L'ETOILE ET SON HISTOIRE par Ghislain LANCEL

Les "hallebardiers" du château de L'Etoile

 

Le château de L'Etoile comportait un remarquable épi de faîtage au sommet de son unique tourelle. C'était, dit-on, un hallebardier. Et sur le toit du pigeonnier de ce même château se trouvait un encadrement protégeant un autre "hallebardier". Le château fut détruit en 1951, le pigeonnier n'a plus que sa base. Le hallebardier du château a disparu, celui du pigeonnier a été sauvegardé juste avant de se retrouver à la décharge...

Mention par A. Goze en 1863

L'historien local A. Goze est le premier à mentionner et décrire le hallebardier de la tourelle du château, dès 1863 : "Le château de l'Etoile est flanqué, à un de ses angles, par une tourelle ronde terminée par une double coupole que surmonte la statue en plomb d'un hallebardier coiffé d'une toque et vêtu d'un habit à crevés* et à manches tailladées". [A. Goze, Mémorial du Dimanche des 6 et 13 septembre 1863 : BMA, Pic 21692, page 296/297 (réédité avec mise à jour par A. Ledieu en 1895)].

Les photos anciennes du hallebardier sur la tourelle

Il n'est connu aucune photo ancienne du hallebardier vu de très près, mais la réalité de la présence d'un épi de faîtage sur le sommet de la tourelle du château est bien attestée [Photos sur plaques ADS-Cindocweb, 14 Fi 22/23 et 26 (sans date)].

   
Ci-dessus, détail de la photo précédente. On distingue deux armes, l'une derrière la statue et l'autre tenue à la main, par le milieu...

Les cartes postales sont très nombreuses à montrer ce hallebardier de la tourelle du château, mais aussi celui du pigeonnier. Malheureusement les photographies sont toutes prises de très loin et il n'est donc pas facile d'y observer des détails significatifs  ! Citons, pour la tourelle du château les CP 44 à 46, 139, 182 (menaçant de tomber de la tourelle) et 348 ; pour le pigeonnier seul, 214, 216, 225, 226 (en couleur), 274 (la vue du plus près), 289 et 358 ; et pour les deux bâtiments visibles ensemble mais sans avoir la certitude de la présence d'un ou de deux hallebardiers, les CP 47, 48, 136, 156 et 202.

Description sommaire du "hallebardier" du pigeonnier

Lors de sa dépose récente du pigeonnier, le personnage qui trônait au sommet dans sa guérite est tombé sur la tête. Dans son état actuel, le "hallebardier" a donc la tête tordue, renfoncée, collée à l’épaule droite. Le pied gauche est détruit, la jambe abîmée. Les dimensions sont de 65 cm de hauteur (actuellement), 25 cm de largeur (hors tout) et 5,5 cm d'épaisseur maximale (au niveau des cuisses). Le hallebardier possède une taille de guêpe, avec 8 cm seulement de largeur vue de face à cet endroit ( 23 cm de tour de taille) ! Bien que creuse, la statue est lourde, environ 20 kg, coulée en plomb. La dague, en métal ferreux, mesure 58 cm dans sa plus grande longueur.

Photographies du "hallebardier" du pigeonnier en l'état actuel

    
Vues de face (avec arme positionnée dans la main droite), de droite, de derrière et de gauche (tête non redressée...)
  
Détails de la tête (non redressée) et de la toque, de la dague, du juste-au-corps et des haut-de-chausses

Le point de vue des antiquaires, datation et technique de la cire perdue

Cette statuette a été présentée à deux antiquaires spécialisés de la région parisienne, fin avril 2007. Ils l'ont décrite comme étant celle d'un homme d'arme, ou d'un gentilhomme, en costume d'époque Louis XIII. Elle daterait donc du début du XVIIsiècle (alors que Antoine III Leblond, écuyer, était seigneur de L'Etoile). La dague est en métal ferreux. La statue en "plomb plein" et fut coulée avec la technique de la cire perdue. Cette statue est donc une pièce unique. La poignée de la dague semble trop petite pour avoir été tenue par la main droite. Elle aurait donc été fixée le long de la jambe gauche et la main droite aurait pu tenir une hallebarde disparue depuis longtemps... Remarquons que cette statue serait plus ancienne que le dernier château connu, de style Mansart et donc généralement daté de la fin XVIIsiècle (et non du début). Il n'est toutefois pas exclus que dans ce cas la statuette ait été récupérée d'un précedant manoir familial qui se trouvait au même lieu.

La technique de la fonte à la cire perdue remonte à la plus haute antiquité. La statue était réalisée en cire, avec des jets de coulée, également en cire, prévus pour la coulée du métal. Cette statue était ensuite enrobée d'une gangue, probablement de l'argile en ce qui concerne celle de L'Etoile car il semble être resté au fond des plis des vêtement des traces d'une couleur blanchâtre significative de l'argile. Après trois jours environ de cuisson lente dans un four à bois, la cire s'écoulait - elle était perdue - et la gangue durcissait. Du métal en fusion (du plomb) était ensuite coulé par les orifices prévus initialement à cet effet. Après de nouveau plusieurs jours, lorsque l’ensemble était refroidi, il suffisait de casser la gangue durcie et d'effectuer quelques finitions, sans grandes importances pour cet épi de faîtage qui n'avait pas vocation a être vu de près...

 

Remerciements : Paul et Marius Pecquet, Régine Pecquet et Charline Chamu-Pecquet. Cette statue a été offerte à Charline Chamu par Marius Pecquet. Redresser la tête et restaurer cette statue est d'un coût trop élevé pour l'association L'Etoile et son histoire... Nous recherchons pour les travaux sur cette pièce exceptionnelle des subventions, des sponsors ou un partenariat avec un musée régional (Ghislain Lancel et Charline Chamu).

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Dernière mise à jour de cette page, le 15 décembre 2007.

 

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