L'ETOILE ET SON HISTOIRE par Ghislain LANCEL

Les cités détruites de L'Etoile

(En préparation)

 

Les premières cités construites à L'Etoile sont évidemment une conséquence de l'emploi de nombreux travailleurs peu qualifiés sur le site industriel des Moulins-Bleus, vaste étendue située en bordure de la Somme, entre le vieux village de L'Etoile et l'ancien prieuré de Moreaucourt. Mais contrairement à ce que l'on pourrait croire, les premières cités ne datent pas de l'achat de l'usine par Saint-Frères en 1883. En 1872, Octave Blanchet, celui qui vendra son usine aux frères Saint, rachetait déjà à son père un lotissement de 36 maisons situées aux Croupes, en bordure du Chemin des Moulins-Bleus...

Par contre, en l'absence de noms de rue – il n'y en avait pas à l'époque, ni même de rue proprement dite, on allait à l'usine à pied, par le chemin –, il est délicat de situer les cités avec précision. Au mieux, l'on connaît le lieu-dit, ou l'un de ceux qui l'entouraient...

Par ailleurs, sans l'étude des Matrices cadastrales des propriétés bâties, il est difficile de savoir avec précision de quand à quand ces cités existèrent. Cette étude n'a pas (encore) été réalisée.

Dans les notes de Michel Racine, présumées rédigées au début de la Seconde guerre mondiale, il est dressé un inventaire de ce qui a disparu aux Moulins-Bleus : "1°) Deux habitations pour employés, situées sur l’emplacement actuel du parc à charbon. 2°) Cité (détruite). Emplacement face à la Coopérative. 3°) Habitations de la maîtrise : emplacement même de la Coopérative. Y étaient logés le chef mécanicien, le conducteur de machines et le contremaître de filature. 4°) Cité des 14 maisons : construction disparue située parallèlement au Chemin de l’Hermitage [Rue St-Martin], prenant d’un bout à l’entré du sentier dit « Petit Chemin » [Rue des Prés ?]. Toutes ces constructions étaient la propriété de l’usine. Il y a lieu de noter qu’à cette époque le chemin des Moulins-Bleus descendait vers l’usine en passant derrière le groupe scolaire actuel. Le chemin prenait à la pointe que forme la clôture du jardin de l’instituteur pour atteindre l’usine aux environs du Magasin fils. Ce chemin était bordé de marronniers, ainsi que la Cité face à la Coopérative ; il en était de même sur la Somme, depuis les bureaux actuels jusqu’à la porte d’entrée de l’usine." Au moins trois de ces lotissements avaient donc disparu lorsqu'il rédigea ces notes.

L’acte de vente Blanchet/Saint de l’usine des Moulins-Bleus en 1883, inclut deux cités ouvrières, seulement désignées par leur lieu-dit : les Croupes et Le Chemin de l’Ermitage. Il semble bien que sous ces noms l'on devine deux des cités signalées par M. Racine au niveau, celle à l'emplacement de la Coopérative et celle des 14 maisons, parallèle au chemin de l'Ermitage.

La Cité des Croupes

La cité, appelons-là des Croupes, du nom du lieu-dit qui la situe, semble constituée en 1883 de deux immeubles voisins situés à l'emplacement de l'ancienne Coopérative (entre l'usine et les anciennes écoles). La formalité de l'acte de vente Blanchet/Saint-Frères utilise le pluriel pour les immeubles : « Une cité ouvrière comprenant 36 maisons d’habitation, édifiée sur un terrain d’une contenance de 24 a 90 ca, situé lieu-dit Les Croupes, porté à la matrice cadastrale sous le numéro C 603, les immeubles tenant des deux côtés et d’un bout à Monsieur de L'Etoile, d’autre bout au chemin qui conduit aux Moulins-Bleus » [Formalité de la vente de 1883, vol. 1831, acte 10 (p. 2 et 3)]. Cette cité avait été rachetée par Octave Blanchet à son père et consorts, le 26 juillet 1872, moyennant 30 000 francs. Et l'on sait que précédemment, le terrain avait été acheté, au prix de 2 400 francs, à M. Alfred Clément Huquet de Beaufort lors de l’adjudication de 1862 [Vente Blanchet à la société Saint-Frères, p. 10 et 16 (MGallet, Longpré-les-Corps-Saints)].

Monsieur de L'Etoile était le sieur Jourdain de L'Etoile, fils et héritier du dernier seigneur. La parcelle C 603 était effectivement située au lieu-dit les Croupes (les Crupes), c'était celle la plus au nord, mais peut-être située un peu plus vers les écoles qu'au niveau de la coopérative. D'après Michel Racine, avant son accession comme cadre, se trouvaient là les habitations de la maîtrise de l'usine (chef mécanicien, conducteur de machines et le contremaître de filature).

Le plan parcellaire de projet d'ouverture du chemin rural des Moulins-Bleus en 1884 (l'actuelle rue rectiligne) [99 O 1620/Voierie] montre effectivement deux cités ouvrières en forme de H situées entre l'ancien chemin et le projet de rue des Moulins-Bleus, ainsi qu'une troisième grande cité ouvrière (projet de construction du premier groupe de maison de l'actuelle cité ouvrière ou construction déjà existante ?)

Curieusement le recensement de 1881 ne comptabililise que 37 logements aux Moulins-Bleus, encore faut-il exclure d'une cité dite de 36 maisons, au moins le directeur de l'usine (demeurant le long du chemin de halage), le concierge de l'usine et probablement la maison des Crimet, cantiniers qui logaient 12 pensionnaires... Il manquerait donc des maisons au recensement, mais en ces années où de nombreuses familles repartent, il est vraisemblable que bien des maisons ou logements de la Cité des Croupes étaient inoccupés.

La Cité de l'Ermitage

L'autre cité vendue avec l'usine en 1883, appelons-là la Cité de l'Ermitage, était alors quatre fois plus petite : « Une autre cité ouvrière comprenant 9 maisons d’habitations, édifiée sur deux terrains, le premier d’une contenance de 15 a 90 ca porté à la matrice cadastrale sous le numéro C 298, lieu-dit Le Chemin de l’Ermitage, et le deuxième d’une contenance de 16 a 8 ca, lieu-dit A la Creulière ou Le Chemin de la Chapelle, le tout formant un seul tenant, situé d’un bout à la route de grande communication de L'Etoile à Flixecourt et de tous autres côtés à Monsieur de L'Etoile et autres » [Formalité de la vente de 1883, vol. 1831, acte 10 (p. 3)]. Ces maisons avaient été construites par Monsieur O. Blanchet, sur deux terrains acquis de Melle Louise Boutillier (lieu-dit Chemin de l’Ermitage au Moulin, en 1866, au prix de 1 000 francs et de M. Narcisse Beaussart, par échange (Lieu-dit A la Creulière, 16 a 8 ca ) [Vente Blanchet à la société Saint-frères, p. 1 et 20-22].

La mention de la parcelle C 298 permet de situer cette ancienne cité à l'emplacement de l'actuelle Cité des Prés, mais, selon les notes de Michel Racine, elle était parallèle à la rue St-Martin et non perpendiculaire comme aujourd'hui, et était passée de 9 à 14 maisons avant sa destruction.

Pour cette ancienne cité ouvrière, comme pour la précédente, qui toutes deux appartenaient à la Société Saint-Frères, la destruction volontaire des archives de la société n'aide pas à la connaissance de ce patrimoine passé.

Les neuf maisons de cette ancienne cité sont certainement recensées rue Noire (St-Martin), en 1881, mais elles ne se distinguent pas des autres maisons de cette rue.

 

La Cité Rosère [Rosaire]

Immeuble relativement récent de cinq maisons qui était aussi possédé par St-Frères et qui se trouvait adossé à la falaise, sous l’église, parallèlement à la rue d’Amiens au fond de l’actuelle place de la Musique. Il fut démoli bien avant le presbytère. « Rosère » était le surnom de la famille DECAIX qui occupait la partie centrale de l’immeuble. Cette famille était certainement la plus connue du lieu, en partie à cause de leurs nombreux enfants, lesquels portaient des surnoms les plus burlesques, Kibi Lamanda, Pierrot, etc. Voir les cartes postales CP 227 et CP 217.

 

Remerciements : Claude Deroletz (Photo), Jacky Hérouart (Cité Rosère).

Dernière mise à jour de cette page, le 22 mars 2007.

 

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