L'ETOILE ET SON HISTOIRE par Ghislain LANCEL

Les fonts baptismaux de L'Etoile

Les fonts baptismaux de l'ancienne église de L'Etoile sont bien connus puisque Duthoit les avait dessinés. Ils sont actuellement dans la chapelle Sainte-Anne.

   
Les fonts baptismaux, par Duthoit (vers 1836), peu après l'incendie de 1991 et de nos jours, restauré

La première apparition des fonts baptismaux de L'Etoile dans les publications picardes est le dessin de Duthoit, probablement réalisé en 1836 par Louis (sinon son frère Aimé) alors qu'il était parti en barque sur la Somme depuis Amiens avec un arrêt au Moulin-Bleu, dessin certainement de mémoire d'après un croquis, comme à son habitude. La partie supérieure ne porte pas l'inscription actuelle ; elle a donc certainement été restaurée.

Goze en donne ensuite une description : " Les fonts baptismaux d'une forme singulière, mais non sans élégance, présentent alternativement dans des médaillons ronds, des étoiles, des cœurs et des fleurs de lis. " [Goze, 1863].

Les fonts baptismaux, dans leur forme actuelle, sont constitués du piédestal ancien de section octogonale et d'un réceptacle en pierre avec cuvette. La hauteur totale des fonts, y compris la semelle de scellement, est de 102 cm. La distance entre deux des faces octogonales du réceptacle est de 51 cm. La cuvette en zinc placée dans le réceptacle mesure 38 cm de diamètre, pour 7 cm environ de profondeur. Elle est séparée par une cloison, au tiers environ d'un diamètre.

Le socle est gravé dans sa partie médiane d'une frise comportant un motif répétitif : Etoile à 5 branches, Cœur, Fleur de lis, Etoile à 5 branches, Cœur, Etoile à 5 branches, Fleur de lis, Cœur. Le réceptacle en pierre semble plus récent que le socle, il comporte d'ailleurs gravé sur son pourtour une maxime en français et non en latin "QUI CROIRA ET SERA BAPTISE SERA SAUVE". La cuvette était protégée par un couvercle en bois surmonté d'une croix qui avait résisté à l'incendie de 1991. Depuis que les fonts se trouvent dans la chapelle, il est remplacé par un couvercle en marbre rose d'une épaisseur de 32 mm.

Le rapport de l'AFAN (INRAP)

On n'en saurait guère plus si par malheur l'église n'avait brûlé, avec pour contrepartie que son sous-sol fut fouillé par l'AFAN en l'an 2000, avant une éventuelle reconstruction. Le rapport mentionne à plusieurs reprises les fonts baptismaux, sans toutefois se risquer à une quelconque datation, et sans avoir pu préciser les diverses délimitations au sol lors des divers agrandissements.

En relevant les mentions, depuis l'altitude (négative) la plus basse, on trouve une première observation, associée à l'existence d'un four à chaux. : "Le fond du four (Alt. : - 173) est tapissé d’une épaisse couche de chaux qui se répand hors de l’alandier. Une couche de cendres et de charbons de bois recouvre la chaux et s’étend particulièrement dans l’aire de chauffe. La chaux produite dans ce four a été gâchée dans l’angle de la nef, à l’emplacement des fonts baptismaux : on retrouve en place une épaisse couche de chaux 1092 laissée sur place par les maçons" [p. 22/23.] Je serais tenté de situer cette zone à l'extérieur d'une plus petite primitive église, et donc sans lien réel avec l'emplacement des derniers fonts baptismaux (GL).

Un mètre plus haut dans les fouilles, on relève ensuite une mention qui semble cette fois être directement liée aux fonts : "Le sol de la nef était constitué d'une épaisse couche de terre battue (8 à 12 cm) qui a été ponctuellement recouverte de carreaux. On en conserve deux témoignages, l'un dans le chœur, l'autre à l’emplacement des fonts baptismaux qui est marqué par l’établissement d’une plate-forme 1035 (Alt. : - 61) sur laquelle est posé sans aucun liant un carrelage de carreaux carrés rouges. L’espace laissé libre semble correspondre à l’emprise du pied de la vasque : 111 x 78 cm" [p. 21/22.] Peut-être peut-on lui associer cette remarque : "Dans l’église de l’Etoile, les très jeunes enfants se localisent surtout dans le moitié sud de l’abside ; on les rencontre peu dans les nefs à l’exception de l’entrée de la nef nord. On trouve là un regroupement d’enfants de tous les âges, bien moins important que celui de l’abside mais qui concerne tout de même une dizaine de sujets immatures dont un périnatal et un nouveau-né de 2 ou 3 mois. On note que ce regroupement est étroitement associé à la présence des fonts baptismaux" [p. 33.]

Le dernier niveau est évidemment le mieux connu : "Réfection de l’estrade des fonts baptismaux. La construction de l’église étant maintenant achevée, avec le carrelage qui a subsisté jusqu'en 1991, l’estrade des fonts baptismaux est refaite. Cette fois, le sol n’est pas carrelé mais empierré de moellons ou de pierres équarries de récupération. La cuve baptismale est posée cette fois sur un pied étroit, d’environ 36 x 31cm de côtés. Les pierres de calage du pied émergent légèrement de l’estrade. Celle-ci semble être un peu surélevée, une ou deux courtes marches permettant de rattraper le niveau du sol de la nef. Les dimensions de la nouvelle estrade sont réduites : 199cm x 198cm de côtés seulement" [p. 41.]

On pourra toutefois s'étonner que dans les dernières décennies avant l'incendie de 1991 les fonts ne se trouvaient plus dans le coin nord-ouest de la nef (remplacés par le confessionnal), mais plus près du porche, décalé de deux mètres environ.

 

Remerciements et justificatifs : J. Hérouart (photos des fonts au caméscope le 19 janvier 1992, en 2007 et relevés) ; l'Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (Photos et textes extraits du CD du rapport de l'AFAN, aujourd'hui INRAP).

Dernière mise à jour de cette page, le 26 novembre 2007.

 

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