| L'ETOILE ET SON HISTOIRE par Ghislain LANCEL |
La Maison de Mailly apparaît dans la liste des seigneurs de L'Etoile à la jonction des XV e et xvi e siècle, par suite de l'alliance entre Ysabeau II d'Ailly et Jean III de Mailly. Cette puissante et très ancienne famille tenait son nom du village de Mailly-Maillet (C on d'Acheux, Arr. de Doullens), lequel est distant de L'Etoile d'environ 45 km.
Les généalogies et publications concernant les Mailly sont très nombreuses [Saffroy, t. 3, p. 491-3]. On a retenu, parmi les publications présentant des preuves, le Nobiliaire de Picardie de Villers de Rousseville, rédigé entre 1708 et 1717, pour ses trois grandes pages imprimées reproduisant des extraits de justificatifs produits devant M. Bignon pour justifier de la noblesse et aussi pour ses armes peintes en couleur [BMA, Pic 40, p. 262 et suivantes (en double, dont une liasse signée Bignon)]. Pour la période concernant L'Etoile l'ouvrage principal est L'Extrait de la généalogie de la maison de Mailly (dit Généalogie de la Maison), œuvre anonyme (reconnue de Pierre Lucas, dit le Père Simplicien), imprimé en 1757 (avec des paginations distinctes pour la généalogie et pour les preuves). Enfin la généalogie récente la plus sérieuse et la plus complète est l'Histoire de la Maison de Mailly par l'abbé Ambroise Ledru, publiée en 1893 [LEDRU (Ambroise), Histoire de la maison de Mailly, Paris, 1893, t. I p.11, 144-145, 149-152, 160-162, 174-179, et pl. I (armes) ; et t. II (preuves) p. 236, 258 et 266‑7 (BMA Pic 2040)]. Groué dans Aux confins de la Picardie .. ., publié en 1992, donne quelques précisions sur cette famille à propos de Bouillancourt-en-Séry.
Jean II de Mailly, issu de la branche aînée de la famille, seigneur de Mailly et de nombreuses localités sises dans le Vermandois et dans les prévôtés de Montdidier et de Péronne, troisième fils de Colard et de Marie de Mailly, épousa (vers 1426) Catherine de Mametz, dame de Ravensbergh et de Cayeux, dont il eut :
1) Nicolas, dit Payen de Mailly ;
2) Jean III, qui suit ;
3) Jeannet, seigneur de Grivesnes, Gratibus, etc. ;
4...) Ferry, Hutin, Robert, Marie (signalée dans les arrêts de 1513 et 1514)...
Jean III de Mailly [Jean IV selon Anselme], possesseur de la plupart des seigneuries qui avaient appartenu à son père, Jean (01) [Une note de Groué [p. 240] envisage la possibilité d'un Jean supplémentaire, époux de Isabelle de Cailleux, qui seraient les parents de Jean III.], né après 1427 (puisque deuxième fils), trépassé le 22 (ou 27) mai 1505 et inhumé dans l'ancienne église des Cordeliers à Mailly (commune de Mailly-Maillet) " chef du nom et des armes dudict Mailly, chambellan des roys Louis XII et Charles VIII, baron dudict Mailly, [gouverneur du] comté d'Eu, seigneur [du Roch-de-Cayeu], Bouillancourt-en-Séry, Delicour-sur-Mer, Contoille, Bours, Ravensbergue, Lorsignol, Martinsart, Beaufort, Boullencourt ", ainsi que l'attestait l'épigraphe gravée sur son tombeau. Jean n'est donc pas mentionné seigneur de Lestoille (sauf erreur de transcription à propos de Contoille, ce village n'étant pas reconnu). Il paraît certain que son cercueil en plomb, ainsi que ceux de sa femme et de leur fils Antoine, furent transportés vers 1870 dans la chapelle castrale [ La Morlière, Maisons illustres…, p. 236. – BSAP, t. 43, p. 247]. Il fut fait chevalier au sacre du roi Louis XI, le 15 août 1461, et fut probablement seigneur de Mailly-aux-Bois dès l'année 1463. Il ne deviendra seigneur de L'Etoile que par alliance.
Il épousa par contrat du 13 octobre 1479, passé devant Jean Harlé, lieutenant du bailli d'Amiens, Ysabeau II d'Ailly, fille de Jean, vidame d'Amiens, et de Yolande de Bourgogne. Elle était vivante en 1517 [Amiens, FF 41, f o 2] et encore en 1519, année de son testament passé le 9 juillet [Rousseville, Mailly, XIII] ; elle fut inhumée à Mailly (voir ci-dessus). Jean était son cousin au 4 e degré [3 G 511/3]. En contrepartie de dotations importantes, l'épouse recevait 900 livres de rente et acceptait de renoncer au droit du quint familial, au profit de son frère, Charles d'Ailly, tandis que les parents des époux s'engageaient à faire diligence pour avoir l'assignation d'une somme de 10 000 écus d'or promis par Louis XI à Isabeau d'Ailly [Simplicien, p. 3 des preuves]. Les dites 900 livres furent hypothéquées en partie pour l'investiture de la terre de Vinacourt [Ledru, t. 2, p. 235] On sait que les terres et seigneuries de Vignacourt et de Flixecourt (mais L'Etoile n'en faisait pas partie), qui étaient tenues en un seul fief et pairie de l'évêché et furent données en dot à Ysabeau par son père en la mariant, avaient été saisies par l'évêché en juillet 1482 pour avoir été données sans le consentement de l'évêque [3 G 512/19]. Ysabeau, est représentée agenouillée dans le magnifique oratoire votif de la façade de l'église de Mailly [Voir la description et l’excellente reproduction dans Picardie Historique et Mon., t. 5 (canton d’Acheux), p. 93-94 et autres.] en compagnie de sa patronne Sainte Elizabeth de Hongrie, avec ses armes (en pointe de Bourgogne) et celles de son époux représentées sur un pennon carré placé en haut du pavillon (voir la représentation dans Ledru, t. 1, p. 163). La présence d'un vitrail moderne représentant Ste-Elizabeth (n° 8 de l'église de L’Etoile) trouverait-elle son explication dans le souvenir d'un vitrail original offert par Ysabeau ?
Il semblerait qu’Ysabeau d’Ailly, ait gardé le fief des Marais de L'Etoile jusqu’à la vente le 22 Juillet 1516 (la veille de celle de la seigneurie), un compte au long lui est en effet attribué en 1510 « compte au long, rendu le 17 novembre 1510, à Isabeau d’Ailly. En ces termes : Taille de Communauté « Item, les sujets de ladite seigneurie de l’Etoile pour les Marais qui sont communs entre-eux, qui doivent chacun an à madite dame, au terme de Toussains pour cette année, la somme de 19 liv., de laquelle somme il n’a été payé que 9 liv. 10 sols, pour che que lesdits sujets disent que madite dame leur en a quitté moitié, pour che que les Marais sont de petite valeurs... ». Toutefois la vente aurait curieusement été effectuée par « Charles de Picquigny, fils de Jean » [CP_PM_1, p. 4].
Postérité :
1 - Antoine qui suit ;
2 - Adrien, qui suivra.
Les terre et seigneurie de L'Etoile étaient possédées par la branche de l'épouse et furent nécessairement transmises à celle-ci, mais à une date inconnue, probablement peu après le testament rédigé par son père, Jean d'Ailly, le 23 novembre 1500. L'Etoile n'est cité qu'une seule fois au cours de la vie des époux, et c'est au nom de Jean de Mailly, quelques mois avant son décès, lors de la transmission de L'Etoile à son fils : le 5 juillet 1504 Jean de Mailly cède la terre et seigneurie de L'Etoile à son fils Antoine de Mailly [Ledru, t. 1, p. 175, qui cite : Arch. de La Roche-Mailly. " Extrait d'un registre aux saisines de l'abbaye de Saint-Riquier. "].
Publication Ghislain Lancel, d'après des recherches effectuées avant 2008 (avant l'accès aux puissants moyens informatiques actuels...)
Première publication, le 9 juin 2014. Dernière mise à jour de cette page, idem.