L'ETOILE ET SON HISTOIRE par Ghislain LANCEL | |||
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La récente découverte dans un jardin des Moulins-Bleus (début octobre 2006) d'un pichet du Beauvaisis du XVe siècle relance l'intérêt des découvertes d'ossements humains et de poteries aux Moulins-Bleus, pour la connaissance de notre passé, en liaison avec le GRECB (Groupe de Recherches et d'Etudes de la Céramique du Beauvaisis).
On sait par ailleurs qu'un très grand nombre de tessons de céramique du Beauvaisis ont été retrouvé au prieuré de Moreaucourt, et qu'ils ont même amené G. Cahon, responsable de fouilles, à dater l'avant dernière destruction de ce prieuré entre les toutes dernières années du XVe siècle et les premières années du XVIe siècle. La mise à sac et destruction brutale du prieuré serait à attribuer aux impériaux, en 1493 [GRECB, Bull. 4 de 1977, p. 58 et Moreaucourt V].
« Papa, viens vite, j’ai trouvé quelque chose ! » Cela se passait le 6 octobre 2006, dans le jardin situé derrière l'habitation du 163 rue des Moulins-Bleus, en creusant à la bêche une rigole de seulement 15 cm de profondeur sur deux mètres long, en bordure de thuyas pour y planter des tulipes. Valérie Hérouart, venait de mettre à jour un très beau pichet en grès du XVe siècle !
L'objet, seulement cassé en quelques morceaux, a été déterré avec soin, reconstitué et recollé. Il mesure 17 cm de haut, pour des diamètres de 7 cm à la base et 10,6 cm pour la panse. Jean Cartier, animateur du GRECB, en donne la datation et les caractéristiques : "Très beau pichet en grès du Beauvaisis, qui date du XVe siècle, c’est certain (cannelures horizontales sur la panse ; pied haut et angulaire ; col droit et haut). Cette pièce est très intéressante."
Dans ce même jardin, il y a environ 36 ans (1970), Jacky Hérouart avait trouvé un autre pichet de même forme, vernissé, avec un bec verseur et comportant une poignée aussi de même forme, bref, de mémoire en tous points ressemblant, peut-être un peu plus grand (25 cm de haut ?). Ce pichet avait alors été expertisé par un antiquaire d'Amiens ayant boutique en face de la cathédrale, comme étant lui aussi du Beauvaisis du XVe siècle. Malheureusement, le pichet avait subit de grands dommages, cassé par la pioche en de très nombreux petits morceaux. Recollé, la colle n'avait pas tenu ; en le prenant il était tombé et s'était cassé à nouveau, cette fois en mille morceaux. Il a disparu à tout jamais... dans la poubelle.
Ce petit pichet, mesurant 11 cm de hauteur, avait aussi été trouvé dans le même jardin que les précédents.
La datation en est plus difficile, à partir d'une photographie. Jean Cartier propose : "Petit pichet en terre rouge très dégraissée, production locale de la Somme. On pourrait avancer timidement une date qui tournerait autour du XVIe siècle."
Plusieurs bouteilles en grès, trouvées au 162 de la rue St-Martin (jardins contigus au 163 de la rue des Moulins-Bleus), lors du creusement des fondations de l’habitation, vers 1970. Les caractéristiques de la bouteille ci-contre sont bien connues : "Bouteille à cidre en grès du Beauvaisis, deuxième moitié du XIXe siècle. C’est une bouteille à cidre bouché du Bray" [J. Cartier].
Outre les squelettes trouvés en grand nombre, ce secteur des Moulins-Bleus, triangle situé au sud-ouest des rue St-Martin et rue des Moulins-Bleus, semble riche en objets divers témoignant d'un passé encore énigmatique, témoin, dans ce même jardin, cette dalle en grès, ce goupillon et ces doseurs de poudre de cartouches à fusil !
En 1981, lorsque la commune avait mis en place le réseau d’assainissement, Jacky Hérouart avait fait creuser une tranchée pour raccorder son installation au réseau. Creusant dans sa cour pour exécuter une tranchée, il avait été mis à jour, à environ 30 à 40 cm de profondeur, une énigmatique dalle en grès d’environ 30 à 40 cm d’épaisseur, posée bien à plat et à angles droits. Cette dalle ne peut provenir de la démolition de l’ancien corps de ferme voisin puisque cette maison fut construite bien avant cette démolition. Cette dalle est à cheval sur les deux cours (maisons 163 et 163 bis). Aujourd’hui la première cour est carrelée et celle de la voisine est bétonnée, l'énigme reste entière...
Dans ce même jardin (163 rue des Moulins-Bleus), ont été trouvé, à seulement 20 cm de profondeur, un lourd goupillon mesurant 18 cm de long, et les deux doseurs à poudre pour fusils. Par contre la petite jauge à poudre (?), au centre de la photo ci-contre, provient de l'autre jardin de J. Hérouart, celui situé en face de la maison, de l'autre côté de la rue. |
Il est évidemment difficile de déterminer la provenance et la raison d'être de seulement quatre poteries, d'autant plus que quatre siècles les séparent ! Telle bouteille de cidre a-t-elle basculé du cabas d'un gamin portant l'encas à son père travaillant aux champs, tel autre pichet est-il tombé dans la Somme depuis un pont d'Amiens pour venir s'échouer dans les marais des Moulins-Bleus ? Seule une série de découvertes circonstanciées permettrait d'envisager des hypothèses plus vraisemblables, mais la liste est longue, de la poubelle à l'existence d'un four à proximité !
Y a-t-il un rapport entre ces céramiques et les squelettes trouvés en si grand nombre dans ce même secteur ? Probablement pas. On ne s'enlise pas dans de l'argile à silex en ayant un pichet presque intact sous le bras ! Par contre, si ce lieu était jadis plus ou moins en contrebas de la croupe des Moulins-Bleus, ce creux a pu recueillir de tout temps de nombreux objets, perdus ou délaissés par les hommes, rejetés par des crues exceptionnelles de la Somme, ou recueillis à la suite de ruissellements pluviaux provenant des collines. Ce creux a même pu se combler à la suite d'une coulée de boue, dramatique en vies humaines... Voir squelettes.
La conclusion de Jean Cartier, président du GRECB, est un souhait à poursuivre l'inventaire "L’Etoile reste à suivre... Il faudrait connaître les conditions de découverte de ces poteries et pourquoi à cet endroit... Ce fameux terrain de L'Etoile continue de livrer ses trésors ; un travail scientifique sur le sujet [devrait] y être envisagé, cela vaudrait le coup !" (12 octobre 2006).
Je m'associe pleinement à ces souhaits et me charge de transmettre les informations. Vous pouvez m'adresser les renseignements dont vous disposez sur des découvertes passées, même si ce ne sont que de lointains souvenirs. Et pour les découvertes à venir (ossements, poteries ou objets), n'oubliez pas de prendre quelques photos de l'objet sur place avant qu'il ne soit complètement dégagé et que vous y plantiez vos poireaux ou votre pommier !
Remerciements et photographies : J. Hérouart.
Dernière mise à jour de cette page, le 31 octobre 2006.
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