L'ETOILE ET SON HISTOIRE par Ghislain LANCEL

St-Jacques en Majesté, par H. Jacomet

 

En compléments des notes et clichés du St-Jacque-le-Majeur de L'Etoile, par M. Humbert Jacomet, voici quelques extraits de sa publication, L'image de la Majesté de Saint Jacques en France et sa relation à Compostelle, étude iconographique (pages 255-256 et note 75), extrait de Actas del Congreso de Estudios Jacobeos, Xunta de Galica, pages 454-455).

 

Mais il faut aller plus loin. Si, aux XVè et XVIè siècle, le livre se prête davantage que le phylactère à actualiser la physionomie de l'apôtre, sa signification ne se réduit pas pour autant au pittoresque de l'effet [...]

Du coup, la pose inhabituelle de certaines majestés en France, qui présentent le livre à la façon d'un évangéliaire, pourrait bien se charger de sens à la lumière de ce rapprochement, même s'il est peu probable, dans ce cas, d'une imitation directe. Voici la curieuse statue siégeante de Saint-Jacques de l'Etoile, en Picardie, que vient de consumer un incendie. L'apôtre tient le livre ouvert des deux mains, avec une subtile inflexion des doigts. Mais au lieu de s'en réserver l'usage, il l'expose au regard du fidèle venu prier [Note ci-après]. Sans être aussi manifeste, cette ostentation quasi liturgique du livre, sensiblement incliné de façon à être vu de tous, se retrouve à Lanches-Saint-Hilaire, à Cocherel [...]

Note : Cette oeuvre singulière paraît être de la seconde moitié du XVIè siècle. L'apôtre est assis sur un siège que dissimule, en partie, les pans de son manteau. Sa tête est nue comme ses pieds, ses cheveux sont bouclés, sa barbe bifide. Le chapeau est rejeté dans le cou, détail qui se retrouve sur la statue de saint jacques, à l'église de Saint-Valéry-sur-Somme, qui accuse une nette ressemblance avec la majesté de l'Etoile, au point de faire croire à l'intervention d'une même main. Il est vêtu d'une longue tunique. Mais tout le haut du buste est encapuchonné dans une grande cape, attachée sous le coup, en forme de pèlerine. Les pans de cette cape se séparent pour dégager les avant-bras et reviennent couvrir chaque genou, sous les mains. Il y a une légère dissymétrie dans cette figure. Pour contrebalancer la besace qui pend au côté droit, l'axe du livre est décalé sur le genou gauche. Une coquille brochant sur deux bourdonnets croisés en sautoir, marque l'épaule gauche. Dans la nuit du 16 au 17 juillet 1991, les flammes ont dévoré l'église Saint-Jacques de l'Etoile. Recueillie parmi les décombres, la majesté de saint Jacques qui n'est plus que l'ombre d'elle même, est entièrement calcinée. Le bois est fendu et craquelé comme un tison sur la moitié de la hauteur qui est de 1m 08. Les pieds et les doigts sont méconnaissables. Seuls les traits du visage pourraient être sauvés par une consolidation ad hoc. Les deux coquilles qui timbrent respectivement l'épaule et l'aile gauche du chapeau sont encore discernables. Cette statue est classée M.H. depuis le 25 mars 1917.

 

Dernière mise à jour de cette page, le 11 février 2008.

 

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