L'ETOILE ET SON HISTOIRE par Ghislain LANCEL

Les Langlois de Septenville (et d'Incourt), seigneurs de L'Etoile (1720-1748)

 

Les Langlois de Septenville succèdent aux Briet/Gouffier comme seigneurs de L'Etoile (Somme).

Armoiries

 


Représentations des blasons : (a) d’après le blason peint par Rousseville [Pic 40 (et non ms 2132)] ; (b) Michel selon D’Hozier (Reims) ; (c) Pierre I d’après un tableau de l’église de Courcelles-sous-Moyencourt. D’Incourt (épouse Langlois). Reconstitution d’après la description de l’armorial d’Hozier de 1696 et un tableau de l’église de Courcelles-sous-Moyencourt.

Langlois de Septenville. Lorsque l’édit de 1696 sur l’enregistrement des armoiries fut publié, Pierre I Langlois était trop jeune pour être concerné, n’ayant guère plus qu’une quinzaine d’année. En Picardie l’on ne trouve que les armoiries de deux de ses oncles, lesquelles furent enregistrées au bureau d'Amiens, selon les mêmes descriptions – ce qui semble signifier que ces frères étaient puînés. Ces armes sont celles de Louis Lenglois (Langlois), chanoine de la cathédrale d'Amiens, et celles déclarées par Marie Dufresne, comme veuve de Pierre Langlois : « Coupé, au 1er, d’azur, à un aigle naissant d’or ; et au 2e, recoupé, émanché, d’argent et de gueules. » (écu coupé horizontalement en deux parties égales, composé en haut d’un aigle jaune sur fond bleu, et en bas, d’une ligne en zigzag avec dents blanches en haut et rouges en bas) [BN, microfilm 3486 ; D’Hozier, Armorial, n° 85 et 313 du registre 1er d'Amiens]. Les armoiries de Michel Langlois, père de Pierre, furent quant à elles déclarées hors de la Picardie, à Reims (Marne), où celui-ci exerçait sa charge de conseiller du roi, receveur d’entré et de sortie du royaume au bureau général de Reims. Ses armes diffèrent de celles de ses deux frères par les couleurs de la partie inférieure (et seraient donc les armes pleines de l’aîné) : émanché d’or et d’azur. Bizarrement, la description y ajoute un complément non représenté constitué de deux deniers d’or : « Michel Langlois, conseiller du Roy, receveur des droits d’entrée et sortie du royaume au bureau général de Reims, porte d’azur émanché de trois pointes et de deux deniers d’or, et un chef d’azur chargé d’un aigle naissant d’or » [BN, microfilm couleur 23, p. 243 et microfilm N & B 3469, p. 454]. Les armes de Pierre I (fils de Michel), seigneur de L’Etoile, ne sont connues et justifiées que parce qu’elles sont représentées jointes à celles de sa femme au bas d'un tableau, se trouvant encore dans l'église de Courcelles-sous-Moyencourt, toile qui représente le baptême du Christ. Encore une fois les couleurs varient dans la moitié inférieure (d’argent émanché d’argent et de sable) mais sont-elles d’origine ? Le tableau cité fut récemment restauré. Compte tenu de l'intérêt porté par Pierre Langlois à l'église de Courcelles dès 1719, et des armes qu'il porte, ce tableau pourrait dater des années 1720 environ. Mais les restaurateurs l'estiment postérieur d'un siècle ! Une copie paraît pourtant bien improbable, du moins si ce présent tableau – qui n'est plus dans son logement d'origine – provient réellement de l'église de Courcelles, puisque les Langlois vendirent le château en 1826.

Rousseville a peint les armes de la famille Langlois avec le plus bel effet mais avec encore d’autres couleurs, dans la moitié supérieure. Et il en donne sa description : Langlois porte d’or à l’Aigle naissant de sable coupé d’argent à 4 pointes de gueules. Support, deux lions. Cimier, une tête de Loup de sable dans un vol chargé des armes de l’Escu [BMA, Pic 40, p. 242]. La Gorgue (t. 2, p. 827) reprendra cette description, affirmant que a famille portait d'or à l'aigle naissant de sable, coupé d'argent à 4 pointes de gueules.

 

D’Incourt (épouse Langlois). Les armoiries de Pierre d’Incourt, père de Marie-Madeleine (épouse de Pierre I Langlois, ci-dessus) furent enregistrées, selon l’édit de 1696 : « Pierre d’Incourt, escuier, S. de Angart, porte de gueules, à un daim saillant d’argent [écu rouge portant un daim blanc dressé sur ses pattes arrières] » [BN, microfilm 3486, p. 55 (n° 227)]. Ces armes sont parlantes : un daim qui court pour D'Incourt. On trouve une nuance de couleur chez Rousseville : « Dincourt porte de gueules au Daim d’or » [BN, Picardie 40 (Langlois, titre V)]. Les représentations connues du blason Dincourt sont rares. On connaît celle de l’armorial général [BN, microfilm couleur 48, p. 4], et celle du blason associé avec celui des Langlois, au bas d’un tableau du baptême du Christ actuellement entreposé dans l'église de Courcelles-sous-Moyencourt (voir à Langlois). Sur le blason Dincourt de ce tableau, qui aurait été peint bien après le trépas des époux Langlois et Dincourt, le daim est représenté de manière extrêmement moderne, bondissant presque à l’horizontale, de droite à gauche, avec un relief donné par des aplats blanchâtres ou marrons, mais les couleurs du blason son identiques, de gueule au daim d’argent.

 

Généalogie

Langlois de Septenville

Pierre Langlois, acheta la seigneurie de L'Etoile en 1720. La Maison Langlois est peu citée dans les nobiliaires. Toutefois celui de Rousseville exhibe les justificatifs jusqu’au trisaïeul de Pierre et remonte même au 7e aïeul (Jacques, vivant en 1444), un auditeur (et non un notaire) qui justifie ainsi de la noblesse des Langlois [BMA, Pic 40, p. 242 r° et v°]. Un bel arbre, qui semble reprendre cette maintenue, se trouve dans les papiers de famille, archivés à la Bibliothèque d'Amiens [BMA, Ms 1215/98]. On dispose par ailleurs de notes sur cette famille dans La Gorgue (t. 2, p. 827), lequel mentionne que leur fief de Septemville (Septenville, canton de Villers-Bocage), tenu de Corbie fut saisi en 1585, et de notes inédites rédigées par le père Daire [Selon le père Daire, Septenville était un hameau composé de 7 fermes, dont la ferme des prémontrés qui contenait1260 journaux de terre […] [Daire, Histoire... Doullens, BMA, H 3870, p. 142]. Ce fief de Septenville semble avoir été originairement très modeste, constitué seulement de " 3 muids de bleds et 2 septiers de pois " (Voir aussi par ÉVRARD (Marcel), dans Quelques aspects de l'architecture en Picardie au XVIIsiècle, la généalogie Langlois et les justificatifs dans le chapitre sur Le château de Courcelles-sous-Moyencourt [BSEA, t. 28]). La famille est toujours représentée à ce jour [En 1977 on comptait 6 descendants [Valette, Catalogue de la noblesse française contemporaine]. La branche aînée est représentée par Gérald Langlois de Septenville (50540 La Mancellière) qui conserve un arbre généalogique remontant au XVsiècle, lequel mentionne que la famille est originaire de l’actuel département de la Seine-Maritime mais qu’elle s’installa rapidement dans la Somme.].

Durant cinq générations on releva des alliances Langlois avec la grande bourgeoisie, mises en évidence par plusieurs charges successives de receveur. Antoine, fils d’un premier Pierre, fut prévôt du Beauvaisis, son frère Pierre fut receveur général à Tours ; Pierre, fils d'Antoine, fut receveur des gabelles au grenier à sel de Doullens ; Louis, fils de Pierre, époux de Charlotte Dufresne, fut receveur des domaines au bailliage d'Amiens [BSEA, t. 28, p. 37].

 

Michel Langlois (qui signait L'Anglois), écuyer, sieur de Septenville et de Bois-Laurent, est fils de feu Louis (écuyer seigneur de Septenville, conseiller du Roy, receveur à Amiens), et de Charlotte Dufresne. Il épousa, le 2 mars 1680 en l'église St-Eloy à Bordeaux (Gironde), damoiselle Marie Boytelet (qui signait Marie Boittelet, fille de feu François, bourgeois de Bordeaux et d'Agnès Danielle) [AD Gironde, 4 E 451 (?)]. Un contrat de mariage fut passé le 14 juin 1680, devant Me Jean de Ferrand, notaire à Bordeaux. Les époux demeuraient alors rue Desfossetz à Bordeaux, paroisse St-Pierre, et il avait déjà plut à Dieu de leur donner un fils, Pierre (I) [AD Gironde, 3 E 4100 – 2 Mi 21 D R 32 (fichier Guerlin, fiche Langlois)]. Vers 1696, Michel demeurait à Reims où il était conseiller du roi, receveur des droits d’entrée et de sortie du royaume au bureau général de Reims [Armorial dressé par D’Hozier, élection de Reims, communication Pol Gosset (n° 365)]. En 1709 ledit Michel était toujours receveur des fermes du roi, demeurant à Reims avec son épouse [3 E 29855, Contrat de mariage de Pierre].

Michel avait un frère, Louis, chanoine d'Amiens, et un autre frère, Pierre, né vers 1640, époux de Marie Dufresne [Pierre Langlois de Septenville, 35 ans, fils de feu Louis et de Charlotte Dufresne, épousa le 20 janvier 1675 à Amiens (St-Remy), Marie Dufresne, 25 ans, fille de Michel et de Marie Pingré, avec dispense au 3e degré de consanguinité], qui, par testament, en date du 1er décembre 1696, lui avait fait don de sa seigneurie de Septenville, alors qu'il ne semblait encore que sieur de Boislorent [B 98, f° 72 à 75 v°], et une sœur, Marguerite, demeurant à Amiens en 1709. Signalons que Marie Dufresne, veuve, se remaria avec Pierre Pingré le 23 septembre 1698 à Yzeux.

Postérité :

1 - Pierre [I] Langlois, né entre mars et juin 1680 (à Bordeaux ?) [contrat de mariage des parents], qui suit ;

2 - Michel-Louis (Louis-Michel), né le 18 octobre 1684 à Bordeaux (paroisse St-Pierre), ondoyé le 23, avec baptême suppléé le 25 mars 1690 à Amiens, paroisse Notre-Dame [Bignon (Malheureusement les actes archivés pour la paroisse Notre-Dame présentent une lacune de 1672 à 1691)], chanoine d'Amiens, présent au Cm de Pierre en 1709, vivant en 1746 [5 Mi D 140 (décès)].

3 - François-Vincent, né le 24 décembre 1690 à Calais (paroisse Notre-Dame) [Villers de Rousseville, Pic 40, f o 242] ;

4 et 5 - Agnès et Marie, religieuses [Guerlin].

La mort de Pierre I Langlois (en Amérique ?), amena sa jeune veuve, Marie-Madeleine d’Incourt, à assumer les responsabilités familiales au moins dès 1732.

Famille D'Incourt

La généalogie d’Incourt (Dincourt) ne se trouve pas dans les nobiliaires de Picardie. En effet la terre d’Incourt semble située dans le Pas-de-Calais (Incourt, 62 770 Le Parcq, quelques kilomètres à l’est de Hesdin).

I - Me François Dincourt, receveur des décimes du diocèse d'Amiens [témoin, aïeul paternel, au mariage de Marie-Madeleine en 1709 (BN, Picardie 40, Langlois, V)], dont Pierre qui suit ;

II – Pierre, dont les armes parlantes seront enregistrées par D’Hozier en vertu de l’édit de 1696 : « Pierre d’Incourt, escuier, S. de Angart, portede gueules, à un daim saillant d’argent » (BN, microfilm 3486, p. 55 (n° 227) ; signalons qu’on note dans un manuscrit du père Daire : « Incourt, Pierre d’, m(archan)d à Amiens, ancien cons(eiller), S(ei)g(neu)r de Hangart et de Hanges?, … des titres de noblesse… Versailles, juin 1696 » [BMA, LES 79 E, p. 165 v°]), dont :

1°) Adrien, docteur en théologie en Sorbonne, prieur de St-Albin (en Arponval ??), omniprésent dans les actes religieux de sa sœur et de ses enfants [baptêmes de 1743 et 1747]

2°) Marie-Madeleine, épouse de Pierre I Langlois, seigneur de L’Etoile.

 

On trouve aussi des frères ou oncles présumés de Marie Madeleine : Jean-François Dincourt, écuyer sieur d’Hangard, dont la veuve était Marie Françoise de Sachy [baptême de 1743] ; Pierre Joseph Dincourt, seigneur de Fréchencourt (Canton de Villers-Bocage), époux de Marie Charlotte Lefort [baptême de 1747 et mariage Langlois de 1737].

 

Publication Ghislain Lancel.

Première publication, le 14 septembre 2015.

 

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