L'ETOILE ET SON HISTOIRE par Ghislain LANCEL |
Le château de L'Etoile, comme de tradition, comportait deux cours, la
cour d'honneur et la basse-cour. La première peut encore se deviner,
avec sa grille d'entrée subsistante donnant sur la Place du Luxembourg
et le château
qui se trouvait en alignement de cette grille au fond du parc. La seconde cour
jouxtait la première,
au sud. Elle
était donc moins bien située, étant aux abords immédiats
des marais humides, mais sa disposition était la même, avec des
bâtiments agricoles et probablement un
ou plusieurs logements (dont un pour le fermier),
disposés dans le
prolongement du château (dépendances ouest). Une maison d'habitation
ancienne subsiste d'ailleurs encore à côté de constructions
neuves. Au centre de la cour, se trouvait le pigeonnier dont
il ne reste plus aujourd'hui que le rez-de-chaussée.
Ces deux cours étaient séparées par un très long
bâtiment, d'environ 30 mètres, la dépendance nord (que
l'on notera DPN, en abrégé),
celle-ci appelée dans les derniers temps "Le bâtiment
Lheureux". "La
maison Lheureux",
du nom du dernier occupant du "premier" étage de l'habitation
était située à
l'extrémité ouest du bâtiment et était
un peu plus élevée
que le reste de la construction avec en réalité une demi façade
de la hauteur des fenêtres et l'utilisation
des combles (ou un plancher surbaissé). Ce bâtiment complet,
avec à l'est les dépendances agricoles sans étage, mais
aménagées toutefois
de grandes fenêtres en chien assis dans la toiture, avait donc une orientation
perpendiculaire à
celle du château. Son prolongement se serait presque situé dans
l'alignement de l'actuelle maison d'hôtes Merchat. Son pignon, côté est,
sauvegardé ainsi que quelques mètres de murs aux deux extrémités,
termine encore au sud le mur où se
trouve la grille d'entrée
du château.
Voir aussi la carte postale couleur (de préférence à la loupe sur une vraie carte) CP 226 où le pignon est de la maison Lheureux est visible ainsi que la toiture d'ardoise de couleur bleue, à droite des dépendances ouest et du pigeonnier, ce dernier presque entièrement recouvert de lierre jusqu'à la base du toit.
Cette photographie sur plaque du village que l'on a pu dater de l'été 1921, ici recentrée sur le château, nous montre au premier plan l'aile nord du château, à l'arrière plan les marais, et, à gauche entre la petite tourelle du château et le grand pigeonnier, le long bâtiment des dépendances nord. On remarquera que l'ensemble des bâtiments est alors encore en bon état, avec toute la toiture encore fonctionnelle, et que les lierres n'ont pas encore recouvert les dépendances nord ni le pigeonnier. A la loupe, on ne distingue pas beaucoup mieux qu'à l'œil nu les quatre fenêtres et une porte qui semble toutefois d'un usage fréquent avec un accès marqué par la gauche. De ce côté nord du bâtiment il n'y a pas de chiens-assis dans la toiture. Curieusement on ne distingue pas, ou pas nettement, la partie "Maison Lheureux", pourtant légèrement surélevée par rapport au reste du bâtiment.
A ce jour (décembre 2007) ne restent plus du bâtiment dans son ensemble que le pignon du côté est (un pignon pour la maison neuve ayant été construit juste à côté en laissant un vide de 30 centimètres) et environ 3 mètres de murs à chacune des extrémités, côté est (près du chemin d'accès privé) et ouest (ancienne maison Lheureux à étage), naturellement sans les toitures anciennes.
Ce bâtiment est certainement très ancien, du moins pour sa partie la plus à l'est, mais les archives, qui ne différencient pas les dépendances, ne peuvent le prouver formellement. Au XIXe siècle, ce bâtiment est très nettement positionné, dans sa totalité, sur les plans napoléoniens de 1833. Par contre le plan de 1822 publié dans l'ouvrage de D'Allonville semble en exclure le bâtiment à étage, l'habitation dite L'Heureux, située à l'ouest. Le bâtiment semble par contre normalement schématisé dans sa totalité sur un plan de contrat d'assurance incendie, souscrit par Madame veuve Magnier-Desmarest, propriétaire à L’Etoile, en date du 12 février 1886 (pour une somme totale de 20200 francs). Le petit croquis joint au contrat mentionne qu'il se trouvait (en B) perpendiculairement à 20 mètres du château (soit seulement à environ 3 mètres de plus que dans la réalité). Le plus important est toutefois le descriptif : "2° Quatre mille francs, sur le bâtiment porté sous la lettre B, à usage d’écurie et habitation [...] Les caves et fondations des bâtiments sus désignés sont exclues de l’assurance jusqu’au niveau du sol". Il est donc certain que dès 1886 le bâtiment Lheureux était déjà habité (et probablement aussi le château en appartements meublés, ce qui aurait justifié cette prise d'assurance incendie pour une durée de 6 ans) [Archives privées, MP038].
Une famille Lheureux est bien connue, c'est celle de Paul Lheureux, demeurant à Longpré-les-Corps-Saints, qui publia entre 1904 et 1906, de jolie cartes postales de L'Etoile. Mais c'est certainement Léopold Lheureux, tisseur né à Vieulaines (Fontaine-sur-Somme) qui a laissé son nom au bâtiment séparatif du château. Recensé à L'Etoile avec sa famille en 1906 rue d'Amiens, il réapparaît seul en 1926, logé au château (certainement dans les appartements meublés), et en 1931 rue St-Martin (probablement dans le bâtiment), âgé de 68 ans avec une jeune concubine et ses deux enfants.
Crédits photographiques : G. Lancel (dernière photo), J. Hérouart (l'étoile sur le pignon) et Paul Pecquet (autres photos).
Dernière mise à jour de cette page, le 18 décembre 2007.