L'ETOILE ET SON HISTOIRE par Ghislain LANCEL

Acheminement des charges lourdes

Quiconque a déjà au moins une fois dans sa vie grimpé les rue, escalier et chemin menant directement à l'église et à l'ancien cimetière de L'Etoile ne peut que s'interroger sur la manière dont nos ancêtres acheminaient les charges lourdes en ces lieux... Certaines pierres tombales pèsent deux tonnes !

Il y a près de 30 mètres de dénivellé entre le niveau de la rue principale du village (du 8 Mai) et le minuscule plateau en bordure du Camp-César où sont situés l'ancienne église et son cimetière. Le chemin d’accès qui contourne le monument aux morts est très abrupt. Lors des deuils, avant que le clocher ne s’écroule, les porteurs avaient toutes les peines du monde à gravir ce chemin pour amener le cercueil à l’intérieur de l’église ! Impossible d'acheminer par cette voie des dalles funéraires dont certaines, comme celle des deux frères Patry, peuvent peser plus de deux cents kilos ! La même question se pose pour la construction et l'aménagement de l'église : comment furent acheminés les lourds madriers qui traversaient l'édifice sur toute sa largeur ? Et le Groupe en pierre ? Et la chaire ? Et l'orgue ? Le nouveau chemin tracé entre le vieux et le nouveau cimetière ne fut qu'une réponse tardive à cette question. Il n'a été ouvert qu'en 1952, par décision du conseil municipal. Alors, comment faisait-on, avant ?

Le vieux chemin de Beauquesne

Pour savoir comment s'y prenaient nos ancêtres pour amener des charges lourdes et encombrantes au cimetière, il y a deux approches. La première est d'observer les lieux. On y découvrira, dans les broussailles poussant tout en haut du cimetière, pas très loin de l'église, une large barrière métallique toute rouillée, mais dont la réalisation en fer forgé conserve une certaine élégance... Et à y regarder de plus près, on peut encore deviner qu'elle fermait un chemin herbeux venant tout droit du Camp-César !

   

La seconde approche consiste à questionner les anciens du village.

Thérèse Debruiker avait l'explication : jusqu'à l'ouverture du nouvel accès municipal vers 1952, la route la moins pentue – si ce n'est la moins longue – était celle qui passait par la place de l'Ecce Homo pour emprunter ensuite le chemin de Saint-Ouen jusqu'à la pointe du Bois des Six, puis le chemin rural dit de Domart par le haut (en bordure des Quatre Rideaux) et enfin le chemin de Beauquesne longeant la Camp-César jusqu’à la barrière du cimetière ! Un détour de près de trois kilomètres pour seulement quelques dizaines de mètres à vol d'oiseau, mais un itinéraire parfaitement adapté au transport des matériaux volumineux et lourds chargés dans un chariot, ou un tombereau, et tiré par des bœufs, parfois même par des chevaux.

Serge Daussy, né en 1929, ancien conseiller municipal et adjoint au maire, a confirmé que son grand-père, Emile Daussy, né en 1872, fut vers 1911 terrassier chez Dubourguier, maçon à Longpré-les-Corps-Saints, et qu’il lui arrivait très souvent d’emprunter ce chemin pour apporter des matériaux au vieux cimetière.

On en a aussi un témoignage indirect par le fait qu'en 1902, c'est au nouveau cimetière que les 3 cloches attendaient leur consécration solennelle.

 

Remarque : La barrière ouvre sur l'allée nord-sud qui est actuellement la plus proche de l'église dans le cimetière. Elle se situe par conséquent dans la parcelle du cimetière qui fut achetée en 1876. Cette barrière n'est donc pas très ancienne. Peu importe, il ne fait guère de doute que le chemin d'accès des charges lourdes destinées à l'église et au cimetière était certainement celui dont les anciens ont le souvenir et qui avait certainement été emprunté depuis bien des siècles !

 

Remerciements : Jacky Hérouart (Recherches et photos).

Dernière mise à jour de cette page, le 10 mai 2007.

 

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