| L'ETOILE ET SON HISTOIRE par Ghislain LANCEL |
Tous les ans depuis la Libération, le 2 septembre, le conseil municipal de L'Etoile, les ACPG et quelques membres de la fanfare municipale se retrouvent devant une plaque fixée sur un mur du pont Saint-Frères franchissant la Somme à proximité de la Breilloire (commune de Flixecourt). Une gerbe est déposée devant une plaque rappelant la mort en mission du FTPF (Francs tireurs et partisans français) Maurice Ternisien, la veille du jour de la Libération de L'Etoile. Soucieux de ne pas oublier ceux qui ont donné leur vie pour la France, les officiels et participants auraient toutefois été bien incapables de préciser les circonstances de cette mort tragique. Jusqu'en 2007, personne ne savait ce qui s'était vraiment passé, du moins les quelques personnes qui le savaient encore restaient dans le secret des actions clandestines des Francs tireurs. Avec l'existence de ce site, et en particulier après la publication de la première partie de l'épisode du drapeau sur la cheminée de l'usine Saint-Frères, les anciens du village qui savaient encore..., ont accepté de porter à notre connaissance les circonstances de cet assassinat.
A l’usine des Moulins-Bleus s’était créé au début de 1943 un réseau de résistance au sein de la 2ème compagnie FTPF Nièvre-Doulennais-Ponthieu, désigné sous le nom de 5ème détachement L’Etoile-Flixecourt et environs, dont le responsable habitait Hangest-sur-Somme. Au sein de ce détachement se trouvaient des personnes comme Lucien Allet, Lucien Duflos, Marceau Foucart, David Jourdain, Marceau Lagache, Achille Patry, Ferdinand Patry, Jean Sévaux, Maurice Ternisien, les frères Trouillet et plusieurs autres. La plupart de ces FTP travaillaient à l’atelier mécanique : Maurice était manœuvre, Ferdinand était ferblantier et David soudeur.
Le responsable de ce détachement habitait Hangest. C’était le plus hardi de la bande, Maurice Ternisien, qui allait chercher les renseignements chez le chef. Pour se couvrir, en cas de mauvaise rencontre, il avait un justificatif tout trouvé : aller chercher du lait pour son jeune fils. Et de ce fait, il avait toujours sont pot à lait avec lui !
Trois ou quatre jours avant la libération de L’Etoile, Maurice et quelques-uns de ses complices arrêtèrent quelques allemands qu’ils enfermèrent dans une cabane en bois à proximité de l’usine. La cabane ne devait pas être des plus solides puisqu’un matin les allemands avaient disparu, en brisant la porte ! Ces derniers surveillèrent celui qui semblait être le responsable de leur internement. Le premier septembre, veille de la libération, comme à son habitude Maurice partit par le chemin de halage en direction de Hangest, son pot au lait à la main. Et c’est au retour, après avoir pris connaissance de l’endroit où il rencontrait son chef, que les allemands se vengèrent en lui tirant une balle dans la tête. Le lendemain à 16 h 20 la commune était libérée !
C’est un Stellien, René Peton, qui se trouvait alors dans les parages, qui rapportera l’histoire de cet assassinat à ceux qui, jusqu’à maintenant, en avaient gardé le récit sous silence, et c'est avec l'assentiment de Paul Ternisien, fils de Maurice, que cette histoire est aujourd'hui publiée.
Et à part l'épisode du drapeau et la fin tragique de Maurice, que savons nous de ces FTPF de L'Etoile et de leurs actions. Ce sont d'autres histoires, qui attendent aussi pour l'instant...
Néanmoins, la rue Maurice Ternisien, donnant accès au nord-ouest de la rue du Colonel Fabien dans le lotissement Les Champs Bénis, fut inaugurée à L'Etoile le 21 mai 1983.
D'après des notes et des photos de Jacky Hérouart : dépôt de gerbe (2 sept. 1989, M. Minard Roger, maire, se recueille devant la gerbe déposée par M. Jacky Lafosse, employé communal), drapeaux en berne (même date) et portrait. Remerciements à Marcel BONNARD (1970), Yvette SEVAUX et Paul TERNISIEN (2007).
Après publication, ce dossier a reçu des témoignages de variantes sur les circonstances la mort de Maurice Ternisien et le contexte de l'époque.
Publié le 27 juin 2007. Dernière mise à jour de cette page, le 8 février 2009.