L'ETOILE ET SON HISTOIRE par Ghislain LANCEL | |||
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Le Camp-César de L'Etoile, dont la forme et les levées de terre sont bien visibles sur de nombreuses cartes postales (CP 358, CP 231), est une entité cadastrale bien délimitée que l'on peut appréhender sous divers aspects : Délimitation du Camp-César ; Historique du toponyme ; Le Camp César et le De Bello Gallico ; Le Camp-César, vu par l'abbé de Fontenu ; Le Camp-César "romain", par d'Allonville ; Le Camp-César "gaulois", par O. Vauvillé ; La motte castrale (petite enceinte) ; Les souterrains ; Le Camp-César et la préhistoire ; Le "menhir" du Camp-César ; Des fouilles à reprendre...
Les plus vieilles photos (1921 ?) ; Iconographie comparative et autres photos ; Bibliographie
Les plans
napoléoniens aquarellés de 1833 représentent magnifiquement le Camp de César, parcelle n° 720 de la Section B2, dite des Bois [un exemplaire en mairie, l'autre au Cadastre d'Amiens]. On y observe la présence d'une longue allée centrale partant du Podium Gaulois et ponctuée de 3 ronds-points d'où partent des allées dans 8 directions qui permettaient d'accéder à toutes les zones de ce camp. La forme de la parcelle est celle d'un ovale de dimensions environ 525 mètres (de grand axe) et 300 mètres (de petit axe), en incluant une couronne de près de 20 mètres de large qui en fait presque le tour complet, mais qui est cadastrée en deux numéros séparés, n° 719 et 721. La matrice cadastrale décrit alors le camp comme un bois d'une superficie de 9 ha 73 a 50 ca et la couronne comme formant un rideau de 2 ha 90 ca (soit près de 12 hectares au total) [39296/3]. Sur les plans de la fin du XVIIIe siècle, l'ensemble du camp avait déjà cette forme caractéristique et le même nom, parcelle n° 1455 (24 journaux 27 verges, "y compris le chemin planté d'arbres").
Il n'a pas été trouvé de mention de "Camp César" de L'Etoile avant 1644. Antérieurement ce site caractéristique semble avoir fait partie intégrante du domaine seigneurial et il fut donc transmis globalement sans dénomination particulière, ainsi que pour les autres terres qui n'étaient pas des fiefs. Toutefois, dans la Déclaration générale du dîmage de L'Étoile du 4 mars 1769, par la mention explicite des deux lieux-dits, on apprend qu'il s'appelait jadis le Catelet et que sa contenance était de 27 à 28 journaux (près de 12 ha), "13e canton...., vulguairement appellé Les Catelet, ou le Campt Cæsar" [ADS, G 2228, art. 238]. Cette correspondance étant assurée, on sait donc que c'est bien ce site qui portait aussi ce nom de Chatelet en 1626, mais il ne comptait que pour 16 journaux dîmés seulement [ADS, G 2222]. Le Camp-César fut délaissé par les héritiers du dernier seigneur de L'Etoile, par vente à la famille Saint, dans le premier quart du XXe siècle.
En 1644, le sieur Lenin (Le Nain), ingénieur de la province de Picardie sous Louis XIII, publie le Livre des plantz des passages, gays et chaussées de la rivière de Somme. L'ouvrage se compose de planches des bords de la Somme, décomposée en petits tronçons commentés. Pour L'Etoile, Lenin mentionne en légende de la lettre B, le Camp de César. [LENIN, Livre des plantz... ; BN, Picardie 77, f° 48 v°, et plan f° 49 (Voir le dossier La Somme canalisée)].
Dès lors l'engouement pour les Camps de César ne cessera de se croître. Moins de 30 ans plus tard, en marge de l'ouvrage imprimé de Claude Bendier, La défense des principales prérogatives de la ville [...] de S. Quentin (1671), on trouve une note, à propos du Camp des Romains de Vermandois : « Un ingénieur de la Province m'a dit qu'il en a visité plusieurs, & entre les autres, ceux de Pecquiny, de Létoille & de Dunc, sur la rivière de Somme : celuy du Mont Saint Eloy au dessus d'Arras, & celuy de Câteau Cambresy proche de Cambray. Il asseure de plus, que tous ces lieux, qu'il dit avoir recõnus pour vrays Camps des Romains, õt beaucoup de raport avec celuy de Vermand. [p. 46 et 47] » D. Grenier attribue à ce Lenain, la note de Bendier sur la reconnaissance des camps de Picquigny et de L'Etoile, [D. Grenier, Introduction... Picardie, p. 143]. Le sieur Lenain serait donc à l'origine de l'appellation de Camp de César de L'Etoile...
De nombreux auteurs ont tenté de justifier de l'existence du Camp romain de L'Etoile par la lecture des ouvrages de l'époque, encore faut-il respecter l'œuvre et non s'éloigner trop du texte, à la manière de P. Dubois : on apprend, dit-il « dans les “Commentaires de César”, dans le classique De Bello Gallico, en quelles année et saison, pour quelles troupes, les trois camps ont été créés : César rentrait, à l'automne de 54 (avant notre ère) d'une seconde expédition en Bretagne que nous appelons Angleterre : il s'établit à Samarobriva qui est Amiens ; prudemment il garde sous sa main les trois légions de Trebonius, de Quintus Cicero et de Crassus : l'une hiverne à Tirancourt, les autres à L'Etoile et Liercourt. Comment n'être pas satisfait par tant de précisions ? » [Le Progrès de la Somme (5 août 1933)].
Même si ces supputations sont plausibles, ne laissons pas croire que L'Etoile est cité dans le texte. Le passage concerné est le suivant : « Subductis navibus concilioque Gallorum Samarobrivae peracto, quod eo anno frumentum in Gallia propter siccitates angustius provenerat, coactus est aliter ac superioribus annis exercitum in hibernis collocare legionesque in plures civitates distribuere. Ex quibus unam in Morinos ducendam Gaio Fabio legato dedit, alteram in Nervios Quinto Ciceroni, tertiam in Esubios Lucio Roscio; quartam in Remis cum Tito Labieno in confinio Treverorum hiemare iussit. Tres in Belgis collocavit: eis Marcum Crassum quaestorem et Lucium Munatium Plancum et Gaium Trebonium legatos praefecit. Vnam legionem, quam proxime trans Padum conscripserat, et cohortes V in Eburones, quorum pars maxima est inter Mosam ac Rhenum, qui sub imperio Ambiorigis et Catuvolci erant, misit. Eis militibus Quintum Titurium Sabinum et Lucium Aurunculeium Cottam legatos praeesse iussit. Ad hunc modum distributis legionibus facillime inopiae frumentariae sese mederi posse existimavit. Atque harum tamen omnium legionum hiberna praeter eam, quam Lucio Roscio im pacatissimam et quietissimam partem ducendam dederat, milibus passuum centum continebantur. Ipse interea, quoad legiones collocatas munitaque hiberna cognovisset, in Gallia morari constituit [Livre V, XXIV] ». Ce vénérable document se traduit, au plus près du texte, par : « Quand il eut fait mettre les navires à sec et tenu à Samarobriva l'assemblée de la Gaule, comme la récolte de cette année avait été peu abondante à cause de la sécheresse, il fut obligé d'établir les quartiers d'hiver de l'armée autrement que les années précédentes, et de distribuer les légions dans diverses contrées. Il en envoya une chez les Morins, sous les ordres du lieutenant C. Fabius ; une autre chez les Nerviens, sous le commandement de Q. Cicéron ; une troisième chez les Esuvii, sous celui de L. Roscius ; une quatrième, avec T. Labiénus, chez les Rèmes, près des frontières des Trévires ; il en plaça trois chez les Belges, et mit à leur tête M. Crassus, son questeur, L. Munatius Plancus et C. Trébonius, ses lieutenants. La légion qu'il avait récemment levée au-delà du Pô et cinq cohortes furent envoyées chez les Éburons, dont le pays, situé en grande partie entre la Meuse et le Rhin, était gouverné par Ambiorix et Catuvolcos. César ordonna que ces soldats soient placés sous les ordres des légats Q. Titurius Sabinus et L. Aurunculéius Cotta. En distribuant les légions de cette manière, il espérait pouvoir remédier facilement à la disette des vivres ; et cependant tous ces quartiers d'hiver (excepté celui que devait occuper L. Roscius, dans la partie la plus paisible et la plus tranquille de la Gaule), étaient contenus dans un espace de cent mille pas. César résolut de rester dans le pays, jusqu'à ce qu'il eût vu les légions établies et leurs quartiers fortifiés. [Traduction : http://bcs.fltr.ucl.ac.be/CAES/BGV.html] ». Roger Agache signale une bien meilleure étude, par Christian Goudineau, professeur au Collège de France, qui classe résolument le cite de L'Etoile dans les sites... gaulois.
Disons le tout de suite, s'il ne fait guère de doute que des militaires romains furent cantonnés un temps au Camp-César de L'Etoile, par contre les fouilles des siècles passés n'ont guère apporté d'informations spectaculaires et les zones plantées, cultivées ou fouillées aux siècles précédents ont malheureusement perdu une partie de leur potentiel révélateur. Reste que tout n'est pas perdu, comme en témoigne l'archéologie aérienne.
De M. l'abbé de Fontenu, auteur des Dissertations sur les Camp de César, en date du 21 mai 1734, l'histoire n'a retenu, concernant L'Etoile, que son plan irréaliste – mais c'était le premier –, plan souvent repris, et parfois à nouveau dénaturé, ce que n'excuse pas la beauté du magnifique exemplaire couleur ci-contre... [BM Abb., Collection Delignières de St Amand, Tome III, Pl. 124, et aquarelle]. Si l'on en juge par ces représentations où les erreurs abondent (église avec un transept et abside à l'est, orientation des points cardinaux très approximative, entrée du camp très mal située, levée de terre exagérément large, etc.), l'abbé n'a effectué aucune fouille sur place, il s'est contenté d'une très rapide visite !
La lecture de sa dissertation sur le Camp César de L'Etoile, bien que développée sur près de cinq pages, ne nous renseigne guère plus que son plan : le camp est ovale, mesurant 1300 pieds de long sur 800 de large, et il n'y a aucun lieu de douter que ce camp était jadis entouré d'un fossé, puisque creuser un fossé et utiliser la terre pour un remblai était le premier ouvrage du soldat romain arrivant pour camper... ; ce poste n'étant qu'à 5 lieues d'Amiens, il est donc très probable que c'était l'un des trois postes des quartiers d'hiver de César ! [Mémoires de Littérature..., T. XIII, p. 410 à 414 avec planche (BMA, Les. 5651)].
Jusqu'en 1828 et la publication de d'Allonville, le Camp-César ne fut attribué qu'aux romains, et même parfois à Jules César en personne ! Rappelons toutefois que cet éperon dominant la vallée de la Somme ne doit rien à personne, il est naturel. Le fait de savoir si ce site est romain ou pas ne concerne que l'occupation du site et surtout ses aménagements, constitués de diverses levées de terre et des fossés qui l'entourent, et d'une porte d'entrée. Le petit enclos sud (motte castrale) est particulier, mais il fut longtemps inclus sans distinction dans la grande enceinte.
Après l'abbé de Fontenu, c'est au tour de l'ancien Préfet de la Somme, M. le comte Louis d'Allonville, de proposer en 1828 une publication générale sur les camps romains du département, Dissertation sur les camps romains du département de la Somme, avec leur description. L'auteur ne semble pas non plus avoir passé beaucoup de temps sur place, il n'y est venu que le 9 octobre 1822, mais il y a fait relever un plan précis par des géomètres (au 1/5000) et a eu le mérite de s'entretenir avec le propriétaire, M. Jourdain de Prouville, un passionné d'archéologie, maire du village. Celui-ci, fils de l'ancien seigneur du lieu, portera à la connaissance de l'ancien préfet les découvertes faites par son père lors de ses chantiers (Moulins-Bleus) et de ses travaux agricoles (plantations), avec de nombreux objets archéologiques mis à jour (casques, épées, monnaies romaines, etc.) et une saine et réfléchie préoccupation du passé de ces lieux (anciens quais, tracé du cours primitif de la Somme qui passait jadis beaucoup plus près du Camp-César, souterrain présumé, etc.)
Suite à cet entretien, M. de Prouville prend même à sa charge de faire effectuer les premières vraies fouilles scientifiques du camp, en deux endroits des remparts, l'un au niveau de la porte et l'autre dans le prolongement de l'allée centrale (les deux H du plan). Selon ses observations, ces levées sont constituées, depuis le socle calcaire en moellons jusqu'au sommet, d'un pied de terre (le pied valant ici 32,43 cm), de 18 pouces (48 cm) de silex, de 4 pouces (10 cm) de terre, de plusieurs pieds (au moins un mètre) de moellons calcaires et enfin de 8 pouces (22 cm) de terre. Recherchant alors la provenance de ces "plusieurs pieds" de calcaire, il fait creuser une tranchée de 25 mètres de long à l'extérieur du camp, zone alors nivelée, et découvre bien vite que ce calcaire provient d'un premier fossé de 8 mètres de large (L du plan) creusé en partie dans le socle calcaire et profond au total de 4 mètres (soit 10 mètres entre le bas de ce fossé et le sommet du rempart). Suit un espace laissé plat, large aussi de 8 mètres (M du plan), et enfin un second fossé, également de 8 mètres de large (N du plan) et profond de 2 mètres. Non seulement M. de Prouville confirme son pressentiment sur l'origine des moellons de construction du rempart, mais il nous apporte enfin la preuve de l'existence d'un système de défense du camp, avec sa description. A signaler qu'il ajoutait déjà une remarque sur les variations de développement des cultures qui serait fort appréciée de nos jours avec l'archéologie aérienne : Cette terre-ci [entre les deux fossés], qui n'est plus que du moellon recouvert de quelques pouces de terre, est à peu près stérile, tandis que la surface des terres des deux anciens fossés est d'une fertilité extraordinaire ! (p. 42)
Le mobilier trouvé dans les fouilles de M. de Prouville fut très pauvre : quelques ossements dans les remparts (H et H), deux ossements aussi au fond du fossé extérieur (N), et pour le premier fossé (L), quelques ossements, deux morceaux de céramique, et un morceau de pierre "qui paraît avoir été taillé, au fond" ! (p. 44.) Rappelons que, plus encore que l'auteur, l'on a maintenant pris du recul avec les ramassages de surface !
Le reste de la dissertation n'a que peu d'intérêt. Pour information, signalons que les trente pages consacrées à L'Etoile dans l'ouvrage de d'Allonville (p. 37 à 67) commencent par une présentation du camp, sommaire mais enfin correcte : l'enceinte est petite, avec une superficie qui n’est que de 9 ha 49 a 43 ca à l'intérieur, allant jusqu'à 15 ha 87 a 30 ca en incluant l'ensemble des aménagements de l'extérieur ; l'entrée du camp est située à l'est et elle est protégée par deux mamelons. L'Auteur reproduit ensuite le précieux rapport de M. de Prouville, en date du 15 novembre 1822 (p. 39 à 45). Il termine sa dissertation par un long et classique essai d'interprétation de la Guerre des Gaules, où il conjecture que le Camp de L'Etoile était l'un des trois camps d'hiver de César, et que ses navires remontèrent la Somme jusqu'à L'Etoile où ils étaient hissé jusqu'à terre. Une planche avec le précieux plan est annexée à l'exposé.
En 1832, la Chorographie, un ouvrage anonyme attribué à M. Ledieu père, est la première publication à mettre en doute l'origine romaine du camp de L'Etoile et à évoquer "une époque beaucoup plus reculée". Mais il faudra attendre 1893 et les fouilles de O. Vauvillé pour que l'opinion bascule dans ce camp contraire, sûrement un peu trop vite, et attribue à ce camp une origine gauloise...
C'est en 1893 que O. Vauvillé publie ses Notes sur quelques enceintes anciennes... Pour L'Etoile, on dispose donc de ses écrits et d'un plan composé de 4 figures portant des lettres. Maîtriser l'ensemble du document est un peu délicat, car les mêmes lettres A, B, C... utilisées dans les diverses figures ne correspondent qu'au texte et non à un même emplacement sur le terrain... Il importe donc de bien lire au préalable si l'auteur mentionne la figure 1 (plan général), la figure 2 (coupe et fouille suivant les lettres DD' du plan 1, près de l'entrée), la figure 3 (coupe et fouille suivant BE, dans le prolongement de l'allée principale), ou la figure 4 (coupe dans la petite enceinte). Les coupes DD' et BE sont voisines de celles de M. de Prouville, surtout la seconde, et l'on retrouve donc le même profil mis à jour : un rempart (A des fig. 2 et 3) suivi d'un fossé (C), d'une section plate (D) et d'un second fossé (E). Les nouveautés concernent la présomption d'un petit remblai entre les deux fossés, et, mais seulement pour la coupe à proximité de l'entrée, d'une troisième levée après le second fossé, levée qui aurait donc eu pour fonction de cacher cette entrée. Les autres légères différences concernent les largeurs et profondeurs, mais on comprend qu'elles puisse être différentes suivant l'endroit de la coupe. Concernant le premier rempart, il n'y a pas de comparaison possible avec d'Allonville puisque Vauvillé n'y a pas fait de fouilles par une coupe.
Alors, qu'est-ce qui fait affirmer que ce site est gaulois ? C'est le mobilier retrouvé dans les fossés et sur les talus ! En voici la liste :
"Dans le fossé C, fig. 2, trois grossières poteries gauloises et deux silex taillés, trouvés de 70 centimères à 1 mètre de profondeur.
Dans le fossé E [fig. 2], à la profondeur de 0m80, une poterie ; à 1m20, deux poteries gauloises et un silex taillé. Ce fossé paraît avoir été rempli avec les levées de craie qui existaient de chaque côté.
Le fossé E, fig. 3, qui parait avoir été rempli graduellement par les eaux, est celui qui a fourni la série la plus intéressante aux profondeurs suivantes : à 0m40 un liard de Louis XIV ; à 0m70, une lame de silex ; à 0m80 une poterie blanche, moyen-âge (?) ; à 0m90 une poterie grise avec ornement, moyen-âge ; à 1 mètre, une poterie noircie par le feu, une poterie grise avec gros grains, une poterie rose ; à 1m10 une poterie rouge ; à 1m15 un bord de vase mérovingien ; à 1m20 une poterie gallo-romaine, une lame de silex ; à 1m40 une poterie presque blanche à gros grain, genre d'amphore du pays, une poterie noire genre gallo-romain ; à 1m50 une poterie idem, une poterie presque blanche ; à 1m90 une poterie gauloise reposant dans un foyer, sur la craie naturelle, dans lequel on a trouvé des cendres et des charbons de bois, des ossements brisés et calcinés et des scories de fer.
[...] Des fouilles faites de chaque côté de l'entrée de l'enceinte en J et K, fig. 1, ont fait découvrir sur le revers intérieur du rempart, sur la craie rapportée pour former l'ouvrage, 41 poteries gauloises de pâte très grossière et quelques silex taillés."
On est quand même assez surpris que ces objets, qui ne proviennent que de terres jadis déplacées par l'homme pour constituer des remblais ou qui se sont retrouvées naturellement au fond des fossés extérieurs au camp à la suite d'éboulis, terres ou voisinent les objets les plus disparates comme une poterie gallo-romaine et une lame de silex, aient été l'argument décisif ayant servi à contrecarrer le comte d'Allonville et à déclarer ce camp gaulois ! Ne peut-on pas penser que le camp – et son entourage – furent occupés de tout temps ?
On connaît l'existence de mottes castrales (nom actualisé des mottes féodales) à partir du IXe ou du Xe siècle. Il s'agit souvent d'un château en bois, perché sur une motte de terre entourée d'un large et profond fossé, dont l'accès se faisait par un pont. Une basse-cour attenante, prémisse de village, était elle aussi entourée et fortifiée par un fossé palissadé.
La motte castrale de L'Etoile, que l'on a longtemps confondue à tord avec un camp prétorien (romain), daterait du XIe ou XIIe siècle. Elle était encore visible récemment sur les cartes postales, derrière l'église, avant que des arbres ne cachent cette butte au sommet de laquelle se trouve le puits [Voir CP 145 et CP 257]. La motte mesure 30 mètres sur 20 et se situe à l'extrémité sud de la grande enceinte du Camp-César.
Sa position est bien caractéristique par rapport au relief, et surtout par rapport à l'enceinte ovale, exactement comme à Cramont. Les levées de terre de ce grand camp ovale auraient marqué la délimitation de la basse-cour castrale attenante. Mais il n'y a eu aucune fouille scientifique moderne et la datation en est donc très aléatoire [R. Agache].
La motte castrale devrait toutefois avoir perdu bien vite ses prérogatives, avant 1177, puisqu'à cette date la bulle papale de confirmation des donations au prieuré de Moreaucourt semble faire référence à un château implanté en lieu humide, in censu aquae de castello quae Stella vocatur. Cependant la référence peut concerner un don de 2000 anguilles à prendre dans des marais et non à proximité immédiate du château comme s'il s'agissait de ses douves, ou encore il peut être envisagé l'existence simultanée de deux châteaux voisins. Plus vraisemblable est encore de penser qu'au XIIe siècle il ne subsitait plus sur cette motte qu'une tour, Turellum, qui serait celle citée dans le Cartulaire I du chapitre d'Amiens (acte 153) [4 G 2966, f° 122]. Par contre les ruines ont perduré très longtemps, ainsi qu'en témoignait confusément le R.P. Ignace en 1646 : "Et au haut de la montagne de l'Estoille il y avoit comme une forteresse, où logeoient (comme on conjecture) quelques soldats Romains, commis pour recevoir les tributs tant des navires que de ceux du pays. On voit encore quelques vieilles mazures de cette forteresse..."
D'Allonville (1822) ne porte pas particulièrement attention à ce qui est alors appelé le Camp prétorien, autrement dit camp de l’empereur, donc intégralement romain, et il estime que le puits était suffisant pour les besoins de l'unique légion que pouvait contenir ce petit camp. Par contre il note que ce qui pourrait être considéré comme une entrée (au début de l'allée principale), n'est pas de la même époque : "Je soupçonne qu'elle aura été pratiqué très-long-temps après la fondation du camp" (p. 39).
Mais le doute s'installe rapidement. C'est ce que l'on observe en consultant les deux exemplaires des plans napoléoniens (1833), qui hésitent sur la dénomination, romaine ou gauloise ! L'exemplaire du cadastre, appelle cet enclos le "Camp-Prétorien", mais au crayon, on peut lire à côté PODIUM GAULOIS ! Quant à l'exemplaire de la mairie il ne retient que Podium Gaulois !
Si les conclusions de Vauvillé (1893) sont critiquables en ce qui concerne la grande enceinte du Camp-César de L'Etoile, par contre son étude de la petite enceinte est riche d'enseignement, et cette fois il a raison de ne plus y voir un Camp prétorien comme le prétendait d'Allonville. On doit à Vauvillé les premières fouilles scientifiques de cette petite enceinte. Il confirme d'abord la forme ovale, d'environ 30 mètres sur 20 mètres et la présence du puits de 33 mètres de profondeur. Au préalable, il avait fouillé une habitation à proximité : "Ayant découvert, sur le sol des talus, quelques poteries gauloises vers le point L, une fouille fut ouverte un peu plus loin en M, à l'endroit d'une habitation remontant au moins à l'époque gauloise. Les dimensions de cette habitation n'ont pas été fixées exactement ; mais, fouillée à une profondeur variant de 80 centimètres à 1 mètre, suivant la pente du sol, sur 1m20 de largeur et 2 mètres de longueur, on a trouvé, au milieu de cendres et charbons de bois, des ossements brisés de divers animaux, plus de 160 morceaux de très grossière poterie, dont une portant l'empreinte de doigts, des scories de fer et quelques silex taillés" [p. 13-14]. Concernant le puits il en donne une description précise : "L'examen de la maçonnerie du puits fait voir qu'elle est formée de pierres bien taillées ; ces pierres sont d'un plus gros appareil que celles de l'époque gallo-romaine. Du côté est du puits, dans la direction de la grande allée du bois de la grande enceinte, il manque une assise de pierres à environ 2 mètres au-dessous du niveau actuel du sol ; ceci paraît indiquer que, de ce côté, il existait une porte donnant sur le puits, par laquelle on venait puiser de l'eau." Pour les environs, il note : "Trois fouilles faites près du puits, l'une au sud et deux vers l'est, dans la direction de la grande allée (N, B, fig. 1), ont permis de constater, jusqu'à la profondeur de 1m50 au-dessous du sol actuel de l'enceinte, qu'il existe des amas de débris de pierre de construction dans lesquels on a trouvé beaucoup de fragments de tuiles et de faîtières du moyen-âge. la tradition dit qu'il a existé là une tour [... trois autres fouilles permirent de retrouver de semblables tuiles dans la plateforme en contrebas sud et de prendre le profil du fossé vers l'allée principale avec 20 m 80 d'ouverture et 4 m 19 de profondeur...]"
Sa conclusion est catégorique : "Les nombreux fragments de tuiles et de faîtières, caractéristiques du moyen-âge, trouvées dans les diverses fouilles, permettent d'affirmer que la formation de la petite enceinte de L'Etoile, de même que la maçonnerie du puits et la construction voisine, sont de cette dernière époque."
En 1924, on voit apparaître l'expression de château à motte (féodale), dans une publication du collège de Bailleul, à Oxford. Il s'agit d'une étude des châteaux de la région de son fondateur français. Pour L'Etoile, on relève : "À l'extrémité nord [lire : sud] du plateau sur lequel s'élève l'oppidum gaulois se trouve la motte de l'ancien château-fort du Xe ou XIe siècle, muni encore de son puits. Un fossé profond et bien taillé l'entoure, mais on ne voit aucune trace de basse-cour" [Le Sueur, BSEA (1925-28)]
Cette basse-cour, Roger Agache pense l'avoir localisée en l'identifiant avec la levée de terre de la grande enceinte (flèche blanche de la photo ci-dessus : emplacement de la motte castrale ; flèches noires : levées de terre de l'oppidum qui ont probablement délimité la basse-cour castrale au Moyen-Age ; croix : les deux anciens monticules placés en chicanes devant l'entrée du camp [Photo et commentaires R. Agache]). Remarquons que les actes anciens de 1626 et 1769, on l'a vu, associaient déjà le Catelet ou Castelet (petit camp) à toute la grande enceinte, et non seulement à la petite enceinte.
On peut facilement trouver de multiples raisons à l'existence de souterrains, de cavités ou carrières dans le sous-sol calcaire de L'Etoile : tradition régionale des muches (souterrains-refuges), invasion par les normands au IXe siècle, accès ou sortie de secours pour la motte castrale, ravages lors de la guerre de 1635/1636 par les espagnols, ou encore écuries romaines ! Il fallait bien aussi avoir extrait des blocs de pierre pour construire l'église, le château et les murs d'enceintes, et aussi extraire le calcaire destiné à alimenter les fours à chaux. Des causes réelles de leur creusement et de la datation, on ne sait rien ; par contre l'existence de souterrains (du moins de tronçons) est une certitude.
Voyons d'abord ce que rapporte la tradition. A ce sujet, d'Allonville transcrit les écrits de M. de Prouville (15 novembre 1822) concernant une tradition orale "relativement à des souterrains communiquant avec le puits du camp prétorien [sic], qui régnaient dans la direction du nord-est, sous tout le camp et jusqu'au bois de l'Etoile, et dans lesquels les habitans du pays prétendent que les Romains avaient leurs écuries". Il s'agit bien sûr du Camp-César et du bois situés à près de 2 km au nord. L'auteur a joute en note de bas de page : "Cette tradition, toute absurde qu'elle doit paraître, repose cependant sur un fait que rapporte aussi M. de Prouville, savoir, le bruit souterrain, révélant peut-être l'existence d'une ancienne carrière, que produit le pas d'un cheval, dans la grande allée (A), qui va du sud-ouest au nord-est." [D'allonville, p. 45].
Connaissance volontairement non divulguée ou oubli réel, il faut attendre le début du XXe siècle pour trouver un premier écrit mentionnant les souterrains. Récompense, un plan y est joint ! Il s'agit d'un cahier de Bienaimé, "Exploration des souterrains du département de la Somme", commencé en 1911 : " L'Étoile. Carrière d'extraction de 60 m de long, située sous le camp romain. L'entrée se trouve au milieu du rideau, à l'ouest du camp, sur le bord de la route de Domart. En deux endroits, la voûte est plus élevée en forme de dôme de 6 m de haut. Il y a d'énorme blocs de pierre. " [BMA, Ms 2016].
L'entrée en est maintenant obstruée. Mais de son vivant, Pierre Chevalier, né en 1920 à L'Etoile et n'ayant jamais quitté son village, me l'avait située dans les éboulis du Camp-César, au milieu de la carrière abandonnée de la route D 216, au-dessus de trois grosses pierres, à environ 5 mètres de hauteur au-dessus du niveau de la chaussée. Il se souvenait : " A l'âge de 10 à 12 ans nous avons joué quelquefois dans l'entrée de cette galerie qui se trouve bien au-dessus du niveau de la route du Général Leclerc, dans le sens perpendiculaire à la route. Après avoir parcouru quelques mètres on rencontre un éboulement venant probablement de la voûte qui empêche d'aller plus loin, et comme nous étions munis d'une bougie, celle-ci s'est soudain éteinte. L'accès au couloir de droite, qui conduit à la bouche d'aération [le puits] est assez difficile, pour parvenir à cette cheminée. Il fallait s'y introduire à plat ventre, moi-même je ne m'y suis pas aventuré. Ce souterrain qui avait été ré-ouvert en 1939 pour servir d'abri à la population n'a pas beaucoup servi, les combats de 1940 n'ayant heureusement pas duré très longtemps; il a été refermé après le 8 mai 1945. Quant au souterrain de la rue du 8 mai, il n'a guère été occupé davantage. Comme tu l'as aussi remarqué un pare-éclats en briques a été édifié à l'entrée. Il n'accédait plus à la bouche d'aération. La voie a été barrée aussi par un mur en briques pour que les enfants ne puissent y accéder. " Guy Bardoux précise que c'est à Mr Albert Sellier, instituteur en retraite demeurant à L'Etoile, que l'on doit l'initiative de la réouverture de ce souterrain en 1940.
Voir aussi Souterrains.
Après n'avoir envisagé le Camp-César de L'Etoile que comme romain, puis que comme étant d'origine gauloise ou antérieure, sauf la petite enceinte positionnée au moyen-âge, l'on en arriva tout naturellement à opter pour une occupation régulière du site depuis la préhistoire...
En 1968, Robert Fossier, après Duval et Wheeler, s'accordent à voir dans le simple éperon de L'Etoile, un poste de guet, occupé bien avant l'arrivée de César et dont l'origine semble préceltique, naturellement réutilisé ultérieurement. Selon Fossier, cette butte paraît avoir servi de "poste-frontière" sur cette voie essentielle de circulation qu'est la Somme. Christophe Cloquier (Amiénois, de l'Ecole des chartes) est de cet avis : la raison de cet oppidum est le gué à l’emplacement de la Cauchie (Pont de la route de L'Etoile à Condé-Folie) qu’il fallait surveiller.
Aujourd'hui, bien que l'on ne sache toujours pas avec certitude s'il faut rendre à César ce qui appartient à César dans les aménagements du camp, l'on ne peut plus douter d'une occupation du camp et de son voisinage à toutes les époques, un vaste camp néolithique a d'ailleurs été décelé non loin de là (Lieu-dit La Justice). Quant au mobilier retrouvé Vauvillé et quelques autres, il couvre toutes les périodes ; il suffit pour s'en persuader de reprendre la liste (de Vauvillé, complétée) et de la classer, dans la mesure du possible ...
Paléothique : un morceau de pierre qui paraît avoir été taillé (D'Allonville, avec réserves), deux silex taillés, un silex taillé, une lame de silex, une lame de silex, quelques silex taillés.
Néolithique : coin ou hache celtique en silex, trouvé près du camp en 1815 (hache subtilement polie, si l'on s'en réfère à la représentation). Mais la prudence s'impose pour un objet pouvant provenir d'un ramassage de surface...
Bronze (?) : Casque bombes en bronze, trouvés près du Camp de L'Etoile, en 1854.
La Tène (?) : une poterie gauloise reposant dans un foyer, sur la craie naturelle, dans lequel on a trouvé des cendres et des charbons de bois, des ossements brisés et calcinés et des scories de fer.
Gaulois et gallo-romain : trois grossières poteries gauloises, deux poteries gauloises, une poterie gallo-romaine, une poterie noire genre gallo-romain ; une poterie idem, 41 poteries gauloises de pâte très grossière (et probablement des pièces d'or romaine en assez grand nombre !)
Moyen-Age : une poterie blanche du moyen-âge (?), une poterie grise avec ornement du moyen-âge, un bord de vase mérovingien, des tuiles et faîtières. Le "menhir", en fait une borne seigneuriale qui n'aurait eu de fonction qu'à partir du Moyen-Age.
Récent : un liard de Louis XIV.
Divers : quelques ossements, deux morceaux de céramique (D'Allonville), au milieu de cendres et charbons de bois, des ossements brisés de divers animaux, plus de 160 morceaux de très grossière poterie, dont une portant l'empreinte de doigts, des scories de fer et quelques silex taillés (dans la petite habitation fouillée par Vauvillé), une poterie, une poterie noircie par le feu, une poterie grise avec gros grains, une poterie rose, une poterie rouge, une poterie presque blanche à gros grain du genre amphore du pays, une poterie presque blanche, et aussi des casques, fers de lance, etc.
Un bloc parallélépipédique en grès, ou borne, mesurant environ 120 cm de hauteur et d'un poids de 300 kg, se trouve sur la levée de terre, chemin de ronde, qui délimite le Camp de César, à une vingtaine de mètres au nord de la porte, elle même située au nord-est. Il était enfoncé de 50 cm avec son « bec » tourné vers l'est. Il fut récemment basculé et se trouve maintenant en contrebas, à l'intérieur du camp (voir photo ci-contre).
Il a été suggéré que ce bloc provenait certainement de la carrière de grès de Vignacourt, peut-être même d'une réutilisation des pierres de cette allée ouverte du néolithique récent, trouvée lors de la réalisation de l'autoroute A 16 à l'est de la Chaussée-Tirancourt (entre St-Sauveur et St-Vaast) et dont les orthostats furent couchés ou enlevés suivant un rite de condamnation des sépultures saturées [Site de St-Vaast, mi-avril 1995]. Mais Roger Agache est formel, ce mégalithe n'est pas un menhir, c'est typiquement une borne seigneuriale, de grande taille mais borne quand même, comme on en trouve dans d'autres villages de la Somme (Prouzel). L'histoire locale de L'Etoile ne témoigne pas en ce lieu d'un terroir particulier, mais cette borne a pu être re-déplacée ou même ne servir qu'à une délimitation mineure entre terre seigneuriale et terres en tenures.
Aucun ouvrage ancien ne signale cette pierre en tant que mégalithe. La carte des grès de la Somme en encart de la publication de E. Heren ne le mentionne pas [MSAP, t. 36, 1910].
On peut toutefois deviner indirectement la présence de ce bloc de grès dès 1807, sur la carte d'assemblage du Plan géométrique de L'Etoile. En tant que point central du territoire, il rayonne en effet de ses nombreuses lignes de visées trigonométriques... [ADS, 3P 940].
C'est vers 1835 que l'on en trouve une première mention explicite, dans un compte-rendu de voyage de Edouard Lambert de Beaulieu : "D’une grosse borne en gré placée dans un endroit élevé du Camp dit de César, on découvre, lorsque le ciel est clair, la belle flèche de la cathédrale d'Amiens" [SAP, CB 15, p. 155.]
Son histoire récente oscille entre basculement et redressement : un soir de 1955 " le mégalithe dégringola de l'étroit chemin de ronde. Des jeunes gens, en quête d'un « exploit » avaient uni leurs forces pour l'ébranler et le basculer en contrebas, à l'intérieur du camp... " [Le Courrier Picard du 12 octobre 1962]. En 1959, des jeunes qui installèrent une Auberge de la Jeunesse dans l'ancienne mairie-école, retrouvèrent la grosse pierre dans la hêtraie à une cinquantaine de mètres de son emplacement primitif. Ils se documentèrent auprès de M. Maurice Crampon, membre de l'Académie d'Amiens, spécialiste de l'histoire et du folklore picard, lequel possédait de plus une photographie prise avant guerre. En 1961 il fut rapproché par les Ajistes au bas du talus, puis, après qu'il fut à nouveau retrouvé 50 mètres plus au nord, il retrouva enfin sa place et son orientation un dimanche de 1962 [Le Courrier Picard du 12 octobre 1962]. Des félicitations sont aussi adressées par la Société des Antiquaires de Picardie : "Menhir de l'Etoile. Ce menhir renversé par des vandales a été remis en place par une équipe d'Eclaireurs de France à qui une lettre de félicitations a été adressée. Il y a lieu aussi de féliciter notre collègue M. Crampon pour la grande part qu'il a prise à cette restauration" [BSAP de 1962]. Mais en octobre 1991, le "menhir" était à nouveau couché, dans la partie boisée du Camp...
Et pour finir, un mythe qui se perd, l'attribution à ce mégalithe d'un rôle bénéfique aux jeunes filles..., ou aux jeunes mariés : " Ne disait-on pas, à L'Étoile et aux alentours, qu'il était d'un discret secours aux jouvencelles ? Quand celles-ci parvenaient à grimper sur la pierre et, ainsi juchées, à apercevoir la flèche de la Cathédrale d'Amiens, elles savaient qu'elles étaient bonnes à marier... " [Courrier Picard du 12 octobre 1962]. Une variante m'en fut encore contée en 1990 : "La légende voulait que les jeunes mariés s'y retrouvent. Pour peu qu'ils puissent apercevoir, au delà des sept clochers qui dominent la région, la majestueuse flèche de la cathédrale d'Amiens, ils assuraient leur union d'un bonheur éternel..."
Incontestablement les romains ont séjourné à L'Etoile ; les trésors monétaires et les armes fortuitement découverts, les exploitations agricoles et temple repérés par la prospection aérienne, le prouvent. Mais même si les photographies hivernales aériennes de R. Agache prouvent qu'une entrée du dit Camp-César a été aménagée, il manque des fouilles scientifiques modernes pour préciser nos connaissances. Par exemple, ces levées de terres qui entourent une très grande partie du camp et qui ont résisté à l'usure du temps, ces levées qui impressionnaient tant nos ancêtres qu'elles figurent avec une largeur démesurée sur le plan de Fontenu, n'ont été fouillées qu'une seule fois et en un seul endroit en 1822, sans trouver de poutres. Ces levées sont-elles quand même des "murus gallicus", des remblais typiquement romains formés de terre et de pierrailles tassées dans des coffrages constitués de poutres verticales et horizontales solidarisées par d'énormes clous ou par des fiches métalliques ? Ces levées sont-elles à rendre à César ou à attribuer aux gaulois ? On reste aussi dans l'incertitude à propos de la motte castrale et des souterrains !
Le site du Camp-César de L'Etoile est classé Monument Historique depuis 1862. Mais son histoire est encore en attente...
Des questions... (des idées, à creuser !!!)
Crédit photographique : J. Hérouart (le puits, fevrier 2008)
Dernière mise à jour de cette page, le 6 juillet 2008.
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