (l'avantage) de servir d'abreuvoir pour cette partie du village qui en est privée". La parcelle appartient alors à Octave FRICOT et Julie TELLIER son épouse, et sa valeur est de 875 francs.

Comme d'habitude, les démarches sont longues mais l'agent voyer, consulté pour la convenance de l'emplacement au point de vue de la vicinalité et de la circulation rend une réponse favorable (19 février 1862). Se trouvant entre les Chemins de Flixecourt et de St-Ouen (près du carrefour de l'Ecce-Homo), il recommande seulement, pour la sécurité publique, d'établir une banquette gazonnée d'au moins 1,50 m de base le long de la mare, du côté St-Ouen où se trouvera l'entrée de la mare.

Le Préfet étant du même avis, l'achat peut avoir lieu. L'acte de vente est passé en juillet par-devant MToupart, notaire à Flixecourt. La parcelle est d'une aire de 11 ares 60 centiares, et se trouve située d'une part entre les héritiers de Théophile FRICOT et ceux de Parfait FLANDRE, et d'autre part entre les deux chemins (dits des Quatre-Journaux et d'Amiens !) Le prix est celui convenu. Une réserve signale que les vendeurs auront la faculté d'enlever à leur profit la couche de terre végétale se trouvant à l'emplacement de la future mare.


Plan en date du premier décembre 1861. La parcelle A est destinée à l'usage de la mare

Cette mare n'existe plus et il ne faut pas la confondre avec celle située un peu plus haut, aussi rue du Nouveau Cimetière. Elle se situait à environ 50 mètres du carrefour (juste après l'actuelle maison de Pascal Balbrich). Son existence est toutefois encore présente dans les souvenirs de quelques stelliens, lesquels donnent même le nom sous lequel elle était dénommée à l'époque : Le flot (mare, flaque d'eau, en ancien français).

 

L'emplacement de la mare était encore visible, entouré d'arbres, vers 1955 (photo de droite). On remarquera aussi au premier plan l'un des deux "Corps de garde" de L'Etoile, cellules de dégrisement à l'intention de ceux qui avaient un peu trop abusé de la dive bouteille, en même temps que refuge paillé à la porte toujours ouverte aux itinérants sans abri. Quelques années après l'implantation du nouveau cimetière vers 1953, ce flot étant devenu obsolète puisqu'il ne servait plus ni de mare ni d'avaloir d’eau de pluie, il s'avéra judicieux d'affecter ce terrain à un parking à l'usage de ceux qui se rendent au cimetière ainsi qu'à un garage pour le corbillard (photo de gauche) [Photos et commentaire J. Hérouart].

 

La seconde mare, celle qui existait alors déjà en 1861 à l'ouest du village, était certainement celle qui est visible sur les vieux plans napoléoniens de 1830. En forme de "L", elle empiétait sur la moitié de la largeur de deux rues..., à l'angle de la rue du Pont et de la rue des Ergones.

Une autre mare, encore existante

La mare citée ci-dessus n'est pas à confondre avec celle, encore existante et située presque au même endroit de la Rue du Nouveau Cimetière, mais un peu plus haut vers le coteau, à la sortie du village. Munie d'une pente d'accès (côte est), cette autre mare servait d'abreuvoir aux bestiaux qui paissaient aux alentours. Cimentée et alimentée par les eaux de ruissellement du coteau, elle conservait longtemps son eau. De nos jours elle présentait un danger, un risque de noyade pour les enfants tout en ne servant plus aux bestiaux. Le voisin a donc demandé que le fond bétonné soit éventré. Depuis, lors d'un gros orage la mare se remplit rapidement, limitant ainsi le ruissellement vers le village, mais une demi-heure plus tard elle est vide et donc sans risques pour les promeneurs.

 

Sources : ADS, 99 O 1618 (Chemise Mare). Remerciements : Jacqueline Chevalier et Guy Danten (plus connu sous le nom de Ch'Gaulois !) Crédit photographique : sauf mention, G. Lancel (2008).

Dernière mise à jour de cette page, le 11 août 2008.

 

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