L'ETOILE ET SON HISTOIRE par Ghislain LANCEL

Armoiries Leblond (1516-1675)

Leblond (1516-1675). Représentations (a) d’après la pierre gravée qui se trouvait derrière l'autel de l’église de L’Etoile ; (b) d’après le blason peint par Rousseville [BMA, Ms 2132, p. 54].

Leblond

Les Mailly furent les derniers représentants des grandes familles de la noblesse picarde. Arriva ensuite un Antoine Leblond, dont la noblesse fut néanmoins reconnue par des titres du XVe siècle produits en 1664. Il serait agréable de pouvoir connaître précisément les armoiries de cette branche des Leblond, branche qui ne se développa qu’à L’Etoile mais qui fut associée à ce village durant plus de 150 ans. Malheureusement, aucun document original n’est connu ! Il en sera d’ailleurs presque de même pour toutes les familles de seigneurs de L’Etoile qui leurs succéderont, armoiries et sceaux étant alors passé de mode. Les tournois ont alors disparu depuis bien longtemps et maintenant ce n'est plus le cachet de cire avec les armes, mais la signature manuscrite qui s’appose au bas des actes.

Le blason le plus ancien connu pour cette famille Leblond est celui d’un chantre du prieuré de Moreaucourt qui y vécu très certainement au XVe siècle [Jean Michaud, Centre d’Etudes Supérieurs de Civilisation Médiévale (CNRS de Poitiers), Communication d’après photographies détaillées, décembre 1999] et donc avant l’arrivée des Leblond à L'Etoile. Ce blason est signalé par G. Cahon, qui l’a redécouvert dans un angle d’une partie de pierre tombale, mais la lecture de l’épitaphe qu’il propose dans son fascicule est incorrecte (lire CANTRE DE LEGLISE, et non cantre désis) [Cahon G., Moreaucourt V, p. 6 (et planche page suivante)]. L’auteur signale toutefois que la description en fut donnée par l’abbé Olive après une visite effectuée en 1932. Dans l’ouvrage de J. Hérouart on retrouve ces armes accompagnées d’une représentation (présumée reconstituée par G. Cahon) « D’azur à un chevron de vair accompagné de trois tours de gueules, deux en chef, une en pointe » [L’Etoile mon Village, p. 2 (dernières lignes) et 3 (haut)]. Signalons que le vair n’apparaît pas (plus ?) sur le blason de la pierre tombale (aujourd’hui replacée verticalement dans un mur rénové) du prieuré et que la forme des tours y est verticale et non trapézoïdale comme on le voit sur le dessin. Le chevron, que l’on ne retrouvera plus ensuite, semble donc avoir été l’élément principalement modifié dans les brisures familiales.

Une monographie de la famille Le Blond donne pour armoiries : Armes d'argent à trois tours ou portes de gueules à deux manteaux ouverts, posées 2 et 1, crénelées de sable et herselées en sautoir, aussi de sable. Les Leblond devenus seigneurs de L'Étoile ajoutèrent : à l'endroit de l'intervalle des deux premières tours une étoile d'or. Ces Blond avaient pour cri : la porte ou estoigneront ! [Abbé J. Hoin, BM d'Abbeville, M 344, p. 33]. Remarquons que ces tours ou portes semblent accréditer la thèse qui veut que Le Blond soit le sobriquet (couleur des cheveux) d’un ancêtre dont le patronyme était en réalité La Porte [Buteux – Hoin]. Le chevron est donc remplacé dans cette description par une herse (à moins que ce ne soit le contraire). On trouve à nouveau dans L'Etoile mon Village une reconstitution de cet autre blason, ainsi qu’une description voisine « D’argent à la herse de sable, accompagnée de trois tours de gueules, deux en chef, une en pointe » [ouvr. cité, p. 3 (bas)] qui est tirée de Goze, lequel ne justifie pas : d’argent à la herse de sable accompagnée de 3 tours de gueules, 2 en chef, 1 en pointe [Goze, Mémorial du Dimanche (1863), BMA Pic 21692, p. 296 – Willems, Blasons picards, p. 40]. L’Etoile d’or signalée semble encore un élément de brisure, mais aucune autre mention ou représentation n’en est connue. Antoine I de L'Etoile eut-il ce blason en attendant le décès de son père, ou était-ce sont frère Robert qui était l’aîné et Antoine qui dut porter une brisure de cadet ?

Les armoiries qui étaient visibles sur une pierre gravée, derrière l'autel de l'église de L’Etoile, furent détruites à la suite de l’incendie et ne sont plus connues que par une photographie du service des Antiquités et Objets d'Art (ci-dessous), et par une autre réalisée vers 1982 par J. Hérouart, alors adjoint au maire du village. Sur la seconde photographie on constate que le blason était déjà partiellement endommagé par l’effritement de la pierre mais on y distingue incontestablement 3 tours placées 2 et 1, la dernière étant la plus nette et ressemblant plus à une tour de moulin sans ailes qu’à une tour militaire... L’écu est supporté par deux lions (ou chiens ?) et surmonté d’un heaume (?) empanaché. La photographie et un dessin (de reconstitution à nouveau assez approximative) figurent dans l’ouvrage [J. Hérouart, ouvr. cité, p. 5 et p. 4].

  

Les armoiries ne sont représentées en couleur que dans un seul ouvrage, un nobiliaire manuscrit attribué à Rousseville (vers 1700). Il en donne la description, malheureusement arrachée sur le bord, mais assez conforme à celle de l'abbé Hoin : Le Blond porte d'a[rgent] à 3 portes de chastea[u] de g(ueules), à 2 manteaux ouverts ; les herses, les ... [sic] et le pont[t]-levis de sa [deça ?] les doubles garderobes d'or et d'azur [BMA, Ms 2132, f ° 54].

 

Publication et blasons reconstitués : Ghislain Lancel. Crédit photographie (blason cassé) : Jacky Hérouart.

Première publication, le 27 octobre 2014. Dernière mise à jour de cette page, idem.

 

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