| L'ETOILE ET SON HISTOIRE par Ghislain LANCEL |
Fondateur du prieuré de Moreaucourt, Aleaume I d'Amiens est présumé seigneur de l'emplacement de L'Etoile (Somme), du nom du château qu'il possède (bulle de Moreaucourt).
Voir : Armoiries d'Amiens
Après avoir encouru l'anathème au début de sa vie, Aleaume fonda le prieuré de Flixecourt en 1145, puis celui de Moreaucourt en 1146 (ou après 1150, selon des études récentes [Deaubonne, p. 3]). Il prit ensuite la route de la 2e croisade et ne fut pas des victimes, puisqu'il était de retour en 1150.
Aleaume I, seigneur de Flixecourt, Béthancourt, Varennes, Vignacourt, Flesselles [N, p. 90, 91], et autres lieux (voir ci-dessous), décéde le 21 juin 1176. Il est inhumé à Moreaucourt, actuellement commune de L'Etoile (voir ci-dessous), fils de Guy et de Mahaut (voir ci-dessus). Aleaume était de toute évidence seigneur de bien d’autres lieux que ceux cités ci-dessus, et nécessairement seigneur de L'Etoile, en tant que père de Dreux qui en sera possesseur. La bulle papale de Moreaucourt indique, dans le début de la liste des donations à ce prieuré, nombre de lieux proches du château que l’on dit de L’Etoile, aujourd’hui difficiles à situer, mais qui ne peuvent se rapporter qu’aux dotations faites par Aleaume : le Camp-Wadin ; Herchies ; Raimbecourt ; Hausta ; Bois-Riquier, etc.
Avant 1150, il avait épousé Ade [N, p. 90 – Deaubonne, p. 12, qui cite 78H01/2, charte de Thibaut, évêque d'Amiens, datée de l’année 1200], vivante en 1170 [DC, p. 530], de la famille de Fontaine [Moreaucourt, Intro., p. 28 (cartulaire de Dommartin)]. [On trouve aussi Aleaume, sous le prénon de Guy II, allié à Adde, fille de Thomas de Marles, dans Pic. 504]. Postérité [N, p. 93-95] :
1) Dreux I, qui suit ;
2) Pierre, cité en 1172 [N, p. 94] en 1178 (354/3), et en 1186 lors de la délimitation du comté d'Amiens « Dreux de Vignacourt, Pierre de Canaples, son frère » [Lat. 17758]. Il « donna à l'Hôtel-Dieu d'Amiens le fief de Renauval, situé entre Vaux et Flesselles, ce qui le fait considérer comme le premier fondateur de cet hôpital » (Jumel, p. 87). Il eut un fils Pierre décédé le 27 juillet 1214 à Bouvines dans l'armée de Philippe Auguste [N, p. 94 ; Ce Pierre, baron, est cité par Roger, Noblesse…, p. 110].
Mort et inhumation d'Aleaume. C'est à La Morlière, dans Recueil de Plusieurs Nobles publié en 1642, que l'on doit les premiers renseignements concernant l'inhumation à Moreaucourt d'Aleaume d'Amiens « seigneur de Flixecourt, Vinacourt, l'Estoille & autres terres à l'environ de ce prieuré [de Moreaucourt (...)] Là ce bon & grand seigneur gist dans l'Eglise quasi à fleur de terre, représenté en chevalier à l'antique sur sa tombe tout d'une pierre, soubs un petit arche pratiqué dans la muraille, du costé du Couvent à main droite » [p. 31]. Quatre ans plus tard une publication du Père Ignace reprend presque mot à mot cette révélation : Son tombeau est dans l'Eglise, quasi ... à main droite [Histoire Ecclésiale ..., p. 484]. Est-ce une copie ou un texte tiré d'une source identique ? En 1757, Daire écrit, sans justifier, qu'Aleaume est décédé le 21 juin 1176 [Hist. d'Amiens, t. 1 er, p. 36]. Un siècle plus tard, en 1876, l'abbé Jumel cite le P. Ignace, mais curieusement il donne bien plus de détails... : « les religieuses de Moreaucourt, pour témoigner leur reconnaissance au pieux fondateur de leur maison, réclamèrent avec instances et prières la dépouille mortelle d'Aleaume de Flixecourt et la déposèrent dans l'enceinte du couvent. Au xvi e siècle on voyait encore le tombeau d'Aleaume presqu'à fleur de terre ; il était tout d'une pierre et placé sous une petite arche pratiquée dans la muraille du couvent, à main droite. Suivant l'usage antique, Aleaume était représenté sur son tombeau en chevalier, revêtu d'une cotte d'armes et d'un surcot, tenant son épée et son bouclier, portant des jambières et des éperons. Ce tombeau fut profané en 1635 par les Espagnols, et le couvent dévasté » [Jumel, Flixecourt, p. 52]. On remarquera d'abord que La Morlière ne mentionne pas la profanation (son manuscrit d'origine était-il bien antérieur à la publication ?). D'autre part l'abbé Jumel place l'emplacement du tombeau dans le mur d'enceinte du Couvent (distinguant donc Eglise et église) ce qui est possible puisque les récentes fouilles de l'église par M. Cahon n'ont pas permis de retrouver la dalle.
Dans la bulle de 1177 (qui pourrait être motivée par le récent décès d'Aleaume), confirmant les donations au prieuré Moreaucourt, il est cité L'Etoile à deux reprises, pour un don de 2000 anguilles et pour la pêche sur la Nièvre. Bien que l'interprétation de l'acte soit délicate, ces dons et droits énumérés dans les débuts de la liste ne peuvent provenir que du fondateur, Aleaume, lequel n'est pourtant cité que presque secondairement dans un ensemble de donations. Mais les donations de la fin de l'acte sont attribuées nommément aux autres donateurs. Aleaume fut donc seigneur, non seulement de Flixecourt mais aussi de L'Etoile. Toutefois le terre d’accueil du prieuré pouvait très bien être alors un terroir distinct de celui de L’Etoile, peut-être tout simplement celui de Moreaucourt. On trouve d'ailleurs encore des mentions comme celles de Baudoin de Moreaucourt en 1210, Adam de Moreaucourt en 1220, et même Bernard qui renonce à un droit de terrage en face de l'Eglise en 1276 [D. Villevieille, p. 357, 359, 368].
Toutes les publications affirment pourtant la possession de L'Etoile par ce seigneur : "Aléaume III, seigneur de Flixecourt, Vignacourt, Lestoile, etc., était suzerain de Hugues de Salouel, seigneur dudit lieu, vicomte de Vers en 1144" (Notice sur Vers et Hébécourt - MSAP N°31 page 54). Hénocque le dit aussi, dès 1146 (t.3, p. 204, sans justifier).
Au début de sa vie il avait encouru l'anathème [N, p. 85, 89].
1144 : suzerain de Hugues de Salouel (voir ci-dessus)
1145 : Aleaume fonde le prieuré de Flixecourt [N, p. 88], et souhaite y accorder l'ensemble des dîmes de Flixecourt [Jumel, Flixecourt, p. 60]
1146 : Mû par le repentir il avait reconnu ses sacrilèges et indemnisé les monastères saccagés [N, p. 86]. Accord par les parents, avec son consentement, sur un droit de pêche pour le Chapitre [N, p. 89].
1146 : Fondation de Moreaucourt (voir ci-dessus).
1146 : Il prend la croix et se met en route en 1147 (2e croisade 1147-49). Il survit au désastre et était de retour avant 1150 [N, p. 90]. De Court dit seulement qu'il avait été sur le point de partir [p. 529].
1150 "Amiens. Aléaume d'Amiens, sire de Flexicourt, fit un accord avec l'abbaye de St-Lucien touchant tous les dons que Guy, son père, avoit fait à lad. abbaye [...], du consentement d'Ade sa femme, [...] vers l'an 1150. [...]" [Villevieille (Dom), p. 353/4].
1151 : Il est prêt à repartir pour la Terre Sainte [N, p. 91]. Il signe une charte avant son départ pour la Terre sainte (354/1). Mais en 1152 la mort de l'abbé Suger fit que la 3e croisade ne commença qu'en 1198 ! Aléaume prend encore le titre de princeps quartus civitatis Ambianensis (ADS, cart. de St-Jean, p. 29 et 30. – BMA, ms 781. Cart. de St-Jean, écriture du 13e siècle) [BSAP, t. 19, p. 703] Publié aussi par La Morlière, p. 57. On remarque l'emploi général de avunculi pour ses trois oncles.
1165/71 : Hugues de Salouel vend l'avouerie de Vers, du consentement d'Aleaume, seigneur de Flixecourt, ... L'Etoile [Josse qui cite Cart. du chap., dans MSAP, t. 31].
1168 (vers) Philippe d'Alsace, comte d'Amiens, et consorts souscrivent un règlement des droits sur la commune [DC, p. 529, 530, et N, p. 92, 93].
1176 : Inhumation à Moreaucourt (voir ci-dessus).
Noulens [N, p. ], très souvent cité pour les références auxquelles il renvoie, Dom Villevieille [DV, p. (puis article)], De Court [DC, p. ].
Publication Ghislain Lancel, d'après des recherches effectuées avant 2008 (avant l'accès aux puissants moyens informatiques actuels...)
Première publication, le 10 juin 2013. Dernière mise à jour de cette page, idem.