L'ETOILE ET SON HISTOIRE par Ghislain LANCEL

Armoiries Varennes (1282-1379)

Représentation des armes de la Maison de Varennes : (a) selon l’armorial Vermandois, le sceau A 666 de l’acte de 1312, et autres ; (b) de Jean I de Varennes, du vivant de son père, en 1274, selon le sceau A 665 ; (c) de Jean II de Varennes, du vivant de son père, en 1312, selon sceau A 667.

 

La famille de Varennes devint en possession de L’Etoile par l’alliance de Jean I avec Agnès d'Amiens en 1282. La Maison de Varennes portait de gueules à la croix d'or (rouge avec une croix jaune), ainsi qu’il est établi dans de très nombreux armoriaux généraux [Popoff, qui cite par exemple l’armorial de la Toison d’Or]. Les brisures, dont c’était la pleine époque, seront clairement mises en évidence en 1312 par un parchemin où sont appendus les sceaux du père et du fils, Jean I et Jean II de Varennes. La seigneurie se transmettra de père en fils – tous des Jean –, durant trois (ou quatre) générations, jusqu’en 1379.

 

On connaît les armes de Jean I, en mars 1275, par son sceau (rond, 46 mm) appendu à son acte de vente au comte d'Artois des ville et terroir d’Aubigny, Ecu à la fasce accompagnée d’une merlette au canton dextre (écu, coupé d’une bande centrale horizontale, portant en haut à gauche une merlette), X S IEhANS DE VARESNES ESCVIER (Seel Jehan de Varesnes, escuier) [ADP, A 23 (à vérifier) ; Demay Artois n° 665 ; Cliché AN, sigillographie]. L’acte ne laisse pas entendre que son père est décédé, et de fait on observe que les armes de Jean portent des brisures très importantes (suppression de la branche verticale de la croix et adjonction d’une merlette).

Par chance on dispose également de ses armoiries, quelques années plus tard, dans une copie de l’armorial Vermandois (1280-1300), au titre « s’ensuivent les armez dez Vermendisiens et Beauvoisiens ». À cette date « Jehan de Waresnes porte de gueulles à une croix d’or » [BN, fr 2249 (copié vers 1400), f° 50 r°, n° 196 (selon Popoff)]. Son père est donc mort, et il porte les armes pleines.

 

En 1312 (le 17 août), la vente de la ville de Becquerelle par Jean I de Varennes et son fils Jean II à la comtesse Mahaut d’Artois permet d’avoir la confirmation que Jean I porte bien alors les armes pleines de la maison de Varennes, tandis que c’est son fils, Jean II, qui adjoint une brisure à son blason par la présence d’une merlette (mais de profil différent de celle qu’avait porté son père et cette fois en gardant la croix entière). Plus précisément, le sceau (rond, 36 mm) de Jean le père, sire de Labroye, devenu chevalier, est un écu à la croix, entouré d’une une rosace, X S’ : IehAN : DE : VA….ES : ChEVALIER (Seel Jehan de Varennes, chevalier) [ADP, A 58 (à vérifier) ; Demay Artois n° 666 ; Cliché AN, sigillographie]. Le petit sceau (hexagonal, 20 mm) de Jean II, fils aîné – précise l’acte –, aussi sire de Labroye, appendu au même document est un écu à la croix, brisé d’une merlette au canton dextre (écu formé d’une croix, portant une merlette en haut à gauche, pour l’observateur), dans deux élégants trilobes entrecroisés, S’ Iehan …..RE… (Seel Jehan de Varennes) [ADP, A 58 (à vérifier) ; Demay Artois n° 667 ; Cliché AN, sigillographie].

 

Il faut attendre mai 1325 pour trouver à nouveau un sceau d’un Jean de Varennes, encore appendu presque entier au bas d’un acte de ratification de l'achat du travers de Longueau. Ce sceau rond est de grande taille ( 58 mm) et représente le chevalier sur sa monture, brandissant une épée. Il présente surtout un contre-sceau aux armes pleines dans un quadrilobe. En admettant que Jean I n’ai pas modifié son cachet, ce sceau ne peut alors être que celui de son fils Jean II (voire de Jean III ?), le quadrilobe présentant d’ailleurs des similitudes avec les trilobes enchevêtrés de 1312. Les armes pleines impliquent naturellement que Jean I soit décédé. Le sceau se décrit ainsi : type équestre sur champ fretté (bandes et barres entrelacées) ; casque conique cimé d'un dragon ; le bouclier, l'ailette (pièce que les chevaliers portèrent à partir du XIVs. sur l'épaule pour protéger l'articulation du cou au tronc) et la housse (du cheval) portant une croix (ses armoiries) ; X + SEE………NE ..EVA..ER + (Seel Jehan de Varenne, chevalier). Le contre-sceau (22 mm) est un écu portant une croix dans un quadrilobe : S' IEhAN DE VAREÑES ChEVALIER (Seel Jehan de Varennes, chevalier) [4 G 2295 – Demay, Picardie n o 654 et 654 bis – Cliché AN, sigillographie].

 

Pour Jean III (époux de Jeanne de Cayeux) on ne dispose plus d’aucun sceau original connu, mais l’on rapporte qu’en 1333 son sceau était à la croix pleine [MSAP, t. 18, p. 229]. Il en résulte qu’il était l’aîné des fils et qu’à cette date son père était décédé (ce décès est confirmé dans un acte de 1334). Aucune mention d’un sceau de Jean IV n’est connu.

 

 

Signalons enfin que la croix, figure principale de la maison de Varennes, était portée à l’époque avec variantes et adjonctions par bien d’autres membres de cette famille. En voici quelques exemples en forme de questions. Le frère puîné de Jean I serait-il Guillaume de Varennes, chevalier en 1302, portant pour armes à la croix chargée de cinq coquilles ? Est-il justifié de le supposer père de Jean de Varennes (encore un Jean …), écuyer du bailliage de Meaux en 1339, portant à la croix ancrée (brisure du vivant de son père ?) chargée de cinq coquilles… Et ce Jean est-il à confondre, ou est-il cousin, avec cet autre Jean, chevalier en 1340, portant à la croix chargée de cinq coquilles et accompagnée d’une merlette en chef et à dextre ? [Demay, Clairambault, n° 9236, 9240, 9241 etc. (Service de guerre, quittances de gages, etc.)].

 

 

Armoriaux : Très nombreux [Popoff]. Voir aussi Willems, Blasons picards, p. 113 (armes du père ( ?) au tournoi de Compiègne).

 

Publication et blasons reconstitués : Ghislain Lancel.

Première publication, le 29 septembre 2014. Dernière mise à jour de cette page, idem.

 

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