L'ETOILE ET SON HISTOIRE par Ghislain LANCEL |
Homme politique, Max Lejeune a fait une très longue carrière locale dans le département de la Somme comme maire d’Abbeville, conseiller général et régional, député et sénateur. Ses mandats se sont déroulés depuis l’époque du front populaire comme député en 1936 jusqu’en 1995 en tant que sénateur. Il a également été ministre de nombreuses fois sous la 4ème république.
Il ne sera pas question, dans ces quelques lignes, de retracer la vie et la carrière politique de Max Lejeune. L'ouvrage en deux tomes que Marc Binot lui consacre est la référence livresque incontournable tandis que de nombreux sites web font référence à Max Lejeune, l'homme politique. Sauf pour un petit résumé de sa carrière nationale, on s'est donc généralement limité à retracer l'existence et l'œuvre de l'ancien élève des Moulins-Bleus, aux voisinages de L'Etoile.
Max Marius Achille LEJEUNE est un homme politique français, né à Flesselles (Somme) le 19 février 1909, décédé le 23 novembre 1995 à Abbeville (inhumé à Longpré-les-Corps-Saints).
« Tcho Max », comme l'appelaient ses amis les plus proches, a vécu son enfance aux Moulins-Bleus, à proximité de l'école où ses parents Paul et Berthe furent instituteurs-directeurs entre 1910 et 1921. Max y est photographié à deux reprises, avec son frère aîné Michel, vers 1919, en tant qu'élève dans la classe de son père, et lors d'une photo de famille (devant le mur de l'école ?) avec leurs parents.
Max LEJEUNE fit de brillantes études au Lycée d’Amiens en qualité de boursier. Après avoir obtenu le baccalauréat, il poursuivit ses études à la Sorbonne et obtint une licence ès Lettres et un diplôme d’études supérieures en Histoire et Géographie.
Entré dans l’enseignement, il est secrétaire du groupe des étudiants socialistes de Paris.
Max LEJEUNE a été élu, le 3 mai 1936, député de la 1ère circonscription d’Abbeville. Candidat du parti socialiste SFIO. Dès son arrivée à la Chambre, Max LEJEUNE fut nommé membre de la commission d’Alsace-Lorraine, de la commission du commerce et de l’industrie, de celle du suffrage universel, puis de la commission de l’armée.
Benjamin du Palais Bourbon, il fut secrétaire d’âge en 1937. Il prend part à la discussion du projet de loi sur l’organisation professionnelle des rapports entre employeurs et employés par convention collective dans la profession agricole le 26 février 1937.
Lorsqu’ éclata la Guerre de 1939-1945, bien que parlementaire, Max LEJEUNE demande en 1939 à être affecté dans une unité combattante. Sous-lieutenant au 15ème Régiment d’Artillerie de forteresse, il fut fait prisonnier.
Max LEJEUNE n’a pas pris part au vote du 10 juillet 1940 attribuant les pleins pouvoirs au Maréchal PÉTAIN.
Max Lejeune avait passé une partie de son enfance à l'Ecole des Moulins-Bleus. Les stelliens ne l'ont pas oublié, et il n'oubliera pas non plus L'Etoile.
En décembre 1948, alors Secrétaire d' Etat aux forces armées, il n'hésite pas à effectuer le déplacement au petit village de L'Etoile pour honorer de sa présence l'inhumation de la dépouille de Robert Bellart, mort en captivité en Allemagne en 1944 : " Il y a quelques temps, on ramenait dans notre commune la dépouille mortelle de notre camarade Robert Bellard [...] Notre ami Max Lejeune avait tenu à être parmi ses anciens camarades de l'école primaire ; malgré sa lourde tâche ministérielle, dans une improvisation élevée, il dit la carrière de celui qu'on ramenait en terre natale, son intégrité, son honnêteté, et très ému il adressa des paroles de réconfort aux vieux parents dont la douleur se ravivait en cette circonstance. La Section Socialiste des Moulins-Bleus s'asocie aux condoléances... " [Coupure de journal du 06/12/48, document D. Lejeune].
Le 17 juillet 1949 est un grand jour pour L'Etoile, c'est celui de l'inauguration du nouveau pont, un pont en béton qui remplace enfin le pont provisoire en bois reconstruit dès la Libération après la destruction du pont que le Génie français avait fait sauter en 1940 en espérant retarder l'avancée des troupes allemandes. Max Lejeune, alors secrétaire d’Etat aux Forces Armées ; il inaugure le pont et le même jour remet la Croix de Guerre avec Palmes à la commune de L’Etoile. La Croix de guerre avait été décernée en novembre 1948 par Max lejeune, Secrétaire d'Etat à la Guerre, à 125 communes martyres de la Somme. : Airaines, Cagny, Le Bosquel et Longpré-les-Corps-Saints recevaient la plus haute distinction tandis que L'Etoile faisait l'objet d'une " citation à l'ordre du Régiment, comportant attribution de la Croix de Guerre avec étoile de bronze " [Coupure de journal du 20/12/48, document D. Lejeune].
Le 18 octobre 1953 Max Lejeune a l'occasion de revenir à L'Etoile. Ancien ministre, président du Conseil Général, c'est lui qui tranche le ruban symbolique de l'inauguration du premier groupe scolaire Jules Ferry, groupe scolaire malheureusement conçu avec un toit en béton beaucoup trop lourd...
Enfin, le dimanche 21 juillet 1991, ayant appris l'incendie de l'église survenu trois jours auparavant, il téléphone à J. Hérouart, adjoint délégué au maire de L'Etoile, pour lui faire part de son émotion et de sa tristesse. Il se propose d'intervenir si des problèmes financiers survenaient lors de la reconstruction, ou pour l'obtention de subventions.
On pourra lire ci-dessous deux extraits de l'ouvrage de Jean-Marc Binot, sur sa famille aux Moulins-Bleus et sur son attachement à Ck'katla, le Camp-César.
[Page 18] "Aux Moulins-Beus, avec leurs deux salaires, Paul et Berthe Lejeune ne vivent cependant pas dans l'opulence. Le traitement d'un instituteur chevronné (entre 2000 et 2500 francs en 1913) est inférieur à celui d'une jeune sous-lieutenant, celui d'un maître débutant vaut à peine celui d'un ouvrier. Avec ces salaires modestes, il leur faut tenir un certain rang, porter pour Paul costume quotidiennement, ce qui revient cher. Car être instituteur c'est bénéficier d'une position sociale, et souvent être le seul représentant de l'administration républicaine du village. Défenseur de la laïcité, l'ancien combattant n'en est pas moins tolérant. Sans doute est-il obligé de concéder à sa femme et à sa belle-mère, plus attentives à la religion ; en tout cas, il doit admettre que Michel et Max soient baptisés en mai 1919 à l'Etoile. Le jeune garçon va même prendre des leçons supplémentaires de latin chez l'abbé Colombier à Arrest. Max Lejeune est donc "privilégié" s'il s'agit de comparer sa position et son statut à celui de ses camarades de classe. Le paupérisme qui l'entoure servira sans doute de révélateur, mais il n'est pas le catalyseur. C'est ailleurs qu'il faut chercher afin d'expliquer son adhésion aux idées socialistes.
Suite à une nouvelle mutation, la famille Lejeune quitte Moulins-Bleus pour Saint-Léger-les-Domart qui se trouve à quelques kilomètres au nord-est [...]."
[P. 22] " La Somme devient aussi l'objet de ses études. Sur des carnets, il se plaît à dépeindre, lors de ses sorties ou ses retours dans la vallée de la Nièvre, les sites et les us et coutumes picards, et ébauche ses premiers travaux de géographie. Au hasard de ses promenades, il fixe sur le papier les ruines d'une ancienne léproserie près de Flixecourt, les marais du Catelet ou encore le camp César. « Demain soir, j'emprunterai la ligne d'Amiens à Abbeville et, avant d'arriver à Longpré-les-Corps-Saints, je regarderai, comme je le fais invariablement, à ma droite et je reverrai Ch'Katla et la vieille église de l'Etoile. Ck'katla, c'est ce qu'on désigne en français correct sous le nom de Camp César. Aujourd'hui un bois coupe l'espace circulaire à l'intérieur des remparts : de hautes et larges buttes de terres au sommet desquelles un sentier tortueux court à la place de l'ancien chemin de ronde (...) [sic]. Au flanc de ce camp romain sont accrochés un cimetière et son église basse, avec un clocher quadrangulaire qui, de son toit pointu, semble vouloir percer les cieux. Et ce cimetière, avec ses petites tombes et ses ifs funéraires, dominant la vallée, paraît vouloir rappeler aux vivants qu'ils sont mortels » ".
1936-1942 : Député de la Somme
1944-1945 : Délégué à l'Assemblée consultative provisoire
1945-1946 : Membre des deux assemblées constituantes
1945-1988 : Membre puis Président puis Président d'honneur du conseil général de la Somme
1946-1958 : Député socialiste de la Somme
1947 : Ministre des anciens combattants et des victimes de guerre du gouvernement Léon Blum (3) (du 16 décembre 1946 au 22 janvier 1947)
Voir 4ème République
1947-1948 : Vice-président de l'Assemblée Nationale
1947-1989 : Maire d'Abbeville
1948-1951 : Secrétaire d' Etat aux forces armées du
gouvernement Robert Schuman (1) (de novembre 1947 à juillet 1948), secrétaire
d'état aux forces armées des gouvernements
suivants :
* Henri Queuille (1) (de septembre 1948 à octobre 1949)
* Georges Bidault (2) (d’octobre 1949 à février 1950)
* Henri Queuille (3) (de mars à août 1951).
Voir Gouvernements de la 4ème République sous la Présidence de Vincent AURIOL
1954-1955 : Président de la commission de la défense nationale de l'Assemblée Nationale
1956-1957 : Secrétaire d'Etat aux Forces armées du gouvernement Guy Mollet (de février 1956 à juin 1957)
1957-1958 : Ministre du Sahara du gouvernement des gouvernements suivants :
* Maurice Bourgès-Maunoury (de juin à novembre 1957)
* Félix Gaillard (de novembre 1957 à mai 1958)
1958 : Ministre d'Etat du gouvernement Pierre Pflimlin (de mai à juin 1958)
1958-1959 : Ministre du Sahara du gouvernement Charles de Gaulle (3) (de juin 1958 à janvier 1959).
Voir Gouvernements de la 4ème République sous la Présidence de René COTY
1958-1977 : Député de la Somme
1967-1968 : Vice-président de l'Assemblée Nationale
1970-1971 : Vice-président de l'Assemblée Nationale
Membre de la SFIO puis du Parti socialiste, dont il ne partagea pas la ligne politique définie en 1971 au congrès d'Épinay. Refusant l'Union de la gauche, il se rapprocha du centre et du Mouvement réformateur, et fonda le 9 décembre 1973 le Mouvement démocrate socialiste, devenu le Parti social-démocrate (PSD) qui a été absorbé ensuite par l'UDF.
1973-1995 : Président-fondateur du mouvement démocrate socialiste de France devenu par la suite Parti Social Démocrate de France
1973 : Juge titulaire de la Haute Cour de justice
1974-1977 : Président du groupe des Réformateurs, des centristes et des démocrates sociaux de l'Assemblée nationale
1977-1995 : Sénateur de la Somme, inscrit au groupe de la Gauche Démocratique devenue en 1989 groupe du Rassemblement Démocratique et Européen
1978-1979 : Président du Conseil Régional de Picardie
Max LEJEUNE était membre du Comité directeur de l'Association "France-Israël".
N.B. Un fonds Max Lejeune a été créé aux Archives départementales de la Somme (37 J).
Remerciements à Daniel Costel (Biographie générale ; Sources : Wikipédia, extranet Sénat, Daniel Angelis ; Portrait photo : Sénat extranet ; photo des maires du canton de Bernaville), à Jacky Hérouart et à Danièle Lejeune, avec une mention particulière pour Jean-Marc Binot, pour son aimable autorisation à publier quelques extraits de son ouvrages (Max Lejeune, Tome 1 : L’enfant chéri du socialisme picard, 1909- 1955 : Tome 2 : Du ministre de la IVème au notable de la Vème, 1956- 1995 - Editions Martelle, mai 2002 et novembre 2003).
Dernière mise à jour de cette page, le 11 janvier 2008.