L'ETOILE ET SON HISTOIRE par Ghislain LANCEL
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Ste Elizabeth de Hongrie (V 8)

     Vitrail et baie n° 8. La baie est de forme romane, très légèrement arquée en ogive (0,90 m X 1,50 m). La restauration de ce vitrail dédié à Ste Elizabeth de Hongrie date de 1948, même date que pour le précédent. Il est d’ailleurs entouré d'une bordure et d'entrelacs identiques à ceux du vitrail n° 7 et caractéristiques du style de Jules Dreptin. Mais la partie centrale est à nouveau une récupération (d’un travail probablement réalisé vers 1880, selon les observations de M. Claude Barre). La sainte est représentée debout, devant un fond en trompe-l’œil semblable à ceux déjà rencontrés avec les premiers vitraux (mais de couleur pourpre et marron). La tête est auréolée d'une couronne dorée posée sur voile blanc. Sainte Elizabeth est habillée d'une robe de couleur mauve recouverte d'une cape bleue relevée de la main gauche pour former une poche où se trouvent des roses. Au bas est l'inscription Ste ELIZABETH de Hongrie.

      S’il est acquis que cette partie centrale ne date que de la fin du xixe s., on peut par contre se demander si elle ne serait pas la copie d’un vitrail beaucoup plus ancien. En effet rien ne viendrait justifier la présence de cette sainte à L’Etoile si ce n’est que Sainte Elizabeth fut la patronne d’Ysabeau d’Ailly, laquelle avait apporté par mariage la seigneurie de L’Etoile à son époux Jean de Mailly. Pour preuve de l’attachement d’Ysabeau à sa patronne on connaît le très bel oratoire qui les représente encore toutes deux sur la façade de l’église de Mailly (Somme), et qui fut très certainement réalisé durant son veuvage. Alors, ne peut-on imaginer qu’elle ait aussi offert à l’église (primitive) de L’Etoile un vitrail en l’honneur de Ste-Elisabeth ?

     Pour une fois, les épisodes des démarches entreprises pour la restauration de ce huitième vitrail sont bien connus ; le journal La Croix de Picardie de 1948 en relate les épisodes sous la plume du très entreprenant abbé Pont !

     Le 7 mars 1948 le prêtre annonce une kermesse qui se déroulera le dimanche 13 juin, au profit de la restauration de l'église de L'Etoile : « Il faut sauver nos églises de Picardie ! ». Le 14 mars, l'abbé se fait plus précis :

« Notre merci, à ceux qui auront aidé dans la restauration de l'église, se traduira par un magnifique vitrail évoquant le miracle des roses de Sainte Elizabeth, reine de Hongrie.

1207-1231, époque de nos monastères !... Un jour que la reine descendait par un sentier très rude portant dans son manteau du pain, de la viande, des œufs et autres aliments destinés aux pauvres, elle se trouva tout à coup en face de son mari. Etonné de la voir ainsi ployant sous le poids de son fardeau – Voyons ce que vous portez lui dit-il. En même temps il ouvre le manteau qu'elle tenait serré contre sa poitrine. Mais, il n'y avait plus que des roses blanches et rouges... Or, ce n'était plus la saison des fleurs !

Puisse ce rappel historique inciter les lectrices portant le si joli prénom d'Elizabeth à joindre leur modeste offrande, si elles le peuvent.

Merci. Abbé Pont. Condé-Folie (Somme). Chèques postal 27145. Lille. »

 

     On le voit l'abbé Pont avait aussi les pieds sur terre ! Monsieur l'abbé reprendra sa plume dans l'édition du 30 mai : « Dimanche prochain 13 juin, à 14 heures, kermesse-vente de charité, au profit de la restauration complète de l'église ». Il développe ensuite son propos sur le coût important que représente l'entretien d'une église. Et de conclure :

« Vous ne pouvez pas venir, dites-vous ! D'accord. Envoyez-nous alors la valeur de quelques billets de liquidation (25 francs). Merci. » Le 20 juin 1948, il remercie, visiblement satisfait : « Grâce à votre sens chrétien, une église de plus est sauvée en notre beau diocèse d'Amiens. Dans quelques semaines, nous vous parlerons de cette belle après-midi en préparation, pour l'inauguration officielle et la bénédiction des vitraux. Leur valeur artistique n'échappe à personne. C'est dire que nous voulons exprimer au maître-verrier M. Dreptin, de Flixecourt, notre religieuse reconnaissance. Voilà du beau travail... Merci. A bientôt. »

     Curieusement les journaux ne relatent pas l'inauguration ! L'évêque aurait-il trouvé les méthodes de l'abbé un peu trop mercantiles ? 

    La famille Dreptin détient en archives privées l'avis de réception par Monsieur l'abbé Pont de " Fourniture et réparations de vitraux de l'église ", en date du 12 juin 1948, avec l'observation " Absent au départ, voir extrait du journal La Croix de Picardie "et encart joint du journal du 20 juin.

     Un an plus tard... on trouve mention de la bénédiction, édition du 20 mai 1949, à propos du pèlerinage du dimanche du 29 mai à Notre-Dame de Miséricorde : « Son excellence [Mgr Droulers] s'arrêtera à L'Etoile, à 15 heures, pour bénir la restauration des vitraux et la plaque des morts de la guerre. »

 

 

Ste Elisabeth

Photo apportée en juin 2006 à J. Hérouart (prise vers 1992)

 
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