L'ETOILE ET SON HISTOIRE par Ghislain LANCEL

Pierre Langlois de Septenville (1732? à 1748)

 

On ne sait pas précisément ni quand ni où est décédé Pierre I Langlois, et seule une publication [Fournier] mentionne que c'est en Amérique. Toutefois un extrait des Annuaires de l'Armorial de SAINT-DOMINGUE (mentionnant une date du 14 juin 1754) rapporte qu'une branche passa à Saint-Domingue et que l'autre resta en Picardie [Web]. Il s'en suit une période floue durant laquelle Marie-Madeleine Dincourt, sa veuve usant de ses droits de par la communauté des biens, fut seigneur, ou plutôt Dame de L'Etoile. On sait que de leurs enfants, Pierre II, fils aîné, avait été prédestiné seigneur de Septenville, Courcelles, Fosse-Bleuet et autres lieux, tandis qu’Honoré était pressenti seigneur de L'Etoile, Condé-Folie et autres lieux. Mais on ne relève qu’une mention où Honoré est dit seigneur de L'Etoile, encore n’est-ce que par un extrait d’acte du mariage de son frère où il est témoin en 1745. Par contre on trouve plusieurs traces de gestion de L’Etoile par Pierre et sa mère (reliefs de fiefs de L’Etoile en 1734 et 1736, etc.) Toutefois et dès 1736 c'est bien à la localité de Courcelles-sous-Moyencourt que Pierre II se consacre, et probablement, y habita-t-il en priorité. Aussi voit-on en novembre 1739 que c’est à la requête de Madame Dincourt, que sont adjugés les bois de L'Etoile [2C 1190, f° 71]. Vers 1750 il fit réparer comme neuf le château qu'habitait son père à Courcelles [BSEA, t. 28, p. 40]. Sa présence à L'Etoile est tout aussi attestée. Lors du partage de 1748 tous les meubles, vaisselle, bijoux et chevaux se trouvant dans le château de L'Etoile lui reviennent. Ce n'est certainement pas ce qui avait été envisagé par son père car c'est Honoré, son frère cadet, qui portait le titre honorifique de sieur de L'Etoile. Celui-ci, bien qu'habitant Paris, signa donc toujours Langlois de Letoille, et ce, au moins jusqu'à ce partage de 1748, lequel attribuera finalement la seigneurie de L'Etoile au gendre, J.-Bte Claude de Calonne, déjà seigneur de Bouchon.

Pierre II Langlois de Septenville (fils de Marie-Madeleine Dincourt)

Pierre II Langlois, dit Langloys de Courcelles, fils aîné de Pierre I et de Marie-Madeleine Dincourt, baptisé le 2 janvier 1712 (né la veille) à Amiens, paroisse St-Rémi [5 Mi D 1079], chevalier, seigneur de Septenville, Courcelles-sous-Moyencourt (Somme), Fosse-Bleuet (hameau de Courcelles), L'Etoile, Condé-Folie et autres lieux (Louvre ?, Fouancamps ?, Bois-Laurant, Salouel, Bois ? St-Elier, Bonneuil, Lecques ?, partie ? de Bouchon, Longuet et encore autres lieux selon les arch. privées), décédé le 4 mai 1770, âgé de 58 ans, inhumé le 6 du même mois dans l'église de Courcelles-sous-Moyencourt [Des travaux de réfection du dallage de l'église, demandés par M. de Pontevès, ont mis à jour ce qui semblait un caveau, mais il n'y a pas de dalle funéraire portant mention de Langlois (M. de Pontevès, 1996)], en présence de plusieurs seigneurs et de tous les habitants de la paroisse [2E 218/2 – AC Courcelles]. Fils aîné de Pierre I, il en fut l'héritier féodal et accorda en 1636 un relief à l'abbaye de Saint-Ricquier pour la seigneurie de L'Etoile et pour les fiefs voisins [25 H 2, f° 373]. Néanmoins son frère cadet signera Langloys de Letoille jusqu'au moins en 1748. Pierre II demeurait à Amiens en 1748 [AN, mc, LXXIII/750]. Il y possédait deux maisons contigües, Grande rue St-Denis, l'une qu'il habitait et l'autre qu'il louait [BSEA, t. 28, p. 38]. Il était receveur des gabelles en 1742 [BMA, Ms 1215/18 (BSEA, t. 28, p. 37)]. Ses armes, d’argent aux chevons de gueules à trois têtes d’aigles de sable [arch. privées], sont surprenantes et ne peuvent être que des brisures du vivant de son père.

Agé d'environ 8 ans il était écuyer et portait le titre de sieur de Courcelles. Il signait alors d'une écriture très scolaire Pierre Langloys de Courcelles en 1720 [E dépôt 1429, p. 101 (parrain le 20 octobre 1720)]. Puis sa signature s'affirma, Langlois de Courcelles, en 1727 [E dépôt 1429, p. 139 (témoin)], et demeura presque inchangée en 1738 (Langloys...) [mariage de sa sœur, 5 Mi D 409], et en 1748 [AN, ouvr. cité].

Il épousa en premières noces, le 18 juillet 1745 [Extrait du contrat de mariage au registre de Doudan et de Rœux, notaires à Bapaume (Pas-de-Calais), dans BMA, Ms 1215/31 [BSEA, t. 28, p. 38]. – Les minutes de Me Marc-Antoine Derœux et de Me Guislain-François Doudon, notaires à Bapaume, ont toutes été détruites pendant la première guerre mondiale...], Marie-Jeanne-Joseph-Guillaine de France, fille de Charles-Alexandre de France, baron de Vaux (62390 Auxi-le-Château ?), marquis de Noyelles, vicomte d'Eps (vieille famille de noblesse artésienne), inhumée le 10 juillet 1746 (deux mois seulement après une naissance) dans le cloître du cimetière le St-Denis (à Amiens), décédée la veille, âgée de seulement 24 ans, paroisse St-Michel [5 Mi D 140 (décès)].

Postérité du premier lit :

1) Marie-Charles-Alexandre-Pierre-Guislin, né le 8 mai 1746 et baptisé le 11 mai à Amiens (St-Michel), décédé en 1753, âgé de 7 ans [BSEA, t. 28, p. 38 – 5 Mi D 140].

Mariage en secondes noces. Après avoir délaissé la seigneurie de L'Etoile par la donation partage de 1748, Pierre II épousa en secondes noces, par contrat de mariage du 14 septembre 1751, Marguerite-Julienne Pajot, fille de messire François Pajot d'Hardivilliers, écuyer, et de dame Françoise Jauvrot [AN, mc LI/972, Me Hachette (14 septembre 1751)]. Marguerite-Julienne est née le 12 janvier 1726 et décédée le 8 octobre 1788 [Arch. privée]. Dès son mariage elle signa Pajot de Courcelles. Pierre fut chevalier des Ordres du roi [Arch. privées], administrateur général des postes dès 1765. À partir de 1766 les époux louèrent à Paris, au 11 Grande rue du faubourg St-Honoré, un hôtel nouvellement construit, moyennant 1300 livres par an, où ils vécurent confortablement, servis par 7 domestiques... L'inventaire après décès de l'époux montre toutefois que sa charge d'administrateur ne l'avait guère enrichi, il avait vendu beaucoup [BSEA, t. 28, p. 33, 38-40].

Postérité du second lit :

Au décès de la seconde épouse, celle-ci laissait six enfants vivants :

1°) Louis-Léon, né à Courcelles le 16 juillet 1752 (bapt. le 30), héritier du domaine de Courcelles, lequel fut vendu aux Gomer en 1826 ;

2°) Léon né à Courcelles le 10 janvier 1754 ;

3°) Marie-Flore-Aglaée, née le 27 mai 1755 et baptisée le même jour à Amiens (St-Michel) ;

4°) Charles-Alexandre-Ferdinand, né le 4 novembre 1756 et baptisé le même jour à Amiens (St-Michel) ;

5°) Louis-Auguste, né le 4 février 1759 et baptisé le même jour à Amiens (St-Michel) ;

6°) Henri-Jules, né à Courcelles le 16 septembre 1760 [BMA, Ms 1215/98 verso (avec postérités) – 5 Mi D 140].

Les faits concernant L'Etoile

1733. Visite des fours et cheminées demandée par Dame Marie-Madeleine Dincourt [2C 1187]

1734 (16 octobre) : relief par Pierre Langlois, fils et héritier féodal de Pierre, pour le fief des Marais. C'est le dernier relief connu pour ce fief [E 143. – DA, Précis... p. 5].

1735 (26 mars) : Messire Pierre (II) Langloys, chevalier, seigneur de Septanville, Courcelles, Fosse-bleuet et autres lieux (mais L'Etoile n'est pas cité et il signe Langloys de Courcelle !) est parrain de Pierre Flandre, fils du garde du bois de Létoille. La marraine est l'épouse d'Antoine Patry, lieutenant de la seigneurie de Létoille [5 Mi 770, f° 275 v°].

1736 (3 février) : sentence qui a "enjoint au sieur de Septenville de détruire le lieu", une partie du coulant du Moulin-Bleu (?) nuisible à l'écoulement des eaux et aux poissons. Il refuse de s'exécuter [Flix., FF 14/2].

1736 (4 février) : relief au nom et profit de Pierre II, pour les trois fiefs de L'Etoile, Condé-Folie-Bas et Fontaine-Thuraude, circonstances et dépendances [25 H 2, f° 373 – Hénocque, t. 3, p. 318].

1744 (juillet) : vérification des fours fumants. Messire Pierre Langlois est chevalier seigneur de L'Etoile [AC Flixecourt II 3/6].

1748: M.-Madeleine d'Incourt renonce à la communauté des biens, par acte passé devant Le Dieu, notaire à Amiens (6 février) [3 E 31001]. Liquidation et partage de la succession de Pierre I Langlois en trois parts avec compensations de telle manière que chacun dispose d'une valeur de 75 000 livres : la terre et seigneurie de L'Etoile passe à son gendre, J.-B. Claude de Calonne. La valeur doit voisiner les 200 000 livres puisqu'il doit rendre 75 000 livres à Ménelé-Honoré et encore exclure les meubles qui reviennent à Pierre II. [AN, mc, LXXIII/750 (13 févier)]. M.-Madeleine continuera probablement à habiter le château puisqu'elle y décédera en 1762.

1748/9 "Sentence rendue par le bailli du temporel du Chapitre, entre Marie-Madeleine Dincourt, veuve de Pierre [I] Langlois, seigneur de Septenville, et Mathieu Decoisy et Angélique de Montigny sa femme" (B 822) [Inv., p. 264]

(1750 environ : nouveau château à Courcelles, après démolition du précédent [M. de Pontevès])

1762 "Dame Marie-Madeleine Daincourt, veuve de messire Pierre [I] Langloy, seigneur de Courcelles, L'Etoile et Condé Follies, décédée au château de LEtoile, âgé de 78 ans, le 26 juillet 1762, inhumée le 27 dans l'église, en présence de messires J.-Bte Claude Nicolas Baltazard de Calonne et Louis Michel, chevalier de Calonne, ses petits fils (f° 638)" [E suppl.].

 

 

Publication Ghislain Lancel.

Première publication, le 20 juillet 2015.

 

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