L'ETOILE ET SON HISTOIRE par Ghislain LANCEL

Jardins, plants, étangs, etc.

Jardins décoratifs et potagers ont toujours étés indissociables des châteaux, L'Etoile ne fait pas exception à la règle. On en trouve une mention dès 1274, dans l'acte d'échange entre Dreux d'Amiens et son frère Bernard, dans lequel Dreux cède L'Etoile : « men manoir de le vile de Lestoile, le garding et le pré ki joingnent à chu manoir, ainsi comme li manoirs se comporte, et toutes les appendanches de chu manoir » [4 G 2231].

Vers 1833/35

C'est certainement dans le premier tiers du XIXsiècle que la mise en valeur des "jardins" de l'enceinte du château fut la plus accomplie. Du moins ce sont les plans napoléoniens aquarellés de 1833 qui sont les plus jolis. Les matrices cadastrales des années voisines précisent l'usage des parcelles : la ligne noire tortueuse qui part du château vers l'ouest (approximativement le haut du plan) sépare un vaste "Jardin anglais" de 32,7 ares situé derrière le château, d'un premier grand verger de 59 ares situé derrière les dépendances ouest. Des piliers, visibles sur le plan près du château, devaient permettre le passage d'une charrette pour les travaux d'aménagements et d'entretien. Un autre grand verger était la parcelle trapézoïdale entourée de fossés. Il y avait aussi un jardin (potager), immense (1 ha 37 a 89 ca), facilement reconnaissable par ses allées divisant ce jardin en petites parcelles régulières. Il y avait dans ce jardin deux fontaines (sources) dont l'une avec un bassin d'écoulement. Devant le château se trouvait le parc, carré approximatif de 50 mètres de côté, dont on voit l'allée donnant au château, mais il n'est pas désigné dans la matrice.

Aux autres époques

En dehors de la mention au XIIIsiècle et de celles du XIXsiècle, des détails concernant ces jardins et plans sont rares. Au XVIIIsiècle, on relève toutefois quelques confirmations de la gestion de ces espaces verts : En 1720 (vente du château) : « chasteau seigneurial, bastiments, cour, basse-cour, pigeonnier, jardins et plans fruitiers » [1 J 731] et 1763 (saisie) : « un château seigneurial couvert, partie en ardoises et partie en thuiles, bâti de pierres de tailles, bâtimens, cours, basses-cours, pigeonnier, jardins légumiers et plants fruitiers, renfermés de murailles en pierres de tailles » [B 206, f° 69 v°].

L'inventaire effectué en 1798, en vue du partage entre les enfants Jourdain, est évidemment le plus précis, avec en article premier le jardin (qui ne porte plus la qualificatif d'anglais), en deuxième Le plant vieux (à côté du précédent) d'une contenance de 140 verges, en troisième le potager  de 370 verges et en quatrième article Le plant neuf  (parcelle trapézoïdale) de 377,5 verges. Il est précisé que ces parties "ne forment en total qu'un seule enclos fermé de murs, hayes vives et fossés". Les estimations sont respectivement de 6 000 francs, 1 400 francs, 5 000 francs et 6 775 francs, mais la valeur du premier article comprend aussi, sans aucune distinction, la maison [sic] et toutes les dépendances ! [3 E 31066].

Le plan géométrique daté de 1805 (ou 1807) [3P 940] avait la particularité de définir l'arpentage, non par propriétaire (du moins au départ), mais par section et par nature de cultures.

Bien plus près de nous, en 1898, le partage Magnier donnait l'état de ces jardins, désormais tous destinés à l'arboriculture : "jardin anglais derrière le château, aujourd’hui transformé en pâture plantée d’arbres fruitiers et forestiers ; un plant dit le Plant vieux, à côté de cette pâture ; autre pâture à la suite du Plant vieux, dite aire Cautrelle [Le potager ?] ; terrain nouvellement planté appelé la Fontaine [Le plan neuf ?]". Il y avait toutefois encore bien un jardin potager, celui que l'on voit d'ailleurs sur plusieurs cartes postales : "cour d’honneur pardevant, aujourd’hui transformée en jardin potager" [MPaillart, 31 mars 1898].

Aujourd'hui, l'ancien jardin potager est traversé par la prolongation du chemin d'accès à l'ancienne basse-cour du château (chemin aujourd'hui privé, Place du Luxembourg, à droite de la maison Merchat), ce potager est partiellement devenu un étang, de même que le plan neuf au bout du chemin, devenu étang dans sa totalité, sans que l'on sache depuis quand ont eu lieu ces transformations en vraisemblables tourbières puis étangs !

Signalons que le petit chemin piéton séparant ces deux étangs est à l'emplacement vraisemblable du lit de la vieille Somme.

 

Dernière mise à jour de cette page, le 23 juin 2008.

 

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