L'ETOILE ET SON HISTOIRE par Ghislain LANCEL

Aleaume II d'Amiens (Alermus de Ambianis)

 

Aleaume II d'Amiens, généalogie

Aleaume II d'Amiens, petit-fils d’Aleaume I, quatrième fils de Dreux d’Amiens et de Marguerite de St-Pol, seigneur de L'Etoile, décéda avant août 1248 [AN, R1/35 art. 216].

Un sceau presque complet d'Aleaume est conservé, appendu sur simple queue à une charte de 1224. Aleaume y est représenté comme le sont de nombreux comtes ou hauts seigneurs en ce XIIIe siècle, en un cavalier galopant vers la droite, coiffé d'un heaume à timbre plat, tenant une épée levée (qui manque) dans la main droite et l'écusson avec ses armes (non discernables) de la main gauche. Selon Noulens, le bouclier porte deux bandes (résidus de trois chevrons ?) [N, p. 347, 348, qui en donne une représentation, et cite la seule source connue : AN, J. 231. Amiens, n° 3].

Un seul document connu nomme une épouse, Aëlis, décédée avant octobre 1236 [AN, 1/Q/1547], dont :

1) Pierre. Ce fils n'est cité que par De Court qui en dit la branche inconnue. Il fut seigneur de L'Etoile, cousin germain de Jean, faisant ensemble quelques donations aux religieuses de Moreaucourt en 1248 (il aurait au moins 12 ans) [DC, p. 533, 539]. Mais une confusion est vraisemblable avec Pierre, fils de Thibaut, son oncle tuteur. Sinon, serait-il donc décédé, comme Jean pourrait l'être, dans l'année qui suivit la mort de son père ?

2) Peut-être un fils, Hugues, décédé jeune, inhumé dans le chœur des religieuses de l’église de Moreaucourt [Moreaucourt, p. 28-29 (mais voir Hugues, fils de Jean)].

Voir : Armoiries d'Amiens

1204 à 1248 (du moins jusqu'en 1236) : Aleaume II d'Amiens, seigneur attesté de L'Etoile (dominus de Stella)

Aleaume succéda probablement comme seigneur de L'Etoile à son frère aîné, Pierre, décédé en 1204 alors qu'il revenait de la 4e croisade. Il est le premier à se dire seigneur de L'Etoile, et de plus, seulement de ce lieu ! On peut raisonnablement penser qu'il le resta jusqu'à sa mort, en 1248, soit durant plus de 40 ans. Dès lors on peut imaginer que son empreinte fut importante sur le village, par exemple, construction d'un manoir ou château, exploitation des four et moulin baniers, dons à l'église, inhumation dans le chœur.

1217 (janvier) : "Convention entre la commune d'Amiens et Aléaume d'Amiens, seigneur de l'Etoile (dominus de Stella) par laquelle la commune s'engage à élargir à ses frais le pont de L'Etoile qui entravait la navigation, à condition qu'il sera entretenu par Aléaume et ses héritiers. Amiens, janvier 1217". Et "Lettre monseigneur Aliamme d'Amiens, seigneur de L'Estoile, ke li pons de l'Estoille doit avoir XX pieds, et ke il l'est tenus à retenir à son coust. Janvier 1217" (AC d'Amiens, AA1, f° 167, 1re lettrine, et autre exemplaire en AA5, f° 16, vo).

Les Marais de L'Etoile, qui s'étendaient jusqu'à la rivière, et donc incluaient le pont (?), lui appartenaient entièrement, puisque c'est de lui que Jean, son neveu, déclare les avoir reçus en une charte de 1248 .

1224 (février) : Aleaume d'Amiens, adresse une lettre au roi de France, Louis VIII, pour lui rappeler que l'usage, du temps de son père Philippe-Auguste, était que les chevaliers ayant des dettes en la prévôté d'Amiens disposent d'un délai de 15 jours avant que les prévôts ne se saisissent de leurs biens. Mais cette lettre nous est surtout importante parce que c'est le deuxième acte original connu mentionnant le nom du village L'Etoile (Alermus de Ambianis, miles, dominus de Stella), et qui plus est, avec le sceau de son seigneur ! Ce sceau rond de belle dimension (58 mm) est appendu sur simple queue à la charte et représente le seigneur chevauchant sa monture, le bras droit ouvert laissant apparaître l'écusson (dont on devine qu'il est formé de deux chevrons). [AN, J 231. Amiens, n° 3]. Rappelons que le cartulaire I du Chapitre, qui date de 1218 ou environ, est aussi un original mais qui ne comporte que des copies d'actes dont certains mentionnent L'Etoile. De même les autres copies et ouvages mentionnant L'Etoile pour une date antérieure à 1224 furent tous rédigés ultérieurement.

1224 (avril) : Aleaume, seigneur de L'Etoile, Alelmi domini de Stella, est témoin pour son frère Regnault lors de la vente de la moitié de Mirvaux à l'évêque [Original avec trace de sceau 3 G 44]. Nouvel acte mentionnant L'Etoile en l'espace de 3 mois !

1226 "Le seigneur de Lestoille a donné xxx solz de rente en l'an... 1226" [78 H 1, cartulaire de 1529]. C'est probablement une erreur de date qu'il faut replacer en l'an 1236. Calonne donne Aleaume pour seigneur de L'Etoile, en 1226 (A voir sa note 4).

1235 (12 novembre) : Alermus de Ambianis dominus de Stella est cité parmi les témoins apposant leur sceau dans une copie d'acte concernant Jean d'Amiens et l'abbaye de Bertaucourt [66 H 1, p. 109-112].

1236 (octobre) : Aleaume d'Amiens, chevalier, seigneur de L'Etoile (miles et dominus de Stella) donne et concède au couvent de Moreaucourt, pour sa pitance, pour l'âme de son épouse Aelis, trente sols à prendre héréditairement, chaque année et à toujours, sur le cens de L'Etoile, à la St-Rémi, en mémoire de son anniversaire [AN, Q/1/1547]. En 1468, les religieuses obtiendront une commission contre Ysabeau d’Ailly pour arrérages sur cette rente.

Son frère Thibaut semble ensuite avoir eu pouvoir sur le pont, en tant que tuteur de Jean.

Essai de reconstitution de l’activité d’Aleaume à L’Etoile

Dans la mesure où Aleaume est le premier châtelain d'Amiens à prendre le titre de seigneur de L’Etoile, et de ce seul village, il paraît logique de penser qu’il s’est personnellement investi dans le développement du village, probablement par des travaux importants concernant sa demeure (aménagement, agrandissement ou reconstruction du château). Il lui fallait donc aussi y adjoindre des dépendances, comme des prés, un vivier et surtout un accès fluvial rapide entre L'Etoile et Amiens, etc. Or un espace d’une telle superficie ne semblait pas exister. Est-ce alors lui (ou un très proche ancêtre) qui décida de rendre viable la partie marécageuse située au sud de la vieille Somme en canalisant la Somme de manière rectiligne telle qu'elle est de nos jours . Sur les plans de 1783, on voit qu’il en reste encore comme identifiable de ce domaine seigneurial la grande zone triangulaire formée par les Grand Pré et Petit Pré, l’ancien Vivier (alimenté par une petite déviation partant du Bequet) et l’emplacement du château au "Chef-lieu". De la même époque daterait alors la création de la rectiligne rue du Bac, tracée depuis l’ancien lit, les masures en bordure et naturellement le pont, étant déjà devenu trop étroit en 1217. Ces aménagements lourds supposent qu’il n’y avait pas, ou peu, d’habitations en cet endroit au préalable. Elles se seraient donc situées à l’ouest, ce que semble confirmer les toponymes plus anciens qui s’y trouvent et les allusions a des fiefs, habitations peut-être détruites à l’issu d’une bataille qui a d’ailleurs laissé ce nom en un lieu-dit Champ de Bataille.

Compléments


1209 (356/4) frère.
1210 (356/bas) frère.
1216 (357/bas) témoin.
1217 seigneur de L'Etoile faisant accord avec l'échevinage pour entretenir le pont (358/2). Voir ci-dessus.
1219 (358/bas) témoin, qui consent à la donation des marais de Moreaucourt, par Regnault, Sr de Vignacourt.
1224 (février) : lettre à Louis VIII. Voir ci-dessus.
1224 (mars) : cité (359/4) témoin
1224 (avril) : témoins (voir ci-dessus).
1225 : création de la prévôté de Saint-Ricquier. L'Etoile passerait donc du comté de Ponthieu au bailliage d'Amiens.
1225 (359/6)
1236 : voir ci-dessus.

Publication Ghislain Lancel, d'après des recherches effectuées avant 2008 (avant l'accès aux puissants moyens informatiques actuels...)

Première publication, le 5 août 2013. Dernière mise à jour de cette page, idem.

 

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