L'ETOILE ET SON HISTOIRE par Ghislain LANCEL |
Feuille écrite recto-verso, très lisible, avec une ponctuation partielle.
[Recto] [En marge : Inondation de Bouchon et de LEtoile]
[Et d'autre main : Ordonnance cy derrière du 25 juil(le)t]
L'an mil sept cens quarante-huit, le dix-sept juillet [17/071748], sur la réquisition faitte à moy, François Nerlande, officier des Eaux et Forêts de la maîtrise d'Amiens y demeurant soussigné, par Nicolas Fricot, sindicq du village de L'Estoile, et par Jean-Baptiste Longuet, Barthélémi Ducansel et autres principaux habitans du village de Bouchon, de visitter lesdits villages et leur terroir, attendu que l'orage survenu le jour de la St-Jean dernier [24/06/1748] y a causé des dommages extraordinaires par les eaux sauvages qui descendent ordinairement des vallées de Villers, Ailli-leHaut-Clocher, Mouflers, Vauchelles, Brucamps, Herny [Ergnies] et Gorenflos. A quoi obtempérant, j'ay fait ma visitte sous le bon plaisir de Monseigneur l'Intendant de Picardie et d'Artois, sortant de L'Estoile jusqu'au dessus de Bouchon, et ay trouvé des deux côtés la pluspart des terres chargées de vases et limon, et une bonne partie des grains et fruits ruinés et enfouis dans la bourbe.
J'ay trouvé dans Bouchon un puit entièrement comblé de limon, et que les dernières eaux ont entré dans la meilleure partie des maisons dont les solins sont entièrement dégradés ; et aiant examiné les moiens de remédier à de si grands desordres, j'estime qu'il est nécessaire de faire travailler aux ravins au dessus de Bouchon, de creuser et eslargir tous les fossés qui servent de décharge aux eaux sauvages, scavoir : le principal fossé, qui commence dans Bouchon et finit à L'estoile dans une rue appellé le Voïeu de L'Ergonne, sur dix-huit pieds [6 mètres] de largeur et six pieds [2 m] au moins de profondeur ; et aux autres branches de fossés qui se réunissent dans le principal, sur douze pieds [4 m] de largeur et six de profondeur, en leur donnant du talu à proportion ; ce faisant, couper les arbres qui se trouveront nuisibles, aussi bien que les hayes et brossailles, ou qui tomberons dans ces distances. Convient encore, faire couper les arbres de la rue de Villers, pour la dessécher entièrement ; et remplir par les habitans les dégradations causées par les dernières eaux. Ce fait, et estant descendu à la fin du principal fossé, dans le voïeu de L'Ergonne où il se subdivise (dans le village de L'Estoile) en deux autres qui, au lieu de suivre une certaine direction, prennent tout d'un coup l'un à droite et l'autre à gauche ; le long de ce voïeu, j'aurois [j'avais] pris avis des habitans et aurois descendu jusqu'à une porté de fusils de la Somme, examinant la scituation du terrain pour trouver une prolongation depuis le voïeu ci-dessus jusqu'à la Somme. A quoy lesdits habitans et moy avons trouvé un obstacle invincible au moien de nombre de fosses à tourbes où il n'est pas possible, à cause de leur excessive profondeur, d'y trouver de solidité ; ce qui doit déterminer, pour soulager d'autant plus cette partie de terrain presque tout à l'usage de chanvriers entre ledit voïeu de l'Ergonne et la Somme, de faire creuser et eslargir [Verso] convenablement tous les fossés qui y sont en quantité, et qui servent d'ailleurs à diviser et séparer les masures et tènemens de chaque particulier, leurs aires et leurs prais. Ce faisant, pour que les eaux sauvages ne séjournent plus dans cette partie et ne refluent point au-dessus, il conviendroit ouvrir deux à trois canaux de cinq à six pieds de largeur chacun, qui communiqueroient des derniers fossés ou de l'extrémité des fosses à tourbes les plus basses, jusqu'à la Somme, pour servir de décharge, en observant de ne les creuser que sept à huit pouces [20 cm] au-dessus de l'eau naturelle de la rivière, sauf à jetter sur chacun canal un pont de deux croutas attaché sur pieux avec appuy. Ces opérations pouront soulager au moins le pays et diminuer les pertes considérablement, si elles ne l'en délivrent point tout à fait, et peuvent être ordonné à corvé hors des villages par les habitans de L'Estoile et de Bouchon, chacun sur son territoire ; ainsi qu'un pont volant qui est dans L'Estoile sur un des fossés, et qui mérite d'être eslargi et prolongé ; et quant aux travaux et abbatis qui sont à faire dans lesdits villages, jardins, mazures, aires, prais et tènemens séparés et deffendus par des fossés, j'estime qu'ils doivent être à la charge des propriétaires et occupeurs solidairement, chacun en droit soy. Et ay dressé le présent procès-verbal pour être ordonné par mondit Seigneur l'Intendant, ce qu'il appartiendra par raison. A quoy j'ay vacqué deux jours.
[Signé] Nerlande ; Fricot ; Magnier, sindiq [de Bouchon].
[Et d'autre main :] Vu le présent procès-verbal, nous ordonnons que les travaux y mentionnés seront faits incessamment, sous l'inspection su Sr Nerlande. Fait ce 25 juillet 1748.
[Signé de l'Intendant :] Chauvelin.
*******************************************************************
Feuille écrite recto-verso, très lisible, avec une ponctuation partielle.
[Recto] [En marge : L'Estoile et Bouchon ont demandé surci à cause de la moisson]
L'an mil sept cens quarante-huit, le trente juillet [30/07/1748], moy, François Nerlande, officier des Eaux et Forêts de la maîtrise d'Amiens y demeurant soussigné, me suis transporté aux villages de L'Estoile et de Bouchon, aux domiciles des nommés Fricot et Manier, sindicqs, où estant je leur ay montré et exhibé l'ordonnance rendue par Messire Jacques-Bernard Chauvelin, chevalier conseiller du roy en ses conseils, maître des requêtes ordinaires de son hôtel, intendant de justice, police, finances et des troupes de Sa Majesté en Picardie, Artois, Boulonnois, pays conquis et reconquis, du vingt cinq présent mois, portant que les travaux mentionnés au procès-verbal cy-après datté seront faits incessamment sous l'inspection de moy susnommé, de laquelle ordonnance estant au bas du procès-verbal du dix-sept dudit mois de juillet et jours suivans ensemble d'iceluy, j'ay fait lecture et communication auxdits sindicqs, et délivré à chacun coppie afin qu'ils n'en puissent prétendre cause d'ignorance, et en conséquence, je leur ay indiqué jour, au lendemain de grand matin, pour assembler chacun les habitans de leur communeauté, et me donner le nombre de courvoyeurs qui est nécessaire pour d'un côté travailler aux travaux du dehors, tandis que les autres, soit propriétaires ou occupeurs, vacqueront aux travaux du dedans, au désir de la susditte ordonnance et conformément à l'ordre et à l'arrangement marqué dans ledit [Verso] procès-verbal, de concert avec lesdits Fricot et Manier, et autres habitans, qui connoissent la nécessité indispensable desdits travaux pour soulager le pays et obvier aux grands dommages résultans des innondations annuelles. Sur quoy lesdits sindicqs m'ont fait connêtre que comme la moisson estoit instante, ce seroit causer aux habitans des deux parroisses des pertes irréparables si on les en détournoit. Pourquoy, ils me requéroient de surseoir quant à présent, et de remetre lesdits travaux en question vers le quinze septembre ou environ, tems où la moisson seroit faitte, ce que je leur ay accordé, sous le bon plaisir de mondit Seigneur l'Intendant, et me suis retiré. Et ay de ce que dessus dressé le présent procès-verbal, pour servir ce que de raison.
[Signé] Nerlande.
Vacqué deux jours.
*******************************************************************
Feuille parfois rognée sur le bord droit, écrite recto-verso, très lisible, avec une ponctuation partielle.
[Recto] [En marge : [L'Etoile,] Moreaucourt, Flixecourt. Fossés neufs et anciens.]
L'an mil sept cens quarante-huit, le trente sept[embre] [30/09/1748], en vertu des ordonnances de Monseigneur l'Intendant de Picardie et Artois des 13 octobre et 6 décembre 1747, 3 février, 6 mar[s], 9 et 23 avril, 30 may [AC de Flix. FF 14/2], 14, 24 et 25 juillet derniers, moy François Nerlande, officier des Eaux et Forêts de Picardie demeurant à Amiens soussigné, me suis transporté au village de Flixecourt, le lendemain et autres jours suivans au village de L'Etoile, où étant, j'aurois tracé et aligné en présence de plusieurs habitans les ouvrages ordonnés et à faire aux fossés qui servent de chut[e] et d'écoulement aux eaux sauvages qui descendent des villages de Mouflers et Bouchon, à l'effet d'en faire percer à neuf où il en manque, et de réparer, excaver et élargir ceux qui sont subsistans, et obvier ainsi aux innondations qui affligent ledit village de LEtoile et ses environs.
Et d'abord, j'ay toisé et tracé en observant un alignement, autant que faire se peut, depuis l'endroit appellé le Voïeu-de-l'Argonne jusqu'à la Somme, ce qui porte, depuis la rue qui sert de chemin, quatrevingt toises [156 mètres] jusqu'à l'endroit appellé les Aulnois. De cet endroit, continuant jusqu'au premier trou à tourbes, vingt-six toises [51 m], et attendu que ce trou a de la profondeur suffisante, il servira de fossé. Sortant de ce trou jusqu'à un autre dit L'Ergonne, quatre-vingt-quatorze toise [183 m]. De ce dernier trou qui servira aussi de passage aux eaux sauvages, jusqu'à un sentier qui est l'ancien chemin des couriers, vingt-huit toises [55 m]. De ce dernier sentier jusqu'à la Somme, dix-huit toises [35 m]. Toute cette distance [246 toises, soit 480 m] aura quatorze pieds de largeur sur 5 pieds de profondeur [4,6 m X 1,6 m], du consentement des habitans, fermiers ou propriétaires qui se sont trouvés présents ; lesquels m'ont fait observer qu'il convenoit construire trois ponts : le premier à la rue qui sert de chemin pour les voitures qui passent le long de cette vallée dans le haut du village, à cause de la traversé du ravin ou fossé qui sert d'écoulement aux eaux sauvages, lequel sera bâti de charpente et de crouta, aux dépens de la communeauté de L'Etoile, [et aura] la longueur et largeur de douze pieds [3,9 m] ; le second, qui sera aussi de charpente, au passage des couriers, sur la longueur de quatorze pieds [4,6 m] [et] de six pieds [2 m] de largeur, aux frais du seigneur de LEtoile ; et le trois[ième], proche le rivage de la Somme, pour le passage des halleurs, aussi [de] charpente, sur la même longueur et largeur que le second, aux frais du nommé Beuriez, poissonnier, propriétaire ou occupeur du terrain adjacent, avec augmentation d'un appuy au troisième, qui sera placé du côté du village, aïant pris à cet effet les [Verso] dimensions nécessaires, en présence et du consentement desdits habitans, sauf les devis qui en seront faits s'il en est besoin, sous le bon plaisir de mondit Seigneur l'Intendant.
Ce fait, je me serois transporté aux travaux de Moreaucourt, et n'y aïant trouvé personne, je me serois transporté au village de Bourdon, vers le sindicq qui, en conséquence des ordres de mondit Seigneur l'Intendant, que je luy aurois d'abondant intimés, m'auroit envoïé le surlendemain partie des courvoïeurs auxquels j'aurois tracé et indiqué un fossé neuf à ouvrir dans un angle des prais dudit Moreaucourt, sur la longueur d'environ quarante toises [78 m], pour servir de décharge aux eaux sauvages, et ne faire qu'un tout avec les fossés anciens au-dessus et au-dessous, partie réparés et partie à réparer, en observant les alignemens ci-devant pris. Et enfin ces habitans de Bourdon s'étant mis en devoir de travailler, et leur aïant fait observer la profondeur et le talu nécessaire à donner à ce fossé, je les aurois quitté pour aller à Flixecourt, où estant, j'aurois interpellé les maire et eschevins de me donner des courvoïeurs ou manouvriers, à l'effet d'achever la réparation des anciens fossés sur la largeur ci-devant désignée de dix-huit pieds [5,9 m]. Mais, loing de satisfaire, ils m'auroient requis un délai de quelques jours pour achever la récolte et la manœuvre des lins et des foins, ce que je leur ay accordé ; et cependant je me serois transporté aux ouvrages du glaci neuf, que j'ay examiné, et ay fort recommandé aux massons et autres ouvriers de le parachever incessamment, à cause de la circonstance de la saison, et qu'il étoit pressant de faire ouvrir le fossé au-dessus et au-dessous, ce qu'il n'est pas possible tant que le glaci se soit pas achevé. Ce fait, j'aurois retourné à LEtoile où j'aurois commis une partie des habitans, conformément aux ordres de mondit Seigneur, en devoir de travailler aux excavations, ouvertures et réparations des fossés, ainsi que je les avois ci-devant tracés et désignés ; et enfin, retourné les autres jours suivans audit Flixecourt, la récolte des lins et des foins étant finie. J'aurois commis une partie des habitans par thiers, pour travailler de trois jours en trois jours, à excaver et élargir les anciens fossés de Moreaucourt, leur aïant montré la façon et le talu à observer, et marqué en même tems les arbres qui se trouvent dans les alignemens des dix-huit pieds [5,9 m] de largeur à abatre ; et plus avant n'a esté pour lors par moy procédé, aïant vacqué en deux voïages, dix jours, et ay dressé ce procès-verbal pour servir ce que de raison.
[Signé] Nerlande.
*******************************************************************
Double feuille, dont trois pages écrites.
[F° 1] [En marge : LEtoile et Bouchon toisé.]
L'an mil sept cens quarante-huit, le vingt-quatre octo[bre] [24/10/1748] et jours suivans, en continuant les procès-verbaux ci-devant faits, et en exécution des ordonnances de Monseigneur l'Intendant de Picardie et d'Artois des 13 octobre et 6 décembre 1747, 3 février, 6 mars, 9 et 23 avril, 30 may, 14, 24 et 25 juillet derniers, moy François Nerlande, officier des Eaux et Forêts de la maîtrise d'Amiens, y demeurant soussigné, me suis transporté au village de Flixecourt, et le lendemain au glaci, où les ouvriers m'ont asseuré n'en avoir plus que pour un jour ou deux, et que l'ouvrage seroit alors en sa perfection, et que je pourois faire ouvrir le fossé au-dessus et au-dessous pour y metre l'eaue excédente de la rivière dans les momens qu'elle se gonfle ; pendant lequel tems, j'aurois fait perfectionner les réparations des anciens fossés ; et aïant apperçu quantité d'arbres provenans des abbatis qui estoient nouvelement faits dans les dix-huit pieds d'alignemens, lesquels arbres estoient tombés dans les fossés dudit Moreaucourt, et n'avoient pu en être tirés par les courvoïeurs, à cause de leurs grosseur et longueur – ce qui est d'ailleurs en la charge des Dames de Moreaucourt – je me serois transporté en la ferme de ce nom et aurois interpellé le nommé Ducroquet, fermier desdittes Dames, de faire retirer lesdits arbres, et de les transporter ailleurs, ce qu'il m'auroit promis de faire. Comme de fait, m'étant transporté sur les lieux un autre jour, j'y aurois trouvé ledit Ducroquet avec son frère, ses domestiques, chevaux et charettes, qui se metoient en devoir d'enlever lesdits arbres dehors le fossé, y en aïant vus nombre qu'il avoit déjà retiré.
Ce fait, je me suis transporté au village de L'Etoile où estant, j'ay achevé de désigner et tracer, sur la largeur de douze pieds [3,9 m] et la profondeur de cinq à six [1,8 m], les anciens fossés de décharge aux eaux sauvages, depuis le voïeu de l'Argonne où j'avois ci-devant commencé mon toisé, en remontant jusqu'aux fins et limites du terroir, et ce, en présence des habitans, en le redressant autant qu'il se peut, et ay marqué à abatre les arbres qui se trouvent dans cette largeur comme nuisibles au cours des eaux sauvages, ce qui porte douze cens cinquante toises [2,4 km], en y comprenant les deux fourches qui subdivisent au-dessus du village le fossé commun en deux parties jusqu'au terroir de Bouchon, qui n'auront chacune que dix pieds [3,3 m] de largeur, de sorte que le toisé général des fossés de LEtoile et de son terroir, qui sont en la charge des habitans, tant à réparer qu'à faire à neuf pour [F° 1 v°] l'écoulement des eaux sauvages jusqu'à la Somme, porte en total à prendre depuis le rivage de cette rivière jusqu'au terroir voisin de Bouchon, quinze cens toises [2,9 km].
Et le douze novembre [12/11/1748] et autres jours suivans, moy commissaire susnommé et soussigné, étant retourné au glaci neuf de Moreaucourt, je l'aurois enfin trouvé fait et parfait. Pourquoy, je me serois transporté au domicile du maire de Flixecourt, qui m'auroit à son ordinaire fait des difficultés, de commander les courvoïeurs dont j'avois besoin pour ouvrir le fossé à neuf au-dessus et au-dessous du glaci, attendu qu'il étoit achevé, et m'auroit remi au lendemain, auquel jour – enfin – à force de représentations, il m'auroit donné un tiers des courvoïeurs dudit Flixecourt, que j'aurois à l'instant préposés à ouvrir le fossé à neuf, précisément au-dessous du glaci neuf, sur la longueur de trente à quarante toises [58 à 78 m], pour joindre et tomber à la tête d'un ancien fosé qui se trouve à la suite, et ce, sur deux alignemens que j'ay tracés, qui vont en diminuant jusqu'à la largeur fixé de dix-huit pieds [5,9 m] pour largeur commune de la continuation de ce fossé de décharge jusqu'à la Somme, avec ordre auxdits courvoïeurs de travailler successivement par tiers, pour avoir entr'eux un jour de repos, tant et jusqu'à ce que cette partie soit achevée ; et de se metre sans perdre de tems à ouvrir l'autre partie, depuis ledit glaci neuf jusqu'à la rivière, sur l'alignement ci-devant donné, en faisant ouvrir à cet effet les vannes des deux moulins dudit Moreaucourt, pour mettre la rivière à secq, et avoir plus de facilité dans le travail ; au moïen desquelles opérations, les ouvrages entrepris et désignés ci-devant pour la décharge des eaux sauvages et de soulagement du païs, se trouveront faits et parfaits. Pourquoy, j'ay enjoint au maire de Flixecourt, de la part de mondit Seigneur l'Intendant, de tenir la main et de veiller tant sur les travailleurs que sur les ouvrages à ce qu'ils fussent faits et parachevés sans plus de délai, suivant les désignations qui en ont esté ci-devant faittes en sa présence, ce qui peut être un objet de dix jours de travail au plus.
Ce fait, je me suis transporté au village de Bouchon, où estant, j'aurois assemblé les principaux habitans avec lesquels j'aurois examiné le cours et la scituation des fossés qui servent de décharge aux eaux sauvages, depuis le terroir de L'Etoile en remontant au travers de Bouchon jusqu'à celui de Mouflers, et aurois trouvé ces fossés en très mauvais ordre, et comblés en bonne partie. [f° 2] Pourquoy, j'ay sur le champs, en exécution de l'ordonnance de mondit Seigneur l'Intendant (du 25 juilt derr), tracé et désigné, en présence des-dits habitans, les ouvrages à faire audit fossé sur toute la longueur, tant à neuf qu'à réparer, en lui donnant douze pieds de largeur d'une rive à l'autre, sur trois pieds et demi de talu de chacun côté, et la profondeur de cinq à six pieds, et en absorbant les courbures et sinuosités, pour le redresser autant que faire se poura ; et ay enjoint, ce faisant, de la part de mondit Seigneur l'Intendant, de couper et abbatre les arbres, hayes et autres sortes d'empêchemens nuisibles qui se trouvent dans ces distances. Le toisé enfin achevé, il se trouve contenir en tout dix-huit cens toises [3,5 km]. En conséquence de quoi, j'ay enjoint auxdits habitans de commencer les ouvrages ci-dessus désignés, chacun en droit soy, ce qu'ils se sont mis en devoir d'exécutter.
Enfin, j'ay descendu au village de L'Etoile, où n'ayant trouvé ni sindicq ni presqu'aucun habitant à cause des marchez voisins où ils estoient allés, j'aurois esté sur les travaux à faire et ci-devant marqués, où j'aurois reconnu que l'on n'y avoit presque ou point travaillé ; et le lendemain, aïant fait venir le nommé Fricot, sindicq, je lui aurois ordonné de faire tinter la cloche pour avertir les courvoïeurs, qui n'ont pu s'assembler que l'après-midy, et aïant parcouru le surlendemain tous les travaux, j'y aurois enfin trouvé les courvoïeurs que j'aurois exhorté à bien et diligemment travailler, en leur montrant aux uns et aux autres la façon de pratiquer les talu et autres dimensions nécessaires. Ce fait, je me suis retiré après avoir vacqué en deux voïages aux opérations sus-reprises, dix jours ; et ay du tout dressé le présent procès-verbal pour servir ce que de raison.
[Signé] Nerlande.
*******************************************************************
Feuille écrite recto-verso.
[Recto] [En marge : Il y a ordonnance pour LEtoile sur une autre feuille du 22 janr 1749].
L'an mil sept cens quarante-neuf, le sept janvier [07/01/1749], en vertu de l'ordonnance du 25 juillet dernier, rendu par Messire Jacques-Bernard Chauvelin, chevalier, conseiller du Roy en ses conseils, Maître des requêtes ordinaire de son Hôtel, Intendant de justice, police, finances et des troupes de Sa Majesté en Picardie, Artois, Boulonnois, pays conquis et reconquis, moy François Nerlande, officier des Eaux et Forêts de la maîtrise d'Amiens soussigné, chargé de l'inspection particulière des fossés de la vallée de Bouchon et L'Etoile, estant avec le Sieur Biart sur les ouvrages à parachever au glaci neuf de Moreaucourt, suivant les ordres de mondit Seigneur l'Intendant, que nous avions intimés la veille aux courvoïeurs des parroisses désignées, j'aurois détaché cependant Georges Dorville, cavalier de mareschaussé à la résidence d'Amiens, pour aller sur les fossés de Bouchon et de L'Etoile, et connetre s'ils estoient faits et parfaits suivant les alignemens que j'en avois donnés ci-devant, et les largeur et profondeur que j'avois indiquées sur les lieux, de la part de mondit Seigneur l'Intendant, aux fins de soulager cette vallée des dommages qu'y causent les eaux sauvages, ce que ledit Dorville auroit fait et m'auroit raporté que tout estoit fait et parfait depuis un bout, c'est-à-dire depuis la Somme, jusqu'aux fins et limites du terroir de Bouchon, à l'exception néantmoins de quelques parties où plusieurs tenanciers ont refusé de commencer ou d'achever le travail, non plus que d'abbatre les arbres qui se trouvent dans les alignemens. Ce qu'aïant vériffié le lendemain huit, il s'est trouvé que ces refusans sont tous du village de LEtoile, sçavoir :
Le nommé Ansel [Probablement Claude II Lancel, tenancier dont la parcelle est représentée sur les plans G 2241], qui a quarante toises [78 m] de fossés à faire, et deux arbres à abatre ;
Claude Vasseur, qui a quatre arbres à abatre, et n'a pas achevé sa partie de fossé ;
Pierre Leclercq, occupeur des biens de l'église, qui a un arbre à abattre ;
Antoine Cagé, trois arbres à a[ba]ttre, et une partie du fossé qui passe par son tènement imparfaite ;
Claude Lejeune, et consors, qui a refusé constamment de travailler à son fossé et d'abbatre dix arbres ;
[Verso] Antoine Patri [Patry], lieutenant, qui a trente arbres à abbatre, et environ quarante toises de fossés imparfaites ;
Pierre Magnier et Antoine Cagé, occupeurs solidaires, qui n'ont point achevé leur fossé ;
Antoine Leroy, sa part du fossé imparfaite, et sept arbres à couper ;
Pierre Grouet, une part de fossé non fait, et un arbre à couper ;
Jean Quint, dans le même cas que Grouet ;
Jean Noblesse, un arbre à couper, et une part de fossé à faire ;
tous lesquels particuliers tenanciers et occupeurs, ont refusé, comme dit est, de commencer ou d'achever chacun en droit soy, les travaux mentionnés ci-dessus, et ci-devant ordonnés.
J'ay en outre observé que la fontaine qui se trouve comblée, et qui est d'une grande utilité, étant unique pour les habitans de Flixecourt et de Bouchon, n'est point encor ouverte. Lesd. habitans de Bouchon aïant discontinué d'y travailler.
Ce fait, et estant descendu à l'embouchure du fossé aux eaux sauvages dans la Somme, dont est question, où il est d'une nécessité indispensable pour la navigation et pour le passage des haleurs d'établir un petit pont de deux pieds [66 cm] de largeur, et de quatorze à quinze pieds [4 à 5 m] de longueur, attachés sur pieux avec appuy, pour reconnetre si ledit pont estoit enfin placé, à quoy j'ay exhorté le nommé Beurier, ci-devant poissonnier, de travailler, comme étant en sa charge, ce que je n'ay point trouvé avoir esté fait depuis six mois, et lui en aïant parlé plusieurs fois, je n'ay pu avoir de réponse valable, ce qui est un refus formel.
Dont et de tout ce que desssus j'ay dressé le présent procès-verbal, pour valoir et être ordonné par mondit Seigneur l'Intendant contre les refusans, ce que de raison. Après, j'ay retourné sur les travaux du glaci neuf de Moreaucourt, où j'ay esté rejoindre ledit Sieur Biart, ainsi qu'il est plus au long porté dans un autre procès-verbal, et ay signé.
[Signé] Nerlande.
*******************************************************************
Feuille écrite recto-verso.
[Recto] [En marge : Refus d'obéir par Fricot, syndicq, et trois habitans de LEtoile].
L'an mil sept cens quarante-neuf, le vingt-quatre février [24/02/1749], moy, François Nerlande, officier des Eaux et Forêts de la Maîtrise d'Amiens, soussigné, me suis transporté au village de LEtoile, à l'effet de vériffier et recevoir les travaux qui ont dub être faits aux fossés et ravins du village susdit et de celuy de Bouchon, servans d'écoulement aux eaux sauvages qui descendent de Mouflers, lesquels travaux aïans pour objet de délivrer le païs des innondations annuelles, [lesquels] ont esté ordonnés être faits par Monseigneur l'Intendant de Picardie et d'Artois, par son ordonnance du vingt-cinq juillet dernier, comme aussi de faire achever la découverte et le curement d'une fontaine au-dessus et attenant ledit village de LEtoile, très nécessaire au publicq. J'aurois monté au village de Bouchon, où aïant esté joint par le nommé Manier, sindic, j'aurois visitté et examiné, depuis le terroir de Mouflers, toutes les branches de fossés qui se réunissent, au-dessous dudit Bouchon, à celuy de LEtoile, et ay trouvé toutes ces parties bien et dûment creusées et eslargies, avec les talus nécessaires. Pourquoy, j'ay reçus lesdits ouvrages à la décharge des habitans dudit Bouchon, en leur enjoignant, de la part de mondit Seigneur l'Intendant, de les entretenir dans le même estat où ils sont, à peine d'amende.
Le soir survenu, je me suis retiré chez le nommé Beuriez [Beurier], cabaretier audit LEtoile, où le nommé Fricot, sindicq dudit lieu m'estant venu trouver, je luy aurois fait lecture et communication de l'article de l'ordonnance de mondit Seigneur l'Intendant, du vingt-deux janvier dernier, portant que la fontaine en question sera entièrement découverte et percée jusqu'à eaue vive, en luy pratiquant, creusant et eslargissant son ancien fossé d'écoulement, par lesdits habitans de Bouchon, conjointement avec ceux de LEtoile, et par proportion. De laquelle ordonnance, le luy aurois même donné coppie par extrait et sous ma signature, ainsi qu'audit Manier, sindicq de Bouchon, pour qu'ils n'en puissent prétendre cause d'ignorance.
Et le lendemain vingt-cinq, après visitte et examen des fossés dudit LEtoile, ainsy qu'il résulte de mon autre procès-verbal, je me suis transporté au bout du village, au pied de la montagne ditte le Camp-Cæsar, avec ledit Fricot, et où le sindicq dudit Bouchon s'est rendu, et les avis pris des principaux habitans dud(it) LEtoile [Verso] présents, qui m'ont dit avoir vu cette fontaine, et si abondante que six à sept femmes à la fois y lavoient leur linges dans son ruisseau. Et, après avoir fait d'abondant lecture de l'article de l'ordonnance cidessus, j'ay tracé et désigné avec eux la circonférence et le talu à donner à laditte fontaine, avec indication du point milieu où elle sourçoit. Et sur le champs, les deux sindicqs et habitans présents sont convenus amiablement d'y faire travailler incessanment, et de commettre par chacun jour, sçavoir huit hommes de LEtoile pour creuser, et six hommes de Bouchon pour faire les desblais, ensemble aux fossés qui en dépendent, tant et jusqu'à ce que l'eaue vive paroisse et qu'elle puisse couler aisement.
Après quoy, j'aurois esté au château de LEtoile, parler au Seigneur dudit lieu au sujet de la planche qu'il doit faire poser conjointement avec le Sieur Pingré de Fricamps, proche la Somme sur le fossé du MoulinBleu pour le passage des haleurs ; où estant à conférer, ledit Fricot sindicq m'y seroit venu trouver au bout d'une heure avec deux à trois habitans et m'aurois dit, en présence dudit Seigneur et de sa Dame, avec hauteur et menaces, que j'eusse à lui montrer mes ordres, ajoutant que je n'en avois aucun, et lui aïant répondu que je lui avois montré et lu la veille et aujourd'huy, publiquement à l'endroit de la fontaine, qu'il en avoit une copie sous ma signature, et que ci-devant il ne m'avoit jamais fait pareille question, il m'a répliqué qu'il ne feroit point travailler, et est sorti comme un furieux, ce que j'ay pris pour refus, ou plutôt pour une désobéissance formelle à l'ordonnance de mondit Seigneur l'Intendant. Et pour être sur ce pourvu, j'ay dressé le présent procès-verbal, et ay signé, étant revenu à Amiens le vingt-six desdits mois et an.
[Signé] Nerlande.
[En marge des trois derniers paragraphes, on lit : 1er nota ; 2e nota ; 3e nota].
*******************************************************************
Feuille écrite recto-verso.
[Recto] [En marge : Perfection des travaux qui mettent la vallée de LEtoile à l'abri des inondations ainsi que celles de Bouchon et de Mouflers]
L'an mil sept cens quarante-neuf, le sept mars [07/03/1749] et jours suivans, en vertu de l'ordonnance de Monseigneur l'Intendant de Picardie et d'Artois du 25 juillet dernier, et d'autres subséquentes au sujet des fossés d'écoulement aux eaux sauvages depuis Mouflers jusqu'à la Somme, coulans et passans par les terroirs et villages de L'Estoile, rendues aux fins de metre ces fossés d'une largeur et profondeur suffisantes pour délivrer cette vallée des inondations annuelles qui la dégradoient et causoient des dommages considérables aux terres riveraines, moy, François Nerlande, officier des Eaux et Forêts de la Maîtrise d'Amiens soussigné, chargé des travaux ci-desssus, après plusieurs voïages par moy ci-devant faits pour les tracer et diriger, me suis enfin transporté avec le Sr Dorville, cavalier de mareschaussé à la résidence d'Amiens, au village de L'Etoile – la partie de Bouchon et au-dessus aïant esté finie et achevée ainsi qu'il résulte de mes précédens procès-verbaux – où estant et aïant d'abondant visitté et reconnu que par un esprit de désobéissance, il se trouvoit encor des parties de fossés à parachever, tant au principal qui sert à recevoir et faire passer les eaux sauvages qui descendent de Bouchon pour les transmetre jusqu'à la Somme, qu'au fossé de la fontaine, qui est d'une très grande utilité aux habitans, j'aurois chargé ledit Dorville de l'ordonnance de mondit Seigneur l'Intendant, le lendemain huit mars, laquelle, dattée du vingt-deux février dernier, ordonne établissement de garnison chez le nommé Fricot, sindicq, et trois des principaux habitans de LEtoile, tant et jusqu'à ce qu'ils aient satisfait et achevé les travaux, et les condamne aussi en dix livres d'amende solidairement, ce que ledit Dorville auroit exécutté. Et, cependant, lesdits habitans m'étant venus joindre et m'aïant témoigné que reconnoissant l'avantage de tous les travaux qui s'étoient jusqu'icy à leur réquisition, ils étoient prets d'achever ce qui en restoit, je me suis d'abord transporté avec eux vers le bas du fossé neuf, du côté de la Somme, où il restoit encore deux bancs qui le baroient, [Verso] ils y auroient sur le champs commis ouvriers. Après quoy, j'aurois remonté le fossé jusqu'à la rue qui sert de chemin de bas à Abbeville, où il est question de travailler à enlever un bout de terrin pour donner une ouverture suffisante à cette partie de fossé, ce faisant, prolonger de trois pieds la planche qui sert de passage, ce que les habitans m'ont encor promi de faire exécutter en dedans le jour ; transporté ensuite vers Bouchon, à un angle saillant du tènement au nommé Ansel, qu'il a négligé de couper sur trois à quatre pieds. Lesdits habitans se sont encore obligés et soumis d'y commetre ouvriers dans le jour, ou y faire commettre par ledit Ansel ; et enfin revenu au fossé de la fontaine où j'aurois trouvé des courvoïeurs, je leur aurois indiqué les talus, circonférences, directions, largeurs et profondeurs, d'abondant, à observer, tant à lad. fontaine qu'à son ruisseau de décharge dans le principal fossé, ce qu'ils m'ont tous promis d'effectuer, au moïen de quoi les travaux ordonnés seront faits et parfaits, et cette vallée à l'abri de toute inondation. Et le surlendemain matin, m'estant encor transporté sur les lieux ci-dessus désignés, j'aurois trouvé du côté de la Somme les deux bancs enlevés, et des ouvriers aux autres endroits. Et néantmoins, j'aurois chargé ledit Dorville de rester et de tenir la main au restant desdits travaux, suivant et conformément à lad. ordonnance dud. jour vingt-deux février dernier, tant et jusqu'à ce qu'ils soient parfaits, et me suis retiré, aïant vacqué quatre jours, tant au voïage qu'à la rédaction des présentes, que j'ay dressées pour servir et valoir ce que de raison, et ay signé.
[Signé] Nerlande.
Et le unze desdits mois et an, tous les travaux ci-dessus aïant esté bien et duement faits et parfaits, au moïen de quoy, et en les entretenans, toute cette vallée est à l'abri des pertes causées par les inondations, ledit Dorville s'est retiré, et a signé avec moy ces présentes.
[Signé] Dorville ; Nerlande.
*******************************************************************
Lettre. Double feuille écrite aux rectos, avec quelques annotations de transmission de dossiers ou d'archivage écrites de diverses mains, sur ces rectos et au deuxième verso.
[f° 1] Monseigneur,
J'ai accompagné Mr Beffara [...]
J'ai l'honneur de vous envoïer, Monseigneur, sept procès-verbaux cyjoints concernans LEtoile, Bouchon et Mouflers. Le dernier, du sept de ce mois, fol° v°, justiffie que tous les travaux sont faits et parfaits, au moïen de quoy ces vallées sont doresnavant à l'abri des inondations ; c'est ce qui me fait vous supplier, aïant dépensé au moins cinquante escus [150 livres] dans les différens voïages que j'ay faits, de m'en ordonner le rembours, à raison de deux-tiers sur les habitans de LEtoile et d'un tiers sur ceux de Bouchon, d'autant qu'ils se sont plaints eux-mêmes des inondations, qu'ils en ont demandé le remède, et qu'ils en sentent aujourd'huy tout l'avantage. Il y a en même tems lieu d'en ordonner l'entretien, à la vigilance des sindicqs. Je joins un modèle d'ordonnance pour ces deux parties.
Et pour m'éviter de séjourner sur les lieux trois à quatre mois de suite, j'ay sous votre bon plaisir, Monseigneur, préposé le nommé Beaussard, habitant de LEtoile, pour tenir la main à ce que je désignois et alignois de votre part. Ce particulier espère de votre grandeur une petite récompense ; son état est avec les pièces [blanc. Lire : cy-jointes ?].
Quant à l'amende de dix livres que vous avés prononcée contre le sindicq de LEtoile, ne sçachant à qui elle doit être remise, Dorville vous dira qu'il l'a reçue.
[f° 2] J'ay déjà eu l'honneur, Monseigneur, de vous offrir mes services pour l'inspection des chemins, en place de l'un des exemts qui va résider à Péronne,
j'ay celuy d'être, avec un très profond respect, Monseigneur, votre très humble et très obéissant serviteur.
[Signé] Nerlande.
*******************************************************************
Feuille écrite recto.
[Recto] [En marge : 2 avril 1749].
Jacques-Bernard Chauvelin, Chevalier, Conseiller du Roy en ses conseils, Maître des requêtes ordinaires de son hôtel, Intendant de justice, police, finances, et des troupes, etc., Vus les procès-verbaux du Sr Nerlande, notre commissaire en cette partie, concernans les travaux qui étoient à faire tant à neuf qu'à réparer sur trois mille huit cent toises [7,4 km] aux fossés et ravins qui servent d'écoulement aux eaux pluviales et extraordinaires, lesquelles descendent de Mouflers, passent au travers des terroirs et villages de Bouchon et de LEtoile, et se déchargent dans la Somme, à l'effet de délivrer ces vallées des inondations annuelles qui y survenoient, notanment celuy [procès-verbal] du sept mars dernier, duquel il résulte que ces travaux sont faits et parfaits et qu'il y a tous lieu d'espérer, en les entretenant, que lesdittes vallées ne seront plus exposées aux mêmes dommages que par le passé, nos ordonnances des 25 juillet 1748 et 22 janvier 1749, tout considéré, Nous ordonnons que lesdits fossés et ravins servans de décharge et d'écoulement aux eaux pluviales et extraordinaires depuis et compris le village de Mouflers, traversans ceux de Bouchon et de LEtoile jusqu'à la Somme seront annuellement entretenus et réparés, sur les direction, largeur et profondeur qui leur ont esté désignés, par les habitants desdits vilages, les uns et les autres sur leur territoire, à corvée hors desd. villages, et dans l'intérieur d'iceux et vis à vis les plants, jardins et mazures par les tenanciers et occupeurs – ainsi que la fontaine dudit LEtoile par les habitans de ce lieu – à peine de six livres d'amende contre chacun particulier contrevenant, à la diligence des sindicqs, sous l'inspection du Sr Nerlande que nous commettons pour en faire la visitte aux mois d'avril et de septembre de chacune année, et nous rendre compte. Et cependant, vus les voïages par luy précédenment faits, les dépenses et les peines qu'il s'est donné pour avoir désignés, alignés, toisés et mis tous lesdits fossés et ravins en bon estat, d'où il résulte un grand avantage pour le pays, luy avons alloué et taxé la somme de cent vingt livres, sçavoir celle de quatre-vingt livres à payer par les habitans dudit L'Etoile et celle de quarante livres à recevoir des habitans dudit Bouchon, au payement desquelles sommes, les sindicqs et quatre principaux habitans seront contraints par établissement de garnison d'un cavalier de mareschaussée, à raison de [blanc] par jour, ce qui sera exécutté nonobstant oppositions ou appellations quelconques. Donné à Paris, le deuxième jour d'avril mil sept cens quarante-neuf [02/04/1749]. Signé en la minutte, Chauvelin.
[D'autre main] Pour copie dont l'original a été remis à Mr Nerlande, conformément aux ordres de M. l'Intendant.