L'ETOILE ET SON HISTOIRE par Ghislain LANCEL |
Le 3 octobre 1936, le docteur Eugène RICHARD, maire de L'Etoile, proposait au conseil municipal de doter la commune d’une distribution d’eau potable et s’engageait à créer en temps utile les ressources nécessaires à l’exécution des dits travaux.
Avant d’en arriver là, les Stelliens ne manquèrent pourtant jamais d’eau, ni comme boisson, ni pour les usages ménagers. Il faut toutefois distinguer les zones situées au niveau des marais de celles des coteaux et se souvenir que les aléas du temps firent disparaître bien des sources et des puits durant ces derniers siècles. Ainsi, du plus loin qu’il soit connu, du temps des romains, on rapporte cette légende du puits du Camp-César qui aurait servi à remonter l’eau apportée au bas dans des galeries situées au niveau des rues du village…
Pour ceux qui ne disposaient pas de puits il restait toujours la possibilité de se ravitailler aux sources. Dans les marais, on connaît en particulier la Cressonnière, source située dans l’Etang Carré, en bordure du chemin des Moulins-Bleus. Comme son nom l'indique, cet endroit était réputé pour son cresson, mais bien entendu aussi pour son eau qui était donc ruisselante et saine. Il est connu que jusque vers 1950 on y puisa de l’eau, en particulier par les familles des Moulins-Bleus.
Dans le village, la source plus utilisée était sans conteste la source du "bas" de la rue aux Sacs. Elle se trouvait donc au bout de la rue du Sac, dans sa partie la plus basse, c'est à dire à proximité des marais. Mais ce que l'on sait moins, c'est qu'elle se trouvait à l’intérieur d'une cave privée, la cave située à l’arrière de la dernière habitation de la rue. Cette cave jouxtait directement la ruelle Fringuette. Il suffisait d’ouvrir une petite porte pour se ravitailler (Voir les femmes à gauche, devant la porte, sur la carte postale complète CP 69). De nombreux habitants appréciaient cette source, allant même jusqu’à prétendre que son eau avait une certaine vertu curative ! Aussi cette eau était encore utilisée bien après l’adduction d’eau dans la commune et même jusque au début des années 60 ! Etant enfant, raconte J. Hérouart, j’y suis personnellement allé, envoyé par ma mère. Quant à Marius Pecquet, il se souvient des conseils du Docteur Richard qui la recommandait aux tuberculeux, dans les années 1936/40. Il ajoute que le débit était de 6000 litres à l’heure et que sa température était de 4 degrés, en été comme en hiver ! Aujourd’hui cette source est toujours active, mais afin d’éviter des intrusions, le propriétaire a condamné la porte. L’eau se déverse donc dorénavant vers les marécages par un tuyau d’évacuation. Celui-ci a encore été remplacé par les soins de la commune en 1998.
Pour une grande partie du village la nappe phréatique se trouve si peu éloignée du sol que de nombreuses familles disposaient de leur puits personnel. Il en est ainsi rue des Ergonnes, rue aux Sacs, rue du Pont, Rue saint Martin et rue de Long. D’après les anciens il y avait d’ailleurs des puits pratiquement partout. Afin de déterminer l’emplacement idéal pour trouver de l’eau on faisait appel à un sourcier d’Hangest, village voisin. On dit d’ailleurs que ça n'a pas changé de nos jours ! En tous cas, actuellement, de nombreux puits ou pompes existent encore en divers endroits de la commune. Si ces puits ne sont plus utilisés, pour la plupart, toutefois l'on ne s'en sépare pas, leurs propriétaires leur redonnent vie comme objet d’ornement.
Au moins un puits fut creusé par les soins de la commune. On se souvient du "Puits communal", qui est probablement celui qui faisait l'objet des souhaits du maire pour l'école des filles en 1854. Il se trouvait entre cette ancienne école de la rue des Juifs (actuel bureau de poste) et la "Ferme Zénoble" du début de la rue Gaillarde (rue Godquin aujourd’hui). On dit aussi qu'il fut appelé ainsi parce qu’il se trouvait approximativement au centre du village, et pouvait donc subvenir aux besoins de tous les habitants [1].
Trois quarts de siècle plus tard, en 1926, le conseil municipal se voyait contraint d’acheter un corbillard hippomobile. La commune ne possédant pas de local pour le mettre à l'abri, elle n’eut pas d’autre solution que d’entrevoir une construction neuve. Se posait également le souci de trouver un terrain communal approprié. Comme deux autres puits se trouvaient alors à proximité, il fut décidé (en 1927) de supprimer le puits communal et d'y construire à la place un garage, que l’on appelle encore aujourd’hui "Le garage de la Poste" et qui porte encore la date de 1927 gravée au dessus de la porte. Il paraît que le puits n’a jamais été rebouché et qu’une dalle de béton le recouvre...
Concernant les deux autres puits à proximité, le premier se trouvait au milieu de la rue Gaillarde (Henri Godquin), presque au départ de la petite ruelle rejoignant le sentier aboutissant au vieux cimetière.
Quand au second puits il se trouvait contre un mur du presbytère, sur la droite du portail d’entrée. On le voit encore sur la carte postale CP 132 (recentrée ci-contre). La dame de droite semble d'ailleurs tenir un seau de sa main droite, où l'avoir posé à ses pieds. Protégé par un abri tout en briques avec une toiture pyramidale aussi en briques, ce puits comportait une porte d’accès en bois. Il servait naturellement au ravitaillement du presbytère, mais aussi aux habitants du quartier. Comme le presbytère, il datait certainement des années 1860 et aurait été démoli de même en 1954.
Dans les premiers temps, on tirait l'eau des puits avec un seau attaché à une solide corde. Vers 1900 un appelé Adonis Demontigny, né en 1875, menuisier de son état, s’installa à L’Etoile avec un ouvrier prénommé Robert. A la même époque un frère d’Adonis, dont on a oublié le prénom, mécanicien de son état, venait s’installer à Condé Folie. Adonis n’aura qu’un seul fils, Paul (qui ira à l’école primaire avec Max Lejeune), et qui prendra la relève de son père. Les deux frères aux métiers complémentaires de manquèrent pas de travail à L’Etoile ni dans les environs. On finira par les appeler, "Montigny d’bo" (de bois) le menuisier, et "Montigny d’fer" le mécanicien. On se souvient de leurs aménagements sur les puits. Sur la margelle, Adonis scellait deux montants face à face et complétait la construction par une charpente de toiture en V inversé. Il recouvrait ensuite cette toiture de tuiles. Intervenait alors son frère qui fixait un palier sur chaque montant, ces paliers recevant ensuite le cylindre sur lequel avait été enroulée auparavant une longue chaîne. Un seau était fixé à demeure au bout de cette chaîne et servait à remplir les récipients. Naturellement une énorme manivelle métallique permettait de faire tourner le cylindre et de remonter à moindre effort le lourd seau rempli d'eau. Et c’est ainsi que l’on assista à la modernisation de presque tous les puits communaux ainsi que de pratiquement tous ceux des particuliers.
Dans le secteur des cités ouvrières, entre 1920 et 1922, soucieuse d’assurer le bien être de ses ouvriers à proximité de l’usine des Moulins Bleus, la direction Saint Frères fit ériger un énorme portique métallique. Celui-ci, d’une hauteur d’environ 9 mètres, positionné à proximité du logement du concierge, supportait deux cuves. A cet endroit de la commune la nappe phréatique se trouve à moins de 2 mètres de profondeur, c'est dire qu'il fut facile d'alimenter ces deux réservoirs par une pompe immergée au bas de ces cuves. Voir les cartes postales CP 93, CP 100 (extrait recentré ci-dessous), CP 184, etc.
Plusieurs fontaines en fonte, alimentées par ces deux réservoirs, furent installées tout le long de la Cité des Moulins Bleus, en bordure des jardins, côté usine. Pas besoin de pomper, il suffisait de tirer la poignée centrale pour que l'eau coule, et à beau débit !
L'une était à proximité immédiate de l’usine. La suivante se situait au niveau du mur nord de séparation entre la Coopérative la Prévoyance et la cour de l’école primaire. Venait ensuite celle installée en face du N° 73, entre les deux logements de fonction des instituteurs. Elle est visible sur le DVD L'Etoile autrefois (photo ci-dessous avec femme en noir et fillette) et la carte postale CP 81 (ci-dessous, centrée à gauche du cheval). La quatrième pompe se situait en face du N° 93 (Carte postale CP 185, ci-dessous). La suivante se trouvait en face du N° 133. La sixième, dont le socle métallique cylindrique fixé sur un muret en briques a subsisté jusqu’en 1985, se trouvait face au N° 163 (photos couleur du socle, en avril 1970). La septième et dernière pompe de la rue des Moulins-Bleus se trouvait aux environs du N°183 (pas de photo). Elle était également utilisée par quelques habitations de la rue d’Amiens, dont le café.
Toutes ces fontaines étaient reliées aux cuves par un tuyau plomb de 6 cm de diamètre.
L'eau disponible rien qu'en traversant la rue et offerte à tous ceux de la Cité des Moulins-Bleus fit des jaloux ! Mais les autres cités se trouvaient trop éloignées des cuves pour bénéficier de ce service. Aussi, et afin de satisfaire l’ensemble du personnel de l’usine des Moulins-Bleus, les dirigeants de Saint-Frères firent donc creuser des puits dotés de pompes à bras pour les autres cités ouvrières.
Une pompe fut installée entre les deux groupes de cités de la rue Beldame. L’eau de ce puits avait la particularité d’être extrêmement fraîche. Or, ce n'était pas le cas pour l'eau de la rue des Moulins-Bleus puisqu'elle provenait des deux cuves de la cour de l’usine, exposées au plein soleil... L’on voyait donc de nombreuses personnes de la rue des Moulins-Bleus reprendre leurs vieilles habitudes d'aller chercher de l'eau assez loin, et ne pas hésiter à venir se ravitailler à la pompe de la rue Beldame !
Pour la Cité des 21 maisons, rue d'Amiens (actuelle rue Jules Verne), la pompe se trouvait encastrée dans le talus face au N° 213 (aujourd’hui n° 42). La pompe de la Cité des Prés (ou Cité Grenouille) avait été placée sur le trottoir de la première maison à proximité de la rue Saint-Martin. La pompe des deux Cités Ducrotoy se trouvait sur le trottoir nord entre les deux cités.
Et pour les 6 maisons de la petite Cité Saint Frères de la rue du Pont (numéros impairs du n° 3 au n° 13) un puits doté d’une pompe à bras fut mis à la disposition des ouvriers. On la devine, troisième maison de la cité à partir du carrefour, sur les cartes postales CP 19 (ci-contre) et CP 115 (et aussi CP 18, derrière la femme au corsage blanc, et CP 16, avec peut-être un enfant qui porte un seau). En face, le charcutier avait sa pompe personnelle dans sa cour. Ces sont ces deux dérisoires pompes qui servirent à tenter d'éteindre l'incendie de la maison de Marthe Levé.
Quant aux deux cités Anthime Gigaut et Victor Hugo (14 et 15 maisons), elles étaient alimentées chacune par une borne unique, en face de la neuvième maison (en partant de la rue St-Martin) pour la cité Gigaut, et en face de la dixième pour la cité Hugo.
Celle de la cité Gigaut a toute une histoire que nous raconte Charline Pecquet (épouse Chamu) : "Ma famille a demeuré Cité Neuve n° 1 (A. Gigaut), la neuf ou dixième maison en descendant. Celle-ci présentait la particularité d’avoir une pompe à eau à droite de l’entrée (Voir la carte postale CP 92). La pompe fut utilisée par tous les habitants jusqu’après la guerre. Ensuite les établissements Saint-Frères firent équiper toutes les maisons d’un point d’eau – un seul robinet – dans la pièce d’entrée. Heureusement la pompe ne fut pas enlevée, elle évita une catastrophe. En effet, lors de l’arrivée des camions qui amenaient les éléments des manèges pour une fête foraine, vers 1952/53, un chauffeur se trompa et tourna dans la rue qui dessert la cité. Les freins lâchèrent... selon ses dires, le conducteur préféra se diriger vers cette pompe afin de ne pas dévaler la rue… Nous étions en train de déjeuner dans la pièce d’entrée ! Notre frayeur fut grande …. la pompe nous évita le pire !"
Actuellement (en 2003) une borne à eau, rouge, est encore visible devant le numéro 29 de la rue Anthime Gigaut.
Les pompes à bras murales privées sont encore nombreuses à L'Etoile. En voici quelques-unes :
La dernière pompe (appartenant à Yvon Hérouart) fut longtemps utilisée : L’habitation où elle se trouve, 4 de la rue du Gal de Gaulle, était celle de Marius Devauchelle surnommé ch'Picardin, charron de son métier né en 1905 (et joueur de ballon au poing). Il effectuait le cerclage des roues de char, chariot ou autres. C’est Michel, le forgeron presque voisin, qui avait au préalable confectionné les cerceaux métalliques. La pose s’effectuait directement sur la route. La roue était posée sur des cales, pour compenser l’épaisseur du moyen et qu’ainsi elle soit bien stabilisée. A l'époque il y avait si peu de voiture entre la forge de Michel et la menuiserie de Marius que les 300mètres séparant les deux endroits ateliers ne gênaient pas. Michel arrivait avec son cerclage qu'il posait à plat à même le sol et qu'il chauffait à l'aide de deux chalumeaux. Le cerclage était légèrement plus petit en diamètre que la roue, et le but de la chauffe était seulement de faire se dilater la ferraille. Quand après une estimation, "au pif", Michel avait jugé que c'était suffisant, les deux hommes à l'aide de deux énormes pinces chacun, saisissaient le cerclage et tentaient de l'enfiler sur la roue. En cas d’échec, ils utilisaient d'énormes maillets en bois pour terminer le travail. Et c'est à ce moment là qu'intervenait la pompe de Marius. Sous l'effet de la chaleur la roue en bois dégageait une énorme fumée et il arrivait même que le bois prenne feu. Il y avait donc toujours 2 seaux d'eau prêts que l'on jetait immédiatement sur le foyer. Mais bien souvent le feu éteint, il reprenait 50 cm plus loin. Il fallait alors courir à la pompe, remplir promptement les seaux et revenir, toujours en courant, éteindre le nouvel embrasement. La pompe de Marius se trouvait contre le mur à gauche de sa porte d'entrée. Elle existe toujours mais, après les décès de Marius et de son épouse, elle a été déplacée de 3 à 4 mètres sur la gauche dans la pelouse. Elle n'est plus active mais les tuyaux existent encore (J. Hérouart).
Le château devait aussi avoir ses puits mais Marius Pecquet ne se souvient que de pompes à bras, une sur le petit côté sud du château et une autre appuyée sur le pigeonnier, côté nord.
Suite aux bombardements du 13 août 1944, Saint-Frères entreprend dès 1945 la réfection de ses bâtiments dévastés et en profite pour moderniser l’outil de travail, notamment en ce qui concerne ses métiers à tisser. La salle de tissage est ainsi remodelée de fond en comble.
Outre une innovation technique brevetée Saint-Frères consistant à installer des chargeurs de trame automatique sur ses métiers, ce qui évitait ainsi les nombreux arrêts nécessaires au rechargement manuel de trames neuves dans la navette, on assiste à une autre innovation, tout aussi importante, il s’agit de l’installation d’une station hygrométrique. Saint-Frères fait appel à la société Crépelle pour l’installation de compresseurs d’air et d'une imposante armoire de régulation de distribution d’eau. Celle-ci est asservie par une dizaine d’hygromètres installés en divers endroits de la salle de tissage. Cette nouvelle installation permet de générer une pulvérisation permanente de gouttelettes d’eau microscopiques, sous forme de brouillard, afin d’obtenir un taux d’humidité de l’air ambiant d’au moins 70 à 75%. Ce taux d’humidité permet ainsi d’obtenir un fil de jute moins sec, moins cassant, et donc beaucoup plus résistant lors de la fabrication de la toile. Par ce procédé était ainsi atténuées les nombreuses casses de fils, tant en chaîne qu’en trame ! Quand on sait que, pour certaines largeurs de la toile, il y a des milliers de fils parallèles, on comprend que cette installation puisse se justifier !
Mais ce système est très exigeant et nécessite de grandes quantités d'eau. Les 2 cuves d’eau alimentant les bornes des ouvriers de la rue des Moulins-Bleus, sont évidemment insuffisantes, pire, elles sont inutilisables par manque de pression stabilisée ! Et c’est ainsi que l’on voit surgir de terre, au fond de l'usine, entre les magasins et le mouillage, un nouveau château d’eau, en béton, réservé cette fois aux seuls besoins de l’usine (Voir les cartes postales CP 229 et CP 254 ) [2]. Le sommet du château d'eau culmine à 22 mètres. Le réservoir, également en béton, est d’une hauteur de près de 3,5 m et d’une contenance de 32 mètres-cube. Placé si haut, ce réservoir pouvait ainsi assurer une pression constante nécessaire à la régulation de la station d’hygrométrie, sans être tributaire des besoins irréguliers de la population [3].
Au niveau communal, en mars et avril 1937, un spécialiste en hydrogéologie appliquée était venu du Pas-de-Calais, assisté d’un radiesthésiste (sourcier !) Ils avaient prospecté en divers endroits de la commune, surtout sur les hauteurs, afin de trouver le meilleur endroit permettant de réaliser un forage et un captage garantissant les besoins en eau potable de la commune [4]. Le 3 juillet 1937 des travaux provisoires de captage donnaient des résultats satisfaisants.
Le conseil municipal prenait sa décision : "la construction définitive d’un réservoir, l’installation d’un groupe élévatoire, d’une canalisation et branchements. Ces canalisations seront en fonte à joints au plomb, soient en acier laminé à joints soudés à l’autogène et revêtement de jute asphalté".
Le site est choisi, au bout du vieux cimetière, a environ 50 mètres à l’est de la clôture de ce cimetière. Des travaux très importants sont mis en place. Le diamètre du forage provisoire est agrandi (jusqu'à environ 1,20/1,50 m). D’une profondeur de 35 mètres seules les pierres des premiers mètres du puits sont bétonnées afin d’assurer une stabilité au local technique et aux pompes. Le local, au sol carré mesurant environ 3 mètres de côté, est construit. Ce sont 2 pompes qui sont installées : l’une de 16 m3/heure et la seconde de 18 m3. Elles fonctionnent alternativement. Le local est doté de vannes, pouvant isoler l’une ou l’autre pompe, de compteurs et d’une installation électrique performante. En 1998 l'installation est dotée d’un automate programmé pour gérer la détection des fuites, le nombre d’heures de fonctionnement par tranche horaire, etc. Jusqu’en 2003 l’eau est distribuée sans aucun traitement, mais néanmoins avec analyses régulières effectuées par le laboratoire départemental. Le taux de nitrate atteint un seuil régulier, compris entre 20 et 25 mg /l, soit à peine la moitié du seuil à ne pas dépasser pour les personnes fragiles (50 mg/l). En 1957, le débit devenant insuffisant, le conseil décide le remplacement des deux pompes par deux modèles plus puissants, de 23 m3/h chacun. Au début des années 80, les pompes s’avèrent à nouveau insuffisantes. Cette fois elles sont remplacées par deux modèles différents, de 45 m3 et la 55 m3. Ces dernières sont toujours en activité (2008).
Une dizaine de mètres plus haut c'est le local des réservoirs qui est construit. Totalement invisible puisqu’il est entièrement encastré dans la colline accédant au Camp de César, il est recouvert de terre et assure ainsi une fraîcheur constante au local. Seule la porte d’accès est visible. Les réservoirs sont deux énormes cuves en béton d’une hauteur d’environ 3,50 m et d'un diamètre d’environ 9 mètres. La contenance maximum de chacune des cuves est de 210 m3, régulée par des flotteurs. Elles sont jumelées et alimentent simultanément toute la commune (ainsi que Bouchon). Un tuyau souterrain achemine l'eau en direction de la commune.
En réalité, il fallut attendre bien longtemps après les décisions de 1937 pour que l'eau arrive enfin dans chacune des maisons du village, la faute à la guerre ! Ce sont donc plusieurs années qui furent nécessaires au creusement des tranchées dans les rues, à la pose des canalisations en fonte asphaltée (d'un diamètre de 80 mm), ainsi qu'aux raccordements sollicités par les habitants. Les clauses des contrats et les tarifs ne sont fixés qu'en 1946 ! Voir un contrat.
Quelques dates donnent une idée de la lourdeur et de la complexité de ce dossier de l'aduction d'eau dans la commune :
Le 2 juillet 1938 un projet de distribution de gaz est aussi à l'ordre du jour du Conseil Municipal. Celui-ci prévoit la dépose de cette autre canalisation dans la même tranchée que celle prévue pour les canalisations d’eau, dont les travaux sont en cours (mais ce projet sera abandonné).
Le 13 mai 1939, le Conseil Municipal décide d’installer des compteurs d’eau sur les branchements du service des eaux. Le 1er juillet 1939, il désigne M. Robert Morvilletz, garde champêtre, comme encaisseur du service d’eau potable. A son départ en retraite il sera remplacé par M. Marceau Foucart.
Le 11 février 1940, le directeur de l’usine des Moulins-Bleus, sollicite la commune pour qu'elle alimente en eau ses deux chaudières. La quantité d'eau nécessaire annuellement est de l’ordre de 8 000 m3. Ces chaudières sont nécessaires pour assurer le chauffage des locaux mais également pour produire la vapeur alimentant la calandre (sorte d'énorme fer à repasser de plusieurs mètres de haut et de long). Parallèlement, il s’avère que les ouvriers délaissent de plus en plus les fontaines mises à leur service rue des Moulins-Bleus, du fait que l'été l'eau n'y est pas fraîche. Comme il est à penser que bientôt ces deux cuves n’auront plus d’utilité, St-Frères envisage donc lui aussi de se raccorder au réseau municipal. Le conseil accepte le principe, moyennant une somme de 5 000 francs, les travaux, les fournitures et l’installation du matériel nécessaire pour amener l’eau aux chaudières restant à la charge de l’usine. Il est aussi prévu que forfait communal est révisable annuellement (et susceptible d’augmentation, compte tenu des hausses possibles sur le prix du courant électrique et la main d’œuvre). Mais ce projet n’aboutira pas. Saint-Frères installe une cuve de 60 000 litres dans le sous-sol de la chaufferie, avec alimentation par deux pompes électriques placée à proximité. L’installation existe toujours (juillet 2007). Par contre les deux cuves seront rapidement rasées.
Le 12 mai 1951, le conseil s’engage à mettre à la disposition de la commune de Bouchon, pour son alimentation en eau potable, la quantité globale de 25 à 30 m3 par 24 heures (mais depuis le remplacement des pompes, cette clause de quantité est devenue obsolète !) L’eau fournie proviendra du captage de la commune et possèdera les mêmes qualités que celle distribuée aux habitants de L'Etoile. L’eau sera livrée en un point situé à l’extrémité de la route de Domart à la sortie de l’Etoile, à proximité de la ferme de la Grippe, au moyen d’une prise faite sur une canalisation de 80 mm. Un compteur ainsi qu’un clapet de retenue seront disposés dans un regard spécial de façon à ce que ce compteur soit facilement accessible pour le relevé mensuel.
Sources et remerciement. Page réalisée en grande partie d'après une idée et un texte de J. Hérouart. Remerciements à Thérèse Debruyker et Guy Bardoux. Sources : [1] Informations Thérèse BILHAUT-DEBRUYKER, née en 1904, décédée à l’âge de 94 ans. Elle tenait des renseignements de sa mère, Marie TOUZET, née en 1865 et décédée en 1946. Les parents de Marie ont d’abord habité rue du Pont, pour venir ensuite habiter la dernière maison à l’ouest rue des Juifs vers 1878/79 là où il y avait le puits dans la cour et le puits "communal" à proximité, côté est, près de l’école des filles. Thérèse est née et a habité la dernière maison rue aux Sacs, à l’emplacement de la source "miraculeuse" ! [2] Les vues des deux cartes postales CP 229 et CP 254 ont été prises après 1954 (présence des Castors). Sur quelques autres prises un peu avant guerre on ne voit pas le château d’eau en béton. [3] Archives prévisionnelles S.F., avant 1940. Ces travaux de modernisation du tissage et des métiers ont été effectivement réalisés en 1945 (Article de Maurice Lancel « Où en est la modernisation de nos usines ? » publié dans le journal interne « Les œuvres sociales Saint Frères ») Mais la station d’hygrométrie fut certainement mise en place un peu plus tard. La station fut conservée jusqu'à la fermeture de l’usine. C’était un appelé Raymond Verdeghem qui était chargé de l’entretien général et en particulier de déboucher les centaines de têtes d’où sortait le brouillard. Il se promenait dans le tissage avec son échelle à crochets, et il débouchait ces têtes à l’aide d’une aiguille très fine, comme une aiguille à coudre. [4] En mairie se trouvait un dossier de 5/6 pages avec les notes de l’hydrogéologue, ses recherches, un plan provisoire, etc. Concernant le niveau de la nappe d’eau elle fluctuait selon le temps. Lors d’une année de sécheresse on avait relevé l’eau à 7,80 m dans le puits.
Crédits photographiques. Les clichés sont de J. Hérouart, sauf mention et l'extrait du DVD (C. Décamps) et le château d'eau (Web, Base Mémoire).
Dernière mise à jour de cette page, le 22 décembre 2008.