L'ETOILE ET SON HISTOIRE par Ghislain LANCEL | |||
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La première page du recensement de 1926 du village de L’Etoile, canton de Picquigny, porte le récapitulatif manuscrit : 444 maisons, 438 ménages et 1509 habitants (lire toutefois 1504 habitants !). La synthèse détaillée se consulte logiquement aux dernières pages. Le nombre d’individus y est alors exact, 1504 personnes (12 étrangers, non compris 2 oubliés, logés au Château). L’effectif est donc stable par rapport à 1921 (1527 individus). Toutefois, dans le détail, on observe de grands changements. Les nouveautés concernent le Chemin de St-Ouen (4 maisons), en prolongement de la rue Gaillarde, et deux appellations de lotissements, la Cité des Vingt-et-une (maisons), alors dénommée « Cité route d’Amiens » (21 maisons, 95 habitants) et le Château (26 ménages-maisons, 92 habitants). Les Moulins-Bleus sont représentés par 175 maisons et 646 habitants, nombre en nette régression après le pic de 743 habitants en 1921. Ces aménagements rendent difficile la comparaison de ce relevé avec celui de 1921 (sauf pour les Moulins-Bleus, où l’ordre d’inscription est globalement inversé) : beaucoup de gens déménagent, tout en restant dans le village, ou s’installent comme jeunes mariés.
Le recensement est signé par le maire, Roger Roucoux, le 20 avril 1926.
Les transcriptions dans les fichiers informatiques sont toujours à lire avec un certain esprit critique. Ainsi, de nombreuses cases de ce recensement, comme celles du village d’origine, de la profession et du patron, ne portent que des guillemets. C’est évidemment un risque d’erreur, d’autant plus que ces guillemets ne se rapportent alors qu’à la dernière case non vide située au-dessus de celle-ci, case modèle parfois bien éloignée ! On relève ainsi ces enfants VALOIS (n° 1037 à 1043), tous des filles selon les guillemets, même pour Honoré et Maurice !
Autre curiosité, les maisons inhabitées de ce recensement de 1926 sont comptées pour un individu ! Le nombre exact d’habitants est donc de 1504 (et non de 1509, explication de l’erreur en première page). Ainsi, le nombre de ménages devient curieusement inférieur à celui du nombre de maisons !
Depuis le recensement de 1906 on devinait que le château accueillait des locataires. L’une des nouveautés de ce recensement est que cette fois le Château y est explicitement mentionné, au même titre que la Cité route d'Amiens. Pierre-Antoine-Eugène MAGNIER, cultivateur et maire de L'Etoile, avait acheté l’ancien enclos seigneurial en 1875, mais il était décédé peu après, en 1880. Sa fille Céline, célibataire, avait alors reçu en héritage le château (ainsi que 5 maisons et l’étang). Mais elle n'avait pas changé ses habitudes et continuait à habiter chez sa belle-sœur, rue Saint Martin. C’est alors que le château fut aménagé en appartements meublés. Les registres des propriétés bâties de 1926 confirment que Céline Magnier est imposable au titre de « loueur d'appartements meublés », pour la parcelle C 108 (le château), pour un revenu total de 1 115 francs ! De fait ce recensement comptabilise 91 occupants, répartis en 26 appartements ! Les locataires sont pour la plupart de nouveaux arrivants à L'Etoile.
En dehors de la Cité route d'Amiens (dite ensuite Cité des 21 maisons), au moins trois autres cités sont présentes, sans être nommées. C'est d'abord, c'est la Cité neuve n° 1, dite ensuite Cité Anthime Gigaut (Moulins-Bleus, maisons 416 à 429, juste après les mentions de l'usine et des magasins de la coopérative). Ses occupants se retrouveront d'ailleurs groupés, presque de même, dans le recensement de 1936 où cette citée est alors dénommée. Il en est de même pour la Cité des Prés, non dénommée, qui fait suite à la cité précédente dans le recensement de 1926 (Moulins-Bleus, maisons 430 à 444). C'est certainement aussi le cas de la Cité Beldame (Moulins-Bleus, maisons 279 à 286 et voisines).
En dehors du château transformé en HLM de luxe, la lecture minutieuse du recensement nous réserve parfois quelques surprises. Ainsi l’on apprend l’existence d’un Asile de nuit situé chemin de St-Ouen ! Ce minuscule bâtiment, encore visible sur des photographies des années 50, était appelé le "Corps de garde" par les habitants. Ne comportant que de la paille au sol, il accueillait les « gens du passage » ou encore les personnes saoules trouvées sur la voie publique ! Un autre "Corps de garde", plus ancien, se trouvait route de Flixecourt, près de la rue des Moulins-Bleus.
Parmi les autres surprises de ce recensement, l’on découvre une profession nouvelle, celle de chauffeur d’automobile (Théophile BORRY, belge, chauffeur de Paul HUTTEAU, impresario !) Et en cette fin du premier quart du XXe siècle, l’on n’hésite plus à mentionner 14 concubines, et même 2 concubins ! Pas de discrétion non plus pour 5 personnes qualifiées d’incurables !
Plus de 900 des recensés ne sont pas nés à L'Etoile. Les lieux d’origine sont très variés et plusieurs départements éloignés sont représentés, du Finistère au Puy-de-Dôme, en passant par Paris et sa banlieue. On compte aussi 14 étrangers, 9 belges, 1 indien (qui sera dit britannique en 1946), 2 italiens et 2 luxembourgeois, tous nés dans leur pays.
Probablement orphelins des suite de guerre, on compte 33 pupilles de l'Assistance Publique, présumés nés dans le département de la Somme.
L’employeur, sauf pour environ 75 personnes, est toujours Saint-Frères. On recense ainsi 703 personnes (avec quelques erreurs possibles, dues aux guillemets présents ou absents), âgées de 13 à 80 ans (dont 11 enfants), qui ont Saint-Frères pour patron.
De nombreux corps de métiers sont représentés chez Saint-Frères, société à laquelle se rattache sans toujours la nommer la coopérative [La Prévoyance] et des biens privés comme la ferme de Moreaucourt : ajusteur (2), apprenti mécanicien (2), bambrocheuse (7), bobineuse (3), bourrelier (2), bûcheron (1), camionneur (1), cardeur (4), charretier (2), chauffeur (2), chauffeur-livreur (1), chef de culture (1), cimentier (2), comptable (1), concierge d’usine (1), contremaître (6, dont un mécanicien, un de filature et un de tissage), couvreur (2), directeur d’usine (1), électricien (3), employé (20, dont 5 employés de commerce, un homme et quatre femmes), étirageuse (6), ferblantier (3), fileuse (128), forgeron (4), garçon boulanger (2), garde particulier (2), gérant de coopérative (1), graisseur (2), homme de peine (2), ingénieur électricien (2), jardinier (2), journalier (1), maçon (5), maréchal (1), mécanicien (30), menuisier (6), mouilleur de jute (4), ourdisseuse (2), ouvrier agricole (2), ouvrier de filature (3), ouvrier d’usine (187, dont 117 hommes et 70 femmes), pareur (8), peigneron (3), peigneur (1), peintre (5), pelotonneuse (10), peseur (5), régleur (2), releveur (?) de jute (1), soudeur autogène (1), surveillant (10), tisseur (147 dont 129 hommes et 18 femmes), tourneur (4, dont 3 en bois), trameur (38, dont 27 hommes et 11 femmes), veilleur de nuit (2).
Le directeur de Saint-Frères est toujours Henri FOURQUEZ, maintenant âgé de 61 ans.
Parmi les autres professions, on relève sept instituteurs (2 hommes et 5 femmes, avec la prise de fonction par le couple DESCHAMPS aux Moulins-Bleus), un secrétaire de mairie (Robert BELLARD), un curé (Alexandre COISY), deux employés des postes et deux facteurs, un gérant de la Ruche Picarde (Noël GODIN) et un gérant de l’Union (Maurice FOURNIER), un agent d’assurance à la Séquoinaise (Roger ROUCOUX), un médecin (Charles DEVAUCHELLE), et 35 patrons ou patronnes (apiculteur, bûcheron, charcutier, coiffeur, cultivateurs et autres couturière ou modiste).
On peut observer que l'âge moyen est de près de 33 ans (32,93). La doyenne est Marie NORTIER, veuve DUCROTOY, rentière, 91 ans (à une semaine près !)
Dernière mise à jour de cette page, le 11 octobre 2005.