L'ETOILE ET SON HISTOIRE par Ghislain LANCEL
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Le recensement de 1911

Le recensement de 1911 présente peu de nouveautés par rapport au précédent. On observe toutefois que l’effectif de la population globale, après avoir atteint son sommet en 1906, commence à décliner rapidement avec une baisse de près d’une centaine de personnes – en seulement 5 années – tandis que les Moulins-Bleus restent stables (augmentation de 7 personnes).

Curieusement le manuscrit fut rédigé par deux personnes différentes. En effet, à partir du numéro général 1297 (un haut de page, mais en plein milieu d’une famille des Moulins-Bleus) le recensement est rédigé avec un usage immodéré de majuscules très développées ! Il devient alors fréquent de trouver la mention de deux ou trois prénoms, certainement relevés sur une pièce d’identité, en lieu et place du seul prénom usuel...

On notera à nouveau la présence d’au moins 6 doublons, des enfants portés d’une part comme légitimement fils ou fille du chef, mais aussi d’autre part comme nourrisson, pensionnaire ou petit-enfant des grands-parents ! Sont concernés Marcelle ALLET, Charlotte BERMOND(T), Colbert CAILLY, Thérésa DANTEN, Paulette MALO (MALAUT) et Claire SAILLY.

Récapitulatifs

La lecture de la première page donne immédiatement une synthèse du Dénombrement de 1911 : 1676 individus (en réalité 1670), 444 maisons et 456 ménages, alors que l’on comptait 1752 personnes et 433 maisons en 1906. Le document est signé et daté du maire, Charles Devauchelle, en date du 30 mars 1911.

Ce cahier comporte un tableau statistique d'effectifs par tranches d’âges :


Né en 1910-11 : 51
Né en 1891-1909 (1 à 19 ans) : 623
Né en 1871-1890 (20 à 39 ans) : 476
Né en 1851-1870 (40 à 59 ans) : 358
Né en 1850 et antérieurement (60 ans et plus) : 168.

On ajoutera, en complément, que l'âge moyen ne dépassait guère 30 ans (30,35). Mais la doyenne, de peu, est Octavie FRICOT, 91 ans.

On comptabilise 612 individus dits habitants des Moulins-Bleus (mais non rue des Moulins-Bleus). Le château, qui n'est pas mentionné explicitement, regroupe quant à lui 74 personnes en 31 logements (et 5 appartements inoccupés).

Composition

Les colonnes du cahier de recensement sont les mêmes que celles de 1906. Toutefois les numéros des maisons incluent maintenant celles inhabitées. Pour les noms des femmes et veuves sont mentionnés le nom marital suivi de celui de jeune fille.

Comme en 1906, le dénombrement commence par la rue du Presbytère. Mais cette fois, c’est pour citer en tête la Mairie et Ecole. Le premier habitant relevé est donc Henri LOURDEL, le nouvel instituteur public. Mais rassurons nous, Alexandre COISY, le curé, arrive juste après !

Saint-Frères

Bien que l’effectif soit en légère baisse, uniquement du fait des femmes, on compte encore environ 728 personnes demeurant à L'Etoile et ayant St-Frères pour patron (766 en 1906). Ces travailleurs peuvent se décomposer en 231 femmes et 493 hommes, y compris 38 enfants de 13 à 15 ans, et aussi 21 personnes âgées de 66 à 79 ans !

La carrière d'Henri FOURQUEZ progresse. Après avoir été directeur de la seule filature, Monsieur Fourquez est maintenant le directeur de l'usine Saint-Frères des Moulins-Bleus (depuis 1909).

Comme en 1906, fileuse et tisseur sont les deux principales qualifications relevées dans le personnel de l'usine. Quelques spécialisations apparaissent maintenant, comme celles d’assouplisseur, de peseur à l’usine, de bourrelier d'usine et de contremaître parage, ou bien aussi de balayeur, de garde de nuit, de garde magasin, de garde particulier ou de jardinier ! D’autres prennent de l’importance comme celle de cardeur (28 au lieu de 2), de démonteuse et d’étirageuse. D’autres qualifications changent de nom comme celle d’Homme de peine au lieu des traditionnels journalier et manouvrier, qui disparaissent. Quant aux ouvriers et ouvrières d’usine, ils sont cette fois en forte diminution.

Voici le détail (par ordre alphabétique) des qualifications relevées chez Saint-Frères : Aide électricien (1) ; Aide machiniste (1) ; Ajusteur (1) ; Ajusteur mécanicien (3) ; Assouplisseur (1) ; Balayeur ou balayeuse (1 + 1) ; Bambrocheuse (23) ; Bobineuse (4) ; Bourrelier, d’usine (2 + 1) ; Cardeur (28) ; Charretier (2) ; Charron (1) ; Chauffeur (3) ; Chef de tissage (1) ; Chef mécanicien (1) ; Comptable (1) ; Concierge d’usine (1) ; Contremaître, de tissage, parage (5 + 1 + 1) ; Couseur (1) ; Démonteur ou démonteuse (11 + 19) ; Dévideuse (1) ; Directeur (1) ; Electricien (1) ; Employé (1) ; Employé de bureau (15) ; Employé d'usine, filature, pelotonnage, tissage (3 + 4 + 1 + 1) ; Etirageuse (23) ; Ferblantier (1) ; Fileur ou Fileuse (1 + 107) ; Forgeron (1) ; Garde de nuit, magasin, particulier (1 + 1 + 1) ; Graisseur (9) ; Homme de peine (29) ; Jardinier (1) ; Maçon (1) ; Mécanicien (20) ; Ménagère (1) ; Menuisier, d’usine (1 + 2) ; Mouilleur (18) ; Ourdisseuse (3) ; Ouvrière (1) ; Ouvrier ou ouvrière de filature (3 + 3) ; Ouvrier ou ouvrière d'usine (18 + 1) ; Pareur (16) ; Peigneron (1) ; Peintre, d’usine (2 + 1) ; Pelotonneuse (23) ; Peseur à l’usine (1) ; Plieur de toile (1) ; Régleur (2) ; Serrurier (1) ; Siffleur (5) ; Suplieur [?] (1) ; Surveillant (3) ; Tisserand (2) ; Tisseur ou tisseuse (220 + 25) ; Tourneur sur métaux (4) ; Trameur ou trameuse (33 + 7) ; Visiteur de toiles (1).

Signalons par ailleurs que dix personnes travaillent indirectement avec Saint-Frères, dans la Société coopérative des Moulins-Bleus (Epicier, boulanger, charcutier, employé de commerce, comptable, et conducteur de train !)

On pourra trouver à la page Glossaire quelques explications sur les métiers du textile.

Les autres métiers

On relève quand même bon nombre de travailleurs ne dépendant pas directement de Saint-Frères ! Ce sont essentiellement les cultivateurs, les petits commerçants de l’alimentation et les personnels de service et du bâtiment. Ainsi on relève au moins 15 cultivateurs (2 femmes) et 7 ouvriers agricoles, 18 ménagères et 9 domestiques, 6 couturières, mais aussi 11 débitants de boisson et 3 cafetiers (11 femmes) ! En moins grand nombre, on compte 4 épiciers, 1 marchand de légumes et la gérante de la Ruche Picarde. Dans le secteur du bâtiment, on relève 4 maçons, 3 cimentiers, 1 menuisier et 1 peintre. On relève un enseignant de plus, ce qui semble correspondre à l'ouverture de la nouvelle école, ou d'une nouvelle classe et d'un logement de fonction (?), puisque, rue d'Amiens l'on compte trois instituteurs (dont le couple DESTREGARD, hébergeant Melle CAUX, mais cette dernière était peut-être en fonction rue du Presbytère). Aux Moulins-Bleus, c'est maintenant le couple LEJEUNE/CROGNIER qui a pris les fonctions. Au service de la collectivité, on compte 1 docteur, 1 curé, 3 cantonniers et un garde champêtre. Parmi les nouveautés ou originalités, signalons un facteur receveur (bureau de poste créé en 1909), un courtier en chevaux, un employé de préfecture et une modiste !

Provenances géographiques

On ne compte que 4 étrangers, tous dits belges, les membres de la famille AVISSE, qui demeurent rue St-Martin. Toutefois, seul l’homme est né en Belgique (Ploegsteert), l’épouse venant du Finistère (Plomodiern) et les deux enfants étant nés à L'Etoile ! Marie STUMPF est française, mais elle est née à Vilse (Gd Duché de Luxembourg).

Comme en 1906, on trouvera un grand nombre de villages français représentés dans les localités de naissance (plus de 995 personnes nées hors L'Etoile). Sans lieu de naissance spécifié, on compte aussi 23 enfants (âgés de 1 à 5 ans) placés dans les familles stelliennes par l’Assistance publique de la Somme.

Dernière mise à jour de cette page, le 14 décembre 2005.

 

 
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